Le Temps désarticulé - Définition

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La place du Temps désarticulé

  • Névrose, politique... : les lecteurs de Dick ont compris très tôt que le romancier créait des fictions paranoïaques pour entraîner les lecteurs dans les méandres d'un esprit perturbé, le sien, qu'il projetait dans l'esprit de ses personnages. Ce monde où l'on peut être surveillé par un Œil dans le ciel (titre d'un roman de 1957), c'est aussi celui de la politique : celui des mondes totalitaires, nazis, staliniens, qui interviennent souvent également dans ses récits. C'est aussi celui des États-Unis quand ils sont dirigés par des chef d'état autoritaires et haïs (voir le rôle attribué à Nixon dans divers romans de Dick). Dick appartient à la « génération radicale » qui a manifesté sur les campus universitaires contre la guerre du Viet Nam. Dans ce Temps désarticulé, on ne sait pas quelle est la structure politique qui « surveille » Ragle Gumm et sa famille, « sont-ils bons, sont-ils méchants » ? En tout cas cette structure politique est suspecte, et ce roman de 1959 est complètement représentatif de la période de la guerre froide entre les Américains et les Russes, avec la peur de la guerre atomique et de l'arrivée des missiles soviétiques.
  • ... et mysticisme : A ces éléments psycho-pathologiques (névrose paranoïaque) et politiques, s'ajoute un troisième terme dont bien des lecteurs de Dick n'ont pris que tardivement conscience, souvent au temps de La Trilogie divine (1976-1982) : la réflexion religieuse. Celle-ci est nourrie de lectures extrêmement variées, d'essais philosophiques, des textes chrétiens officiels ou hérétiques, de textes chinois, égyptiens, indiens, persans. Or, ce livre de 1959 prouve que cette méditation religieuse et philosophique était déjà active très tôt chez Dick et qu'il s'en servait pour écrire des romans profondément originaux où la perte de confiance dans la réalité du romancier était complètement prise en charge par la structure narrative du roman qui combinait astucieusement la folie, la politique et la mystique, en mêlant des histoires d'amours adultères, des opérations de commando et des discussions philosophiques.
  • Paranoïa et simulacre. Ragle Gumm déclare : « Parce que je suis le centre de l'univers. Ils se sont donnés un mal fou pour construire un monde factice autour de moi. » Où est-il dans l'espace ? Quand existe-t-il, dans le temps ? Le roman se passe-t-il dans le temps contemporain de son écriture (1959) ou dans le futur (1998) ? Le héros se souvient-il le lendemain de ce qui est arrivé la veille ? Le Temps désarticulé n'a pas la célébrité des romans habituellement considérés comme les grands livres de Dick : Le Maître du Haut Château, Le Dieu venu du Centaure, Glissement de temps sur Mars, et surtout Ubik, mais on a vu qu'il anticipe avec brio sur les grands thèmes futurs du romancier : les jeux avec les réalités intérieures et extérieures. Ce roman est une étape importante sur un thème promis à un bel avenir dans les fictions romanesques, cinématographiques et télévisuelles : le simulacre.
  • Retour à la politique : Le monde où nous vivons est-il authentique ou n'en connaissons-nous qu'une version factice imposée par des puissances politiques inconnues ? La complexité du récit romanesque — au niveau des relations entre les personnages, ou dans leurs cerveaux — a son équivalence dans la situation politique en arrière plan. Et Dick fait se développer en fin du roman un projet utopique propre à sa vision intime de la science-fiction.
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