Marie François Xavier Bichat, né le 14 novembre 1771 à Thoirette (Jura) et décédé le 22 juillet 1802 à Paris, est un médecin biologiste et physiologiste français.
Il commença ses études médicales à Lyon, sous Antoine Petit, et vint, lors du siège de cette ville (1793), les terminer à Paris. Pierre-Joseph Desault, dont il suivait assidûment les leçons ne tarda pas à le distinguer ; Bichat devint son ami, l'aida dans ses travaux et après sa mort (1795), publia et acheva ses œuvres.
Il entra en 1797 dans la carrière du professorat et fut bientôt entouré d'auditeurs. En 1800, il fut nommé médecin de l'Hôtel-Dieu, quoiqu'à peine âgé de 29 ans. En même temps qu'il remplissait ses doubles fonctions, il faisait d'immenses recherches anatomiques et publiait de grands ouvrages. Tous ses travaux avaient déjà fortement altéré sa santé lorsqu'il fit, sur l'escalier de l'Hôtel-Dieu, une chute violente qui entraîna sa mort (1802) alors qu'il n'avait que 30 ans.
« Rénovateur de l'anatomie pathologique, Bichat étudie, à travers l'autopsie et l'expérimentation physiologique, le rôle des tissus comme unités anatomiques fondamentales pour l'explication des propriétés physiologiques et des modifications pathologiques de l'organisme.
« Le physiologiste Bichat, gloire de l'École de Paris (1771-1802), n'était pas romantique, mais vitaliste ; en réaction contre le physicalisme matérialiste ambiant, il professait la spécificité irréductible de la vie, faussée par la méthode d'analyse et le vocabulaire utilisé pour l'étude des phénomènes vitaux. « La science des corps organisés doit être traitée d'une manière toute différente de celles qui ont les corps inorganiques pour objets. Il faudrait, pour ainsi dire, y employer un langage différent ; car la plupart des mots que nous transportons des sciences physiques dans celles de l'économie animale ou végétale nous y rappellent sans cesse des idées qui ne s'allient nullement avec les phénomènes de cette science. Si la physiologie eût été cultivée par les hommes avant la physique, comme celle-ci l'a été avant elle, je suis persuadé qu'ils auraient fait de nombreuses applications de la première à la seconde, qu'ils auraient vu des fleuves coulant par l'excitation tonique de leurs rivages, les cristaux se réunissant par l'excitation qu'ils exercent sur leur sensibilité réciproque, les plantes se mouvant parce qu'elles s'irritent réciproquement à de grandes distances, etc. (...) La physiologie eût fait plus de progrès si chacun n'y eût pas porté des idées empruntées des sciences que l'on appelle accessoires, mais qui en sont essentiellement différentes. La physique, la chimie, etc., se touchent, parce que les mêmes lois président à leurs phénomènes ; mais un immense intervalle les sépare de la science des corps organiques, parce qu'une énorme différence existe entre ces lois et celles de la vie. Dire que la physiologie est la physique des animaux c'est en donner une idée extrêmement inexacte ; j'aimerais autant dire que l'astronomie est la physiologie des astres. » (*) Bichat, mort en 1802, ne peut pas savoir que le parti pris antiphysicaliste dont il évoque la possibilité est justement celui qu'adopte à la même époque la Naturphilosophie romantique à l'école de Schelling.»
(*) Xavier Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort, 1800, 1e partie, article 7, par. 1 ; réédition 1852, p. 58-59