Les médecins étaient sous la République, pour la plupart esclaves et/ou d'origine grecque. Ils n'avaient donc pas la citoyenneté romaine. Seuls, ils restaient cependant influents.
Les esclaves médecins de la familia avaient pour chefs des affranchis dits superposilus medicorum ou supra snedicos. Il y avait aussi parmi les médecins des esclaves publics, auxquels était probablement confié le soin des autres esclaves de l'État. Dans les latifundia, on entretenait des esclaves médecins à demeure ; mais les petits propriétaires préféraient, du temps de Varron, en louer à l'année de leurs voisins. Les affranchis médecins (liberti medici), comme les esclaves, étaient souvent attachés à des personnages de marque. Caton d'Utique avait pour médecin un affranchi. Antonius Musa, le médecin d'Auguste, était également un affranchi. À Sidyma en Lycie, on lit sur un portique une dédicace de Tibère Claude Epagathos, médecin, affranchi de l'empereur. Une inscription de Magnésie a conservé le souvenir de Tyrannos, originaire de cette ville, qui avait été esclave de la famille impériale, attaché au service médical du palais, puis affranchi par Claude, dont il avait pris les noms. Il était probablement resté au service de Néron, car l'inscription parle des témoignages que les empereurs lui accordèrent pour sa science médicale et pour son caractère. Revenu dans sa patrie, il y jouit d'une haute considération; la ville de Magnésie décida qu'il serait reçu et traité en hôte public.
Il existait de nombreuses spécialités de medici et de medicae (au féminin) par exemple ocularius (oculiste), auricularius (pour l'oreille), marsus (pour les morsure de serpent), chirurgii (chirurgien)… Les médecins pouvaient être dogmatici, se fondant sur l'enseignement théorique, empirici, se fondant l'empirisme, ou des methodici, qui utilisaient la théorie et les techniques pratiques. Plusieurs professions de santé liées à la médecine existaient : Le iatromaia (nom grec, la sage-femme), le iatralipice (pour l'application des onguents), le latrocinor (la chirurgie), les pharmacopolae (nom féminin, vendeur de produits médicinaux), unguentarii, aromatarii (préparateur de produit médicinaux), capsarii (pour les bandages appelés fasce qu'ils détenaient dans leurs besaces appelées capsae), nutrix (infirmière), obsterix (obstétricien), discentes (apprentis médecins). Cependant, les médecins restaient fondamentalement des artisans, comme n'importe quelle autre profession de l'époque.
On retrouve la liste de ces professions dans le Corpus inscriptionum latinarum.
Le médecin était responsable ou criminel en vertu des lois Cornelia de verse/iciis et Cornelia de sicariis.
Est tenu de la loi Cornelia celui qui a tué un homme libre ou esclave; celui qui, dans l'intention de donner la mort, a confectionné et vendu du poison ; celui qui a blessé dans l'intention de tuer; celui qui a vendu au public des médicaments dangereux, ou en a conservé dans des intentions homicides. Est puni des peines portées par cette même loi celui qui hominem libidinis vel promercii causa castraverit. Est puni d'une peine spéciale celui qui s'est rendu complice d'un avortement
Les médecins étaient généralement exempts de poursuites judiciaires pour leurs erreurs. Quelques auteurs se plaignent des meurtres légaux. Cette immunité s'est appliquée seulement aux erreurs de traitement faites sur les hommes libres. La Lex Aquilia, passée vers 286 av. J.-C., a permis de poursuivre les propriétaires d'esclaves et d'animaux négligeant la santé de leur « cheptel » ou malveillants. Les juristes avaient l'habitude d'utiliser cette loi pour poursuivre les médecins qui n'auraient pas, par exemple, eu toute la compétence pour soigner un esclave. La loi admettait également que le maître du médecin esclave était responsable dans la limite de la valeur de l'esclave, qu'il pouvait abandonner au plaignant pour faire lever la poursuite. Les sages-femmes et femmes-médecins étaient soumises aux mêmes responsabilités que les hommes.
De nombreux exemples nous sont parvenus ou les médecins devaient effectués des travaux de médecine légale : dire si une mort est naturelle, témoigner qu'un patient ne peut se déplacer à un tribunal… Et depuis les origines de Rome puisque une loi attribuée est à Numa Pompilius qui prescrivait un examen médical après la mort des femmes enceintes. Cependant la médecine légale n'existe pas officiellement.
Pour la déontologie, voir :
Il n'y avait pas de diplôme, l'homme pouvait apprendre seul, avec un maître ou dans un Aesculapium. Il avait d'abord le statut d'apprenti (discens), et lorsqu'il devenait suffisamment célèbre et connu, on lui accordait le terme de medicus.
Tout en encourageant et en soutenant les cabinets publics et privés, les gouvernements romains ont eu une attitude ambivalente avec les corporations de médecins qu'ils trouvaient subversives. D'abord autorisés, ils ont été la plupart du temps rendus illégaux et supprimés. Les collegia medicii, qui dépendaient de leur propre école Scholae Medicorum, n'ont jamais réussi non plus à s'imposer et ont été aussi considérés comme subversifs.
