La théorie des singes se place dans le cadre des développements de la psychosociologie basée sur les travaux de Kurt Lewin.
Kurt Lewin a été longtemps professeur à l'Université Cornell, l'Université de l'Iowa et du Massachusetts Institute of Technology où il a mis au point ce qu'il a appelé la recherche-action, combinaison des ses recherches théoriques et des applications qu'il pouvait en faire auprès de ses étudiants, organisés en 'petits groupes', composés généralement de 6 à 12 personnes (panel qu'il considérait comme optimal pour ses exercices). D'autres ensuite ont suivi sa voie, Milgram en particulier, en organisant des expériences où les étudiants servaient de groupes tests.
Ce qui l'intéressait surtout était d'étudier ce qui se passait dans le groupe, comment il fonctionnait, la place de chaque individu, ses interactions et la façon dont il passait des transactions avec les autres, l'ensemble de ces phénomènes qui vont faire évoluer le groupe et qu'il a appelés la dynamique de groupe. On peut y voir ainsi les bases de ce qui deviendra dans les années 1970 l'analyse transactionnelle initiée par le médecin psychiatre américain Éric Berne.
Dans l'évolution qu'a connue ce concept depuis Kurt Lewin, il faut noter l'apport des notions de conduite d'un individu dans une situation donnée, ses réactions observables, regroupant les techniques de ce qu'on appelle le behaviorisme (de l'anglais behaviour : comportement) qui se donne pour objectif d'étudier les relations entre les stimuli et les réponses apportées par un sujet. Le rôle potentiel d'une personne dans ses relations aux autres dépend aussi de son statut, réel ou tel qu'il est vu par autrui; son approche est souvent réalisée à travers un outil de classification qu'on appelle la Grille de Mitchell.
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Dans le cours d'une séance de travail, beaucoup de phénomènes ressortent dont un nous intéresse plus particulièrement : quel est le niveau d'implication de tel individu dans le groupe ? Est-il prêt à participer au maximum ou a contrario, essaie-t-il par différents moyens de refiler à d'autres ce qui est normalement de son ressort : c'est cette transaction que l'on appelle « un singe ».
Il ne faut pas la confondre avec un autre transaction qu'on nomme communément « la patate chaude » où dans ce cas, la patate est aussi une représentation symbolique d'une interaction qui a la particularité d'être « une urgence » ou un dossier particulièrement ardu, délicat à résoudre, dont personne ne veut. C'est donc un domaine spécifique qui engendre des réactions limitées au problème soumis au groupe.
L'analyse transactionnelle met bien en exergue ce phénomène dans l'étape qu'elle nomme Les jeux psychologiques qui représente une étape nécessaire à l'amélioration du fonctionnement du groupe. Si cette théorie s'est ensuite répandue, c'est qu'elle pose une question fondamentale dans des contextes différents et que son application est assez large :
Nous retrouvons ici aussi la notion de jeux psychologiques et le problème de leur dépassement pour parvenir à une solution harmonieuse. On peut même dire que d'une façon générale, dès lors qu'il existe une relation et des transactions entre deux individus, la question d'un équilibre relationnel est posée et tout déséquilibre entraîne une mauvaise répartition « des singes » entre les participants.
Il faut aussi envisager une autre question, qui découle de la première, la gratification psychologique que chacun retire du niveau d'équilibre (ou de déséquilibre) atteint. Cette question est d'autant plus complexe qu'elle fait entrer dans son positionnement des éléments liés à la personnalité de chaque individu composant le groupe, de ses motivations à un moment ou à une période donnée de sa vie ainsi qu'à la forme de communication mise en œuvre dans le groupe (l'équipe ou le couple).
Sur ce point, voir Roger Mucchielli, Communication et réseaux de communication, Éditions ESF
Sur ce dernier point, voir en particulier :