Milton Santos - Définition

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Influences idéologiques

Selon Milton Santos, la définition de la géographie évoluait avec le temps et commencer à la définir était finalement un obstacle au développement de la discipline. Il était d'une façon général très critique avec ceux qui l'utilisaient, les géographes, à qui il reprochait leurs difficultés à théoriser et qui devraient « avoir le courage de dire avec humilité qu'ils ne sont ni l'unique, ni le premier à faire une proposition ou aborder un thème ou un sujet d'une certaine façon » (in Santos Testamento intelectual, 2004). Celui qui fut appelé « sociologue » par Pierre Georges s'intéressa au fil du temps à cette discipline ainsi qu'à la philosophie grâce à Duvignaud et Gurvitch notamment.

La colonisation et sa « négritude »

Parmi les thèmes abordés dans l'ensemble de son œuvre, le Tiers Monde tient une place primordiale et est au fond, selon lui, un débat humaniste et de civilisations. Il commença à travailler sur ce thème à Toulouse où, d'après Milton Santos, régnait une grande tolérance intellectuelle.

Il est certain qu'il bénéficia de circonstances historiques indéniables qui participèrent à développer son intérêt sur le sujet. Il affirmait que si le Tiers Monde était devenu une grande mode à cette époque, c'est qu'il fallait justifier les nouvelles formes de colonisation. Une des autres raisons de son engagement sur le thème provint probablement de ses origines sociales et raciales. Cela ne conditionnait pas pour autant son sens critique et plaisantait couramment sur sa « négritude » qu'il assumait complètement. De par ses origines et son parcours, il fut rapidement considéré avec respect par le monde intellectuel comme un des défenseurs les plus influents du Tiers Monde. Il poursuivit jusqu'à la fin de sa vie cette volonté d'approfondir les bases d'une géographie spécifique du Tiers Monde, d'analyser et de dénoncer les inégalités sociales qu'il interprétait comme les méfaits d'un certain capitalisme. Il assuma complètement son rôle de défenseur des peuples du Sud dont il tenta de magnifier les capacités potentielles.

Le marxisme et la politique

Dans les années 1950-1960, en compagnie de Jean Ticard, Pierre George et d'autres encore, une géographie marxiste apparut et il s'y affilia dans un premier temps. Cependant, il se montra par la suite très critique envers cette nouvelle sous-discipline et renouvela clairement son engagement politique au moment de son retour au Brésil qui allait connaître parallèlement de profondes mutations à ce niveau. La déficience théorique des géographes ou de la géographie empêcha, selon lui, l'application complète des concepts du marxisme. Il le regrettait et s'opposait farouchement à la fétichisation de Marx qui était courante à l'époque. Il affirmait que l'auteur communiste ne pouvaient pas tout savoir et qu'un bon marxiste ne pouvait être que quelqu'un qui ne le récitait pas. Il reprochait également à cette géographie d'utiliser une notion d'espace complètement absente dans l'oeuvre de Marx. Au Brésil, cette géographie évolua très peu et Milton Santos abandonna donc ce modèle peu après s'y être intéressé. Il resta tout de même très critique envers le capitalisme qu'il décrivait comme un instrument de perversité et d'impérialisme, et publia en 1978 la revue EspaceTemps un article à ce sujet (« La totalité du diable » ).

La société et l'Université brésilienne

Il considérait les pays, les écoles et les groupes comme de véritables obstacles pour la création intellectuelle et qu'au contraire, le fait de ne pas être lettré constituait à son avis un avantage énorme car cela permettait d'échapper à toute forme de canonisation. C'est en partie à cet effet qu'il prônait une réforme des universités brésiliennes avec comme principal objectif l'accroissement de la mobilité des professeurs qui ne pouvaient pas se contenter de fréquenter une seule université au cours de leur carrière et reprendre uniquement ce qui était fait ailleurs. De plus, il reprochait aux universités de soutenir de moins en moins les professeurs et de ne mal reconnaître la notoriété de certains d'eux. Sur la dernière partie de son œuvre, Milton Santos a donc tenté de pallier le déficit de méthodes et de concepts qui faisait grandement défaut à l'école brésilienne de géographie. Il a été suivi par de nombreux élèves laissant ainsi à la postérité une véritable école de Milton Santos en Amérique du Sud. Sa pensée, souvent mal reconnue en Europe qui l'appréciait surtout pour ses écrits sur le sous-développement, fait l'objet à la fois d'adhésions et de critiques. Même au Brésil, sa tendance à polémiquer lui valut de nombreux reproches. Il était certes reconnu en tant qu'intellectuel et humaniste mais également volontiers en tant que polémiste.

Son dernier ouvrage intitulé Le Brésil, territoire et société au début du XXIème siècle fut achevé par Maria Laura Silveira après son décès en 2001 et regroupe l'ensemble des concepts qu'il a abordé au cours de son œuvre. Milton Santos restera une grande figure de la géographie.

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