L’église des Grands-Carmes est située dans le 2e arrondissement de Marseille à la place du même nom qui se trouve entre les places Jules-Guesde et Sadi-Carnot , sur une butte à laquelle elle a donné son nom. Elle a été classée Monument historique par arrêté du 20 janvier 1983.
L'église se trouve au sommet de la butte des Carmes, une des trois buttes avec celles de Saint-Laurent et des Moulins, qui étaient situées à l'intérieur des remparts hellénistiques (200 - 49 av. J.C.) et qui ont subi l'assaut des troupes de Jules César. Des fouilles ont été entreprises de 1981 à 1985 et ont confirmé une occupation très ancienne dès le VIe siècle av. J.-C..
L’extérieur de l’église n’offre rien de remarquable à l’exception de son curieux clocher carré à la base mais octogonal pour sa partie supérieure, qui se voit de loin. Cette partie octogonale n’est pas d’origine car elle résulte d’une transformation : le clocher était primitivement de plan carré de la base au sommet et ce n’est qu’à cause du mauvais état des angles à l’étage supérieur qu’on dut se résoudre à cette transformation.
La façade est intéressante avec une rosace au dessous de laquelle se trouve dans une niche une statue de la Vierge du Mont Carmel qui pourrait être d’origine soit du milieu du XVIIe siècle. Sous cette niche s’ouvre la seule porte de la façade dans un bel encadrement à bossage caractéristique du milieu du XVIIe siècle. De chaque coté de la rosace on remarque une étroite fenêtre en arc brisé surmonté d’une mince moulure.
Le plan de l’église est d’une grande simplicité avec une nef unique voûtée en plein cintre ouvrant sur dix chapelles latérales.
Le maître autel est en bois doré sculpté en 1733 d’abord par Antoine Duparc puis par un artiste polonais Jean Gottlieb Courlaffski ; les têtes de chérubins sont d’Antoine Duparc. Le baldaquin a été remplacé en 1874 par un grand ciborium avec des colonnes et des montants dorés.
Dans l’ancien chœur, de belles boiseries en noyer sculptées au début du XVIIIe siècle par Albert Duparc, père d’Antoine Duparc, encadraient huit toiles de Michel Serre représentant le cycle de la vie de la Vierge : naissance de la Vierge, immaculée conception, annonciation, visitation de la Vierge, adoration des bergers, adoration des mages, présentation au temple et vision de la Vierge. Cet ensemble exceptionnel qui constitue un des rares exemples de la collaboration entre Michel Serre et Antoine Duparc, était considéré au XVIIIe siècle comme une des curiosités de Marseille (Voyage de M. de La Roque, 1783, p. 245). Ces stalles et leurs tableaux ont d’ailleurs été présentés au palais des Arts lors de l’Exposition coloniale de Marseille tenue au Parc Chanot en 1922.
Une partie des stalles et boiseries ainsi que des tableaux de Michel Serre a été replacée contre le nouveau mur du chevet, le reste a été transféré au musée du Vieux Marseille. Malheureusement lors du bombardement de 1944 qui a atteint le musée, les toiles de l’Annonciation et de la Visitation ont été détruites. Seules sont encore visibles dans l’église les toiles, malheureusement en très mauvais état, représentant l’immaculée conception, la naissance de la Vierge, l’adoration des bergers et l’adoration des mages.
Les boiseries représentant des médaillons figurant les prophètes Élie et Élisée ou des saints comme Marie-Madeleine de Pazzi reconnaissable à sa couronne d’épines. Cette dernière figure est d’ailleurs proche d’une toile de Michel Serre ce qui confirme bien que cet artiste a travaillé en collaboration avec Albert Duparc.
Sculpture d'Albert Duparc | Sculpture d'Albert Duparc | Sculpture d'Albert Duparc | Tête de Marie-Madeleine de Pazzi |
Derrière l’autel se trouve un grand tableau (3.80 x 3.10 m.) de Michel Serre dans un cadre surmonté des armes de l’ordre des Carmes ; il a été sans doute commandé par une confrérie vers 1703 et était placé à l’origine dans le chœur aujourd’hui disparu et représente l’indulgence sabbatine. En effet les Carmes diffusèrent la dévotion à la Vierge qui avait remis à Simon Stock le scapulaire qui permet à tous ceux qui le portent d’obtenir le privilège de sortir du purgatoire le samedi suivant leur mort.
La chaire, œuvre d’art remarquable, est de l’école de Puget. L’ordre des Carmes considère le prophète Élie comme son fondateur et patron, car il a triomphé selon la Bible (Ier livre des rois) des faux dieux au Mont Carmel. C’est pour cela que trois panneaux de la chaire reproduisent l’histoire de ce prophète : le feu du ciel qui embrase le bûcher, le sacrifice, et le char de feu qui conduit Élie au ciel. Sur ce dernier panneau on remarque le manteau d’Élie qui tombe du char et qui est récupéré par son successeur le prophète Élisée.
Les chapelles latérales au nombre de dix, cinq de part et d’autre de la nef, sont richement décorées. Dans ces chapelles on trouve en allant de la porte d’entrée vers l’autel :
Chapelle des fonts baptismaux | Chapelle du Sacré Cœur | Chapelle de saint Joseph |