Une manière d'étudier un groupe G est de le représenter à l'aide d'un sous-groupe d'un groupe linéaire. Le cas le plus simple est celui où le corps de l'espace vectoriel est celui des nombres complexes. Certaines représentations sont particulièrement digne d'intérêt, on les appelle les représentations irréductibles, elles ne possèdent pas de sous-espaces stables par la représentation autre que l'espace entier et celui réduit au vecteur nul.
Le caractère d'une représentation est l'application qui à un élément du groupe associe la trace de son endomorphisme. Si la représentation φ est irréductible, son caractère χφ est de norme 1, pour la norme définie par le produit hermitien suivant, où g est le cardinal du groupe G :
Les caractères de deux représentations irréductibles non isomorphes sont orthogonaux et si χi désignent les différents caractères des représentations irréductibles et e l'élément neutre du groupe G, alors :
Un premier caractère irréductible est donné par la représentation triviale t dans un espace de dimension 1. À chaque élément de A4 cette représentation associe l'automorphisme identité, le caractère χt de cette représentation associe 1 à chaque élément du groupe A4.
On obtient une deuxième représentation φ par restriction de la représentation φ1 de S4 aux éléments de A4, en utilisant les notations de l'article Représentations du groupe symétrique d'indice quatre. Comme la valeur d'un caractère ne dépend pas du choix d'un élément pris dans une même classe de conjugaison, le caractère est défini par χφ(e) = 3, χφ(ab)(cd) = -1 et χφ(abc) = 0. Un calcul montre que la norme de cette représentation est égale à 1, elle est donc irréductible.
Il existe un morphisme de A4 dans le groupe cyclique d'ordre 3. Il existe deux représentations irréductibles du groupe cyclique d'ordre 3 qui sont toutes deux de dimension 1. La première associe j, la racine cubique de l'unité de partie imaginaire strictement positive, à un élément d'ordre 3 et la deuxième associe son conjugué à la même valeur.
L'égalité (1) montre qu'il n'existe pas d'autre représentation irréductible, à un isomorphisme près. En effet, 32 + 12 + 12 + 12 est égal à 12, l'ordre du groupe alterné de degré 4. On en déduit la table des caractères :
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Il existe une représentation de dimension 3. Elle est utilisée dans le paragraphe "Groupe des rotations du tétraèdre".
Les caractères du groupe alterné de degré 5 sont un peu plus délicats à déterminer que le cas précédent, même s'il est possible d'y parvenir sans utiliser une approche générique plus lourde. L'existence de 5 classes de conjugaison montre qu'il existe 5 représentations irréductibles. La table des caractères est la suivante :
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Les caractères de ces représentations sont tous réelles. Chacune de ces représentations s'incarne sur un espace vectoriel réel (cf Caractère d'une représentation d'un groupe fini). Cette remarque s'applique, en particulier, sur les représentations de dimension 3. Le paragraphe "Groupe des rotations du dodécaèdre" montre qu'une telle représentations correspond à un groupe de symétrie d'un solide de Platon.
Il n'existe pas de morphisme non trivial de A5 dans un groupe cyclique. En effet, le noyau d'un tel morphisme est un groupe distingué, c'est-à-dire soit l'élément neutre soit le groupe A5. Comme le groupe A5 n'est pas abélien, le morphisme ne peut être injectif et si le noyau n'est pas l'élément neutre, c'est le groupe entier. Cette remarque permet d'élucider rapidement la nature des représentations de degré 1 et 2.
Il existe autant de représentations irréductibles que de classes de conjugaison. Dans le cas de A5 il en existe 5. Avoir déterminer les représentations de degré 1 et 2 permet de calculer la dimension de chacune de ces représentations.