À partir du IVe siècle, l'État décide de réguler la profession et semble avoir été motivée d'abord par des considérations fiscales. Depuis Jules César, les médecins publics jouissaient d'immunités qui durent amener certaines villes à en accroître le nombre outre mesure, ce qui portait préjudice à, l'État et provoquait une inégale répartition des charges. Antonin le Pieux fixe le nombre de médecin suivant la taille de la ville et, au-dessus de ce nombre, même les plus grandes villes ne peuvent conférer l'immunité. Modestin ajoute que la curie peut diminuer, mais non augmenter le nombre des médecins publics prévus par la loi. Une fois élus, les médecins recevaient l'investiture de la curie, qui leur conférait les immunités et les salaires attachés à l'exercice de leurs fonctions. Ils pouvaient être destitués pour négligence par la même autorité qui les avait élus. L'institution fut réorganisée en 368 par une constitution de Valens et de Valentinien Ier. Sous Alexandre Sévère, la médecine de la maison impériale fut définitivement organisée : de serviteur, le médecin de l'empereur devint fonctionnaire. Un médecin du palais (medicus palatinus) toucha des appointements fixes (salarium); six autres reçurent des indemnités en nature (binas aut ternas annonas), qui pouvaient d'ailleurs être converties en argent. La réunion de ces médecins impériaux forma le collège des archiatri palatini ; une constitution de Constantin exempte de toute charge les archiâtres et les ex-archiâtres, c'est-à-dire tous les membres anciens ou actuels du collège. Le titre d'archiâtre ne fut probablement attribué aux médecins impériaux qu'à l'époque de Dioclétien. Les archiatri palatini, étaient alors spectabiles, comites priori ou secundi ordinis et pouvaient s'élever aux plus hautes fonctions politiques et administratives.
Le Code de Théodose Ier décrit le nouveau système médical imposé par l'État. À la tête de l'appareil de santé de l'État se trouvait un Dux ou Vicaire de l'empereur. Il porte le titre de Comes archiatorum (du ἀρχή, chef et ἴατρος, soigneur) et devait, par la loi, être noble.
Aux niveaux suivants de la hiérarchie se trouvaient les archiâtres (archiatri), ou plus populairement les protomedici, les supra medicos, le domini medicorum ou les superpositi medicorum. Ils étaient payés par l'État. Ils étaient chargés de contrôler les activités des médecins dans la zone qui leur étaient attribuée. Leurs familles étaient exemptes d'impôts. Elles ne pouvaient pas être poursuivies et les troupes militaires ne pouvaient pas occuper leur maison.
Les archiatri étaient divisés en deux groupes :
Les archiatri réglaient tous les conflits médicaux, il y en eu, par exemple 14 à Rome.
Les médecins ont aimé écrire, mais la plupart de leurs livres ont été perdus. Tiberius Claudius Menecrates a composé 150 ouvrages médicaux, dont seulement quelques fragments demeurent. Aulus Cornelius Celsus avec son De Medicina, au Ier siècle est l'un des seuls auteurs latins connu. Il n’était pas un médecin mais un polygraphe, c’est-à-dire un auteur qui écrit sur des thèmes variés. Ses traités, tous perdus, portaient aussi bien sur le droit que sur l’agriculture ou la rhétorique. Il a fait connaître la médecine, mais il ne lui a fait accomplir aucun progrès. Il est cependant le premier à avoir décrit l’opération de la cataracte. Certains traités de médecine moderne mentionnent encore le « quadrilatère de Celse » qui énonce les symptômes qui signalent qu’une plaie est infectée : tumor, rubor, calor, dolor. Archigène d'Apamée (le premier utilisateur du spéculum), Rufus d'Éphèse (qui décrira la peste et la lèpre), Dioscoride l'expert des herbes aromatiques (auteur du De materia medica, ouvrage sur la thérapeutique). L'Histoire naturelle contenant de nombreuses descriptions de traitement en vogue dans la Rome traditionnelle, de Pline l'Ancien est devenue un paradigme pour tous les travaux suivants, bien que Pline n'ait pas été un médecin lui-même. Au IIe siècle, certaines œuvres nous sont parvenues en totalité ou presque comme celle de Claude Galien.
Les esclaves attachés aux grandes maisons, en particulier à la maison impériale, sont souvent mentionnés dans les textes épigraphiques, par exemple dans les épitaphes du Columbarium de Livie, qui nomment un médecin et un chirurgien. On retrouve également des traces de leurs activités dans les comptes rendus de procès.
Le plus remarquable de ces médecins impériaux fut Xénophon de Cos, qui fut le médecin de deux empereurs et qui fit fortune.
voir aussi : Catégorie:Médecin de l'antiquité, Hippocrate
Dans la société grecque, des médecins étaient plutôt des nobles. Asclépios dans l'Iliade est noble. Tous les médecins grecs ont finalement pris le nom d’Aesculapiadae, « fils d'Aesculapius ». Ils avaient fondé une corporation religieuse connue sous le nom de Asklepiastai. Hippocrate était le plus célèbre d'entre eux. Après la soumission de la Grèce, par des Grecs asservis et des Grecs invités à enseigner. Une lecture des noms des médecins romains prouve que pour la majorité, ils sont Grecs et que plusieurs des médecins étaient d'origine servile. Il est ironique de voir que certains hommes libres étaient à la merci d'esclaves plus savants qu'eux. Tous les médecins d'origine grecque vont acquérir, à Rome, la citoyenneté sous Jules César.
Durant toute l'ère romaine, les médecins grecs vont être très renommés et très courtisés, qu'ils viennent de Grèce, d'Alexandrie ou d'Asie mineure. Les œuvres des grands médecins grecs ont pu être en grande partie préservées grâce à Oribase, médecin grec du IVe siècle qui a réuni dans sa monumentale synthèse, collection médicale, les textes médicaux grecs les plus importants.