Les voies aériennes peuvent être obstruées accidentellement, gênant ou empêchant le passage de l'air. Il faut alors libérer le passage de l'air, « assurer la perméabilité des voies aériennes supérieures », pour permettre la ventilation spontanée ou la ventilation artificielle. C'est la libération des voies aériennes (LVA). On parle aussi de contrôle des voies aériennes.
La libération des voies aériennes est l'une des premières préoccupations dans le cas d'une intervention de secours à personne ; c'est le A (airways) de l'ABC de Peter Safar.
Les voies aériennes peuvent être obstruées par un objet, par exemple de la nourriture, ou chez les jeunes enfants par une bille, une cacahuète... Chez une personne consciente, l'obstruction totale se reconnaît par les signes suivants :
Si l'obstruction est totale, il faut expulser l'objet en créant une surpression d'air dans les poumons :
Renouveler les 5 claques dans le dos, puis les 5 compressions abdominales jusqu'à expulsion du corps étranger, ou jusqu'à ce que la victime perde connaissance. Une fois le corps étranger expulsé, demander systématiquement un avis médical car cette méthode est tout de même contraignante pour l'estomac.
Si les voies aériennes ne sont obstruées que partiellement (l'air passe mais difficilement), la vie de la victime n'est pas menacée puisqu'elle peut malgré tout respirer.
On s'abstient de tout geste violent pour éviter de faire bouger l'objet, et on installe la victime en position assise ou semi-assise en dégrafant les vêtements pouvant gêner la ventilation (ceinture, bouton de pantalon, col, cravate).
Il faut prévenir les secours médicaux (appeler le 112 dans l'Union européenne, préférer le 15 en France), la désobstruction sera faite par un médecin.
Une victime inconsciente n'a plus de tonus musculaire, et n'a plus de réflexe permettant d'enlever les objets gênant le passage de l'air (toux, déglutition). Les voies aériennes peuvent donc être obstruées par :
La libération des voies aériennes consiste donc à
En effet, les muscles commandant l'épiglotte (muscles génio-hyoïdiens) sont attachés au menton, pour s'en convaincre, il suffit de demander à quelqu'un de pencher la tête en arrière et d'avaler sa salive, on voit deux muscles se tendre (cela se voit mieux chez un homme à cause de la pomme d'Adam). Donc, en levant le menton, on soulève mécaniquement l'épiglotte en tirant sur les muscles. Cela permet aussi de soulever la langue. Puis, on ouvre la bouche et l'on retire tout objet qui pourrait venir gêner la respiration. Les équipes de secouristes disposant d'un aspirateur de mucosité peuvent venir aspirer les liquides dans la partie visible de la bouche.
Si la personne respire, il faut la tourner sur le côté, en position latérale de sécurité (PLS) : cette position permet de maintenir la tête en bascule sans les mains, et aux liquides (salive, sang, mucus, contenu de l'estomac) de s'écouler vers le sol. Si la personne est à plat-ventre, elle est déjà en position protégée. Si la personne est assise (par exemple dans une voiture),il faut l'allonger immédiatement.
Pour une personne inconsciente qui respire, le maintien plat-dos avec un aspirateur de mucosités à portée de main n'est pas considéré actuellement en France comme une méthode efficace de protection des voies aériennes. En effet, les muscles fermant l'estomac (cardia) n'ont pas de tonus, donc celui-ci se vide dans le fond de la gorge sans bruit. Lorsque l'on aperçoit le liquide dans la partie visible des voies aériennes, celui-ci a déjà pénétré dans les poumons et provoqué des dégâts (syndrome de Mendelson). La PLS est donc impérative même pour une personne sur laquelle on suppose une atteinte à la colonne vertébrale (chute de hauteur, accident de la circulation). Ce point est toutefois abordé différemment dans d'autres pays. Le cas est différent pour les équipes médicales, qui disposent de sondes permettant d'aspirer dans la partie non visible de la gorge, et qui peuvent prévenir ce risque en intubant.
Si la personne ne respire pas, il faut maintenir cette bascule de tête pendant que l'on effectue le ventilation artificielle (bouche-à-bouche, bouche-à-nez...).
Un laryngectomisé (ou trachéotomisé) est une personne qui respire par un trou (la stomie) pratiqué dans le cou. Cela représente environ 20 000 personnes en France.
En cas d'obstruction des voies aériennes (notamment la stomie sécrète une quantité de mucus importante qui peut former un bouchon), la désobstruction peut alors nécessiter une pince spéciale pour sortir le corps obstruant (pince de Magill, ou pince de Laborde à trois branche pour écarter les bords du trou).
Le trou se situe sous les cordes vocales au niveau des anneaux trachéaux supérieurs, donc en dessous du carrefour aéro-digestif. Il n'y a donc pas de risque d'obstruction des voies aériennes par la langue ni l'épiglotte, mais il y a toujours un risque d'invasion par le contenu de l'estomac et donc nécessité de mettre en PLS, mais la bascule de tête n'a ici aucune importance. Cependant, on s'assurera que rien ne vient boucher le trou, en particulier, on laissera le cou apparent lorsque l'on couvre.
Dans le cas d'une stomie, on peut laisser la victime plat-dos puisque les voies aériennes et digestives sont séparées ; il est cependant malaisé pour une personne non formée de reconnaître cette situation, on mettra donc en PLS par précaution en cas de doute.
Lorsque l'on soupçonne un traumatisme rachidien, les manœuvres sans matériel décrites ci-dessus présentent un risque d'aggravation de ce traumatisme. La situation fait l'objet de débats d'experts et il existe plusieurs doctrines ; il n'y a pas de solution non-médicale idéale en la matière.
La doctrine française en termes de premiers et de prompts secours considère que
Les recommandations sont donc, si l'on trouve une personne inconsciente et qui respire plat-dos, d'agir de la même manière que l'on soupçonne un traumatisme cervical ou pas, y compris pour un sauveteur seul ne disposant pas de collier cervical.
Certains secouristes, lorsqu'ils sont en équipe à plus de trois personnes, pratiquent une « pseudo-PLS » : ils effectuent une PLS à trois secouristes, mais s'arrêtent lorsque la victime est sur le côté ; celle-ci n'étant pas stable, les trois équipiers restent pour la maintenir dans cette position ; cela limite donc les mobilisations et facilite la remise plat-dos à l'arrivée du smur, mais bloque trois personnes.
Dans d'autres pays, on considère que le risque d'aggravation du traumatisme prime, et la doctrine recommande :
La subluxation mandibulaire consiste, en se mettant à genou derrière la tête de la victime, à saisir la mâchoire inférieure et à l'élever ; il s'agit donc d'une élévation du menton sans flexion de la nuque. Cette technique est largement pratiquée par des équipes médicales et paramédicales pour l'intubation. Contrairement à l'élévation du menton, cette méthode ne peut se faire que si la victime est allongée, et s'il faut pratiquer une ventilation artificielle, il faut un secouriste supplémentaire pour maintenir cette subluxation (alors que l'élévation du menton peut être faite par le secouriste qui maintient le masque). Par ailleurs, elle est un peu plus compliquée à faire, et peut être contrariée par le tonus musculaire de la victime (hors arrêt cardio-respiratoire et coma profond), en cas d'échec, la libération des voies aériennes se fait par élévation classique du menton.