Milton Santos - Définition

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Introduction

Milton Santos (Milton Almeida dos Santos) est un géographe brésilien né en 1926 à Brotas de Macaúbas, Bahia, Brésil, et mort en 2001.

Origines, formation et carrière

Milton Santos naquit le 3 mai 1926 dans la petite ville de Brotas de Macauba à l'intérieur de l'État de Bahia ; il était issu d'un milieu social modeste mais reçut une solide éducation de ses parents qui étaient instituteurs. Il gravit les échelons assez précocement et se passionna pour la géographie qui ne fut pendant un temps, jusqu'à qu'il soit contraint à l'exil, qu'une des activités qu'il exerça parmi d'autres.

Bahia : ses racines

Son père était le fils d'un ancien esclave mais avait pu faire des études primaires et s'était passionné pour l'enseignement de la lecture et de l'écriture. Il en fit sa profession et épousa une personne également de couleur issue d'une famille de commerçants plus aisés. Ils fondèrent ensemble une petite école d'alphabétisation pour enfants. C'est dans ce milieu que Milton Santos grandit et prit goût aux études. Il ne fréquenta cependant jamais l'école primaire et fut scolarisé par ses parents qui lui enseignèrent aussi la grammaire et les bonnes manières françaises. À l'époque, une bonne éducation était un gage de réussite, notamment pour une personne de sa condition. Adolescent, il fut interne dans un collège privé de Salvador, l' « Instituto Baiano de Ensino ». Il donnait déjà des cours d'algèbre ainsi que des cours de géographie dans les petites classes. Il intégra ensuite le Collège de la Bahia et sortit du « Ginasio » (lycée) avec le titre de « Bacherel » en sciences et lettres. Incité par la réussite de son oncle, un avocat important de la région, il opta pour des études de droit. Une fois diplômé, il passa le concours de professeur de géographie à la faculté d’Ilhéus où il présenta un mémoire, « O povoamento da Bahia » qui décrivait le peuplement de l'État de Bahia.

Il quitta son emploi de professeur et la petite ville d'Ilhéus pour retourner à Salvador en 1964 où il connut une première ascension sociale à la mesure de son ambition : il devint journaliste, puis rédacteur au journal A Tarde, un grand quotidien de la capitale de Bahia. Il admettra plus tard que cette activité journalistique a eu indéniablement une certaine influence sur son style d'écriture. Pendant ce temps, l'armée prit le pouvoir et les nouveaux dirigeants du pays le désignèrent à la fois représentant de la présidence pour l'État de Bahia et professeur à l'Université Fédérale du même État où il fonda un laboratoire de recherche géographique. Il commença à faire ses premiers séjours à l'étranger, fit la connaissance de Jânio Quadros qui voulut un temps le nommer ambassadeur du Ghana, et rencontra de nombreux représentants politiques de pays en voie de décolonisation dont le président tunisien Bourguiba qui avait l'ambition à l'époque de devenir un des leaders du tiers-monde. Il visita également Cuba et à son retour multiplia les écrits pro-communistes. Ceux-ci lui valurent dans un premier temps un avertissement de l'armée qui commençait à se préoccuper sérieusement de ses activités.

Il finit par être emprisonné durant cent jours, une peine qu'il termina à domicile à cause de problèmes cardiaques. Ses nombreux amis français se démenèrent pour lui apporter leur aide et les autorités militaires brésiliennes en profitèrent pour exiler ce journaliste et professeur trop encombrant pour le régime.

Un citoyen du monde

Milton Santos se rendit donc en France, pays qu'il choisit également afin de pouvoir lire des journaux - tel que Le Monde - qu'il jugeait indépendants des agences de presse internationales : « j'ai découvert que le monde n'était pas celui que j'avais pu lire dans les journaux brésiliens et que j'écrivais dans le journal dont j'étais rédacteur » (p.19 in Testamento intelectual, 2004). Il fit sa thèse à Strasbourg sous la direction de Jean Tricard qu'il avait précédemment côtoyé au Brésil lors de sa participation à l'élaboration d'un de ses ouvrages (Estudos de geografia da Bahia, Geograpfia e planejamento, 1958). Il enseigna ensuite jusqu'en 1967 à Toulouse où il fut invité par Bernard Kayser, puis à Bordeaux et enfin à la Sorbonne qui devint Paris 1 par la suite. Il resta sept ans en France grâce à l'aide de Jacqueline Beaujeu-Garnier notamment. Ses années d'exil en France furent très fécondes en termes de publications et c'est à ce moment-là, faute de pouvoir continuer sa carrière de journaliste, qu'il se résolut définitivement à se consacrer pleinement à la géographie.

En 1971, il fut tout d'abord pressenti pour être professeur à Hamilton au Canada mais refusa l'offre. Il opta pour une année à l'Université Harvard où il fut invité comme « fellow » par Lloyd Rodwin, le directeur de l'école des études urbaines. Il travailla ensuite à Toronto dans le plus grand département de géographie d'Amérique du Nord qui possédait seulement quarante professeurs à l'époque. Cependant, il passa la plupart de son temps au Vénézuela où il avait à charge de conduire un programme d'urbanisation des Nations Unis. Il resta trois mois de plus en Amérique du sud et obtint un emploi dans l'aménagement urbain de l'école d'ingénierie de Lima. Il traversa l'Atlantique à nouveau et résida seize mois en Tanzanie afin de mettre en place un diplôme de 3ème cycle. En 1975, il fut nommé professeur à l'Université de Colombia à New-York pendant un an alors que dans le même temps, Pierre Georges tenta de le nommer vainement à l'Université de Grenoble. La dernière étape de son exil devait être le Nigeria où il souhaitait mener à bien un projet dans une université qui était en train de se construire. Cependant, un tel projet nécessitait d'y consacrer six années et la naissance son premier fils l'en empêcha puisqu'il désirait qu'elle ait impérativement lieu chez lui en Bahia.

Le retour au Brésil

Milton Santos revint donc dans son pays d'origine en 1977 à 50 ans et put bénéficier d'une amnistie. Cependant, le régime militaire lui interdit de reprendre son poste de professeur à l'Université de Bahia et il fut donc contraint de s'installer à São Paulo où il dut attendre 1983 pour être définitivement nommé professeur titulaire. C'est pourtant cette même Université qui lui offrira par la suite une tribune prestigieuse. Ce fut pour lui le début d'une seconde phase d'ascension sociale, cette fois en tant qu'intellectuel porteur d'idées nouvelles sur l'évolution du monde, de ses sociétés, et de la géographie en général.

La discipline connaissait à l'époque de grandes turbulences conjointement aux troubles politiques qui sévissaient Brésil. Il multiplia les publications et se retrouva dans un rôle de précurseur d'une certaine « géographie nouvelle » dans laquelle il remettait en cause une grande partie des démarches géographiques. Il lutta pour une géographie socialement plus engagée mais dut faire face à beaucoup de résistance. Il fut cependant encouragé par une jeunesse chaleureuse qui portait en elle une volonté de changements, conduisant ainsi nombreux de ses disciples à devenir par la suite de précieux collaborateurs.

Même s'il prit sa retraite en 1996, il poursuivit son activité intellectuelle et continua à écrire jusqu'à son décès en 2001.

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