Au 1er mars 2006, 1 293 corps avaient été retrouvés par le département de la santé de Louisiane et sur les 853 victimes rendues à leurs familles à cette date, on dénombre :
Selon le journal L’Express, qui cite l’agence Reuters, à Biloxi, « haut lieu des jeux d’argent », qui a pendant près de dix ans fait figure de véritable Mecque pour les déshérités du Mississipi venus chercher un travail dans l’hôtellerie ou les casinos, « Beaucoup n’ont pas eu les moyens de s’enfuir », selon Alan LeBreton, un concierge de 41 ans qui vivait sur le front de mer.
Les habitants les plus aisés, anticipant les consignes officielles, ont pour la plupart gagné le nord du Mississippi et les États voisins d’Alabama et de Géorgie, s’entassant dans les motels et vidant les stations-services et les supérettes de leurs dernières réserves.
Mais leurs concitoyens les plus pauvres ne possèdent pas de voiture ou ne peuvent s’offrir une nuit d’hôtel. « On ne pouvait pas faire ça, c’était impossible », dit Willie Rhetta, chauffeur de bus contraint de rester à Biloxi en attendant Katrina.
Le photographe américain Stanley Greene, explique : « Comme par hasard, dans les quartiers blancs, les supermarchés ont été ouverts aux gens, par solidarité. Dans les quartiers noirs, on a mis des gardes pour les empêcher de rentrer ! (…) Le but n’est pas de faire revenir les gens, mais de faire de La Nouvelle-Orléans une ville blanche et lucrative. (…) Des investisseurs recherchent partout les propriétaires des maisons détruites. Qu’ils rachètent pour 10 000 dollars. Katrina est la plus grande opération de spoliation de tous les temps. »
Persuadés d’avoir été laissés en première ligne face à une catastrophe qualifiée d’« historique » par George Bush, nombre d’habitants manifestent désormais leur colère - une tension qui pourrait expliquer en partie le pillage surmédiatisé des quartiers huppés, sur l'initiative, entre autres, du maire noir Ray Nagin, et qui a dissimulé le nombre important de violences et de meurtres racistes commises par des milices blanches, par exemple à Algiers Point (en) dans le quartier éponyme (en).
Le Mississippi, berceau du blues et de la ségrégation, était en 2004 le deuxième État le plus pauvre des États-Unis. 21,6 % de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et les divisions ethniques recoupent souvent les clivages sociaux. D’ailleurs, pour beaucoup de victimes de Katrina, l’origine des difficultés logistiques autour de cette catastrophe est étroitement liée à la discrimination raciale.
Le révérend Jesse Jackson, défenseur de la cause noire aux États-Unis rappelle que plus de 120 000 personnes touchent moins de 8 000 USD par an, majoritairement des populations noires, n’ont pas d’accès à des véhicules privés, et une partie est trop âgée ou malade pour pouvoir fuir. Et dit que le budget utilisé pour la guerre en Irak aurait été plus utile à aider à construire des protections à la Nouvelle-Orléans.