Monastère Saint-Sauveur-de-Chirac | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Languedoc-Roussillon |
Département | Lozère |
Ville | Le Monastier-Pin-Moriès |
Culte | Catholique romain |
Type | Monastère |
Rattaché à | Ordre de Saint-Benoît, Compagnie de Jésus |
Début de la construction | XIe siècle |
Protection | MH |
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Le monastère Saint-Sauveur-de-Chirac était un monastère bénédictin puis jésuite fondé au XIe siècle à proximité de Chirac. Il a donné son nom à la localité où il se trouve, Le Monastier, et est situé dans le département français de la Lozère, sur la commune du Monastier-Pin-Moriès. Il a été actif jusqu'à la Révolution française. Il ne reste principalement de ce monastère que l'église Saint-Sauveur-de-Chirac, devenue Monument historique par arrêté du 10 avril 1931. Cette église est devenue, à la suite de la disparition du monastère, l'église paroissiale.
C'est dans ce monastère que Guillaume de Grimoard a fait son noviciat, il a ensuite été abbé de Saint-Victor-de-Marseille, puis élu Pape sous le nom d'Urbain V.
C'est vers l'an 1060 que l'évêque de Mende, Aldebert Ier de Peyre, et son frère Astorg Ier baron de Peyre décident de fonder un monastère sur leur terre de Peyre. Ce monastère qui porte alors le nom de « Saint-Sauveur-du-Monde-lèz-Chirac », est établi à peu de distance de Chirac, qui est l'une de leurs possessions. Le 16 mars 1062, ils rendent hommage pour leur monastère auprès de l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Une hypothèse explique que le monastère aurait d'abord été construit plus près de Chirac, mais, ravagé par une inondation, il aurait été déplacé à sa place actuelle en 1090. Cette hypothèse n'a cependant pas été prouvée
Le monastère est achevé en 1072, puis c'est vers 1090 qu'est construit le couvent par des moines bénédictins, ainsi qu'une église primitive. Ils sont d'abord 12 moines affectés au monastère, en provenance de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. La consécration de l'église se fait par le pape Urbain II en 1095, en présence du cardinal Richard de Millau-Gévaudan, abbé de Saint-Victor de Marseille. C'est sans doute cette année là qu'Aldebert Ier de Peyre meurt. Après son épiscopat, il fut lui-même moine de Saint-Sauveur où il s'était retiré.
Entre temps, en 1074, Robert de Saint-Urcize et son frère Bernard, font don au monastère des églises de Nasbinals et de Saint-Urcize, ainsi que de possessions sur l'Aubrac. En 1091, les seigneurs de Montrodat, vassaux des Peyre, donnent au monastère l'église Sainte-Marie de Coulagnet (près Marvejols).
Au cours de son épiscopat, durant le XIIe siècle, l'évêque de Mende, Aldebert III du Tournel, a plusieurs fois contesté leurs possessions aux moines de Saint-Victor, mais ne put s'emparer de leurs biens. Une bulle pontificale émise entre 1096 et 1099 avait, en effet, exempté le monastère de la juridiction épiscopale.
À partir de 1110-1120, on assiste à un désengagement progressif de la famille de Peyre, qui avait jusque là beaucoup donné au monastère, et où plusieurs de ses membres avaient fini leurs jours. L'essentiel du patrimoine du monastère s'est constitué avant cette date.
Le monastère possède plusieurs domaines. Parmi eux, on retrouve le château du Buisson, cédé par le baron Astorg de Peyre en 1235 à son oncle Aldebert, prieur du monastère. Ce sont, sans doute, les moines qui introduisirent dans la région la culture de la vigne et du safran. Le village du Monastier s'est alors peu à peu construit autour du monastère.
Au siècle suivant, le prieur est Anglic de Grimoard, frère du seigneur de Bellegarde et de Grizac, Guillaume. Deux de ses neveux se sont destinés aux ordres. Son filleul, Anglic également, est entré chez les chanoines de Saint-Augustin de Saint-Ruf à Valence. Il deviendra cardinal. Son autre neveu, Guillaume, est lui venu faire son noviciat à Saint-Sauveur-de-Chirac. Il y reste sa jeunesse puis rejoint l'abbaye mère de Saint-Victor de Marseille pour poursuivre sa formation monastique, avant de revenir au Monastier où il reçut l'ordination sacerdotale. Il est élu Pape en 1362, et prend le nom d'Urbain V.
Mais en cette deuxième moitié du XIVe siècle le Gévaudan subit les destructions de la guerre de cent ans. En effet, le traité de Brétigny, en 1360, a fait du Rouergue voisin une terre anglaise. Les anglais occupent donc toute la frontière à l'ouest du pays, et les grandes compagnies font de fréquentes incursions en Gévaudan. En 1361, ils ravagent Chirac et le Monastier. Ils pillent alors le monastère à la recherche d'or et de bijoux.
Urbain V prend alors à sa charge les réparations. Il en profite peut-être pour l'agrandir et l'aménager. On lui attribut par exemple la construction des galeries au dessus des bas-côtés. Mais surtout, c'est lui qui fait construire une tour et des fortifications entre 1366 et 1368. Cette tour était établie près du chevet de l'église.
Ces fortifications ont servit d'abris durant deux siècles plutôt pacifiques. Mais, consécutivement au massacre de la Saint-Barthélémy, le capitaine huguenot Matthieu Merle et ses troupes ravagent le pays. Ils s'emparent du Monastier en 1583. Le monastère est alors brûlé et l'église en grande partie démolie. Parmi les moines, le frère Lavigne est tué, les autres ont fui les lieux ou on trouvé refuge. À leur retour au monastère, ils s'installent dans la tour, qui demeure alors le seul endroit habitable. Ils en seront rapidement chassés par les moines du collège royal de Rodez, nouveaux propriétaires des lieux, qui ont décidé de détruire cette tour.
En effet, depuis 1576, le monastère a commencé à changer de mains, passant de l'ordre de Saint-Benoît et l'abbaye Saint-Victor de Marseille à la compagnie de Jésus et le collège royal de Rodez. C'est en cette année 1576, le pape Grégoire XIII unit le monastère au collège royal. Le roi Henri III de France ratifie l'acte en 1578, mais l'abbaye mère de Saint-Victor s'y oppose. L'acte final de la transaction est signé en 1580, et Saint-Victor obtient du collège royal qu'il pourvoit à l'entretien des moines.
Cependant, il n'en fut rien. En effet, le premier acte des jésuites fut de détruire la tour où les moines avaient trouvé refuge. Ainsi privés de toit, les moines durent quitter le monastère, soit pour rejoindre leur famille, soit pour l'errance, ou encore pour se tourner vers la religion réformée. En 1587, les jésuites obtiennent du pape Sixte-Quint qu'ils puissent jouir des revenus du monastère, ce qui était la condition pour qu'ils réparent le couvent. L'évêque de Mende, l'abbé de Saint-Victor et le baron de Peyre se sont bien attaqués à cette décision, mais ils furent déboutés par le parlement de Toulouse en 1602.
Sous l'administration des Jésuites, le couvent comme l'église sont reconstruits et modifiés.
La compagnie de Jésus est dissoute en 1775. Le collège royal de Rodez est alors détenu par des prêtres séculiers, qui conservent leurs droits sur le monastère du Saint-Sauveur.
À la Révolution française, le monastère est vendu comme bien national. Quelques années plus tard, il est acheté par l'abbé Serre qui y installe une école.
L'église est quant à elle devenue l'église paroissiale, faisant suite au Concordat signé en 1801 entre le pape Pie VII et du premier consul Napoléon Bonaparte