Palais Niel | |
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Présentation | |
Période ou style | Classique |
Type | Palais |
Date de construction | XIXe siècle |
Destination initiale | Quartier général de l'armée |
Propriétaire | Armée de terre |
Destination actuelle | Quartier général de l'armée |
Protection | Monument historique |
Géographie | |
Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Midi-Pyrénées |
Région | Midi-Pyrénées |
Département | Haute-Garonne |
Localité | Toulouse |
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Le Palais Niel est la plus prestigieuse demeure construite à Toulouse au cours du XIXe siècle. Elle fut construite pour le Maréchal de France Adolphe Niel entre 1863 et 1868.
Lorsque, sous le Second Empire, on décida d'organiser les grands commandements et de placer à leur tête un Maréchal de France, Toulouse fut désignée pour recevoir le chef de l'Armée Régionale du Sud (sixième Grand Commandement Militaire). Le Maréchal Adolphe Niel inaugura ce commandement en 1859, au retour de la campagne d'Italie. L'hôtel Duranti était alors le siège du quartier général et le Maréchal Niel s'y installa. Très vite, on admit la nécessité de lui trouver une installation plus en rapport avec sa fonction et son prestige. La décision de lui construire un palais fut alors prise.
Dans le quartier des Jardins, conçu par Louis de Mondran au XVIIIe siècle, une longue bande de terre dénommée "Le Foirail" s'étendait entre le Jardin Royal et la Porte Saint-Étienne. Le 13 mars 1860, le maire cèda à l'État les deux tiers de ce Foirail, soit 10 000 m2, pour la construction du palais. L'État achèta par ailleurs les terrains et immeubles bordant la rue Montoulieu Saint-Jacques et la rue Escoussières-Montoulieu, ces derniers s'appuyant sur l'ancienne muraille romaine. Le Palais Niel a donc été construit sur les anciennes fortifications de Toulouse. Une partie des habitations classées insalubres ont été détruites pour la construction du palais et l'aménagement de la place Saint-Jacques.
Les travaux furent exécutés de 1863 à 1868 et le 1er janvier 1868, le Comte de Goyon, nouveau Commandant du 6e Corps d'armée, prit possession de la demeure car, ironie du sort, le Maréchal Niel, devenu entre temps Ministre de la Guerre en 1867, ne résidera jamais dans le palais qui porte son nom et mourra un an plus tard en 1869.
Parmi les projets proposés, celui du Capitaine du Génie Bonnal est celui retenu. Ce Capitaine, d'origine toulousaine, fournit les plans d'ensemble du bâtiment, dont la construction démare sous le règne de Napoléon III, juste après la construction de l'aile Rivoli du Louvre et de l'Opéra Garnier. Sa particularité demeure dans ses diverses influences architecturales.
Bâti sur trois niveaux, le bâtiment principal sera critique, notamment pour son entrée, jugée trop petite par rapport à l'ensemble, ce qui peut paraître excessif car il est osé de prétendre qu'une entrée plus grande aurait donné plus d'harmonie à la façade. Fait rare dans la région, la toiture mansardée est en ardoise, ce qui n'est pas sans rappeler l'influence de l'architecture parisienne.
La façade Nord, côté place Montoulieu, sévère et martiale, est complétée par deux ailes en retour qui délimitent la cour d'honneur. L'entrée, encadrée par des colonnes doriques, évoque un arc de triomphe. Une frise de trophées et de casques en souligne l'aspect militaire. Henri Mauriette, professeur aux Beaux-Arts, sculpta le fronton qui couronne l'étage. Il nous montre ainsi "France couronnée de lumière entre la guerre et la paix", ainsi que Minerve et les arts. Quant aux fenêtres, l'ornement a été réalisé par Calmettes.
La façade Sud s'ouvre sur les jardins et le Jardin du Grand-Rond en s'intègrant harmonieusement à ce cadre. Le péristyle confère à cette façade un aspect prestigieux et élégant. Le fronton curviligne sculpté par le Toulousain Charles Ponsin-Andarahy représente d'aimables putti au milieu de symboles militaires et agricoles (allusion peut-être à l'économie toulousaine). À noter les génies de la guerre, sculptés par Alphonse Azibert.
Il y a également dans le jardin un grand cèdre du Liban, amené en 1866 grâce à l'ingéniosité de Demouilles, horticulteur bien connu à cette époque. Cet arbre, situé au-delà du pont de l'École vétérinaire, soit à plus de 2,5 km, avait alors trente ans et mesurait un mètre vingt de circonférence. Il fallut pour cela extraire en même temps que l'arbre un volume imposant de terre : les dimensions de cette gigantesque motte furent fixées à 4,20 m de diamètre et 1,20 m d'épaisseur. L'ensemble constituait un poids d'environ 35 tonnes. Des rails, des rouleaux de fer, un cheval et six hommes furent nécessaires pour déplacer le tout. Si les principales difficultés furent de tourner à angle droit à plusieurs carrefours et de prendre la descente allant du pont de l'École vétérinaire à la gare, Demouilles dut se battre pour obtenir les autorisations de transport. L'arbre parvint à destination plus d'un mois et demi après le début de son désenracinement. Il ne resta plus qu'à le déposer dans la fosse préparée pour le recevoir, après avoir toutefois abattu un pan du mur d'enceinte.
Dans le hall d'entrée se trouve un monumental escalier d'honneur à volées droites en retour, dont la rampe en fonte est ornée de palmes et de rinceaux. Le long des murs, un décor de guirlandes de feuilles de chêne et de laurier, de trophées et d'aigles, donne à l'ensemble un aspect à la fois théâtral et solennel. Le grand escalier ne serait pas ce qu'il est sans le portrait du Maréchal Niel (peint par Charles-Philippe Larivière en 1860), qui ajoute à la perspective toute sa dimension. Il y a également beaucoup de trophées militaires, d'allégories aux arts et aux guerriers de l'Antiquité. Les plaques se trouvant dans le hall portent les noms de tous les généraux ayant eu un commandement à Toulouse.
Le grand salon est un lieu de réception comme le montre son volume. Il est empreint de majesté avec ses colonnes, ses dorures sompteuses et ses cinq magnifiques lustres. Sa particularité réside dans l'utilisation des arcades qui le divisent en trois parties, offrant ainsi un espace pour les festivités et les bals. Les grands miroirs, surmontés de l'aigle impérial, en soulignent l'aspect prestigieux et confèrent au salon sa dimension de fête et de parade, comme le suggèrent les guirlandes et les instruments de musique. À noter que sur la cheminée se trouvent les bâtons de commandement, symbole du Maréchal, ainsi que le buste de Madame Niel.
Le salon des maréchaux est un salon de réception dont la particularité réside dans cette demi-rotonde ouvrant sur le parc. Une longue guirlande végétale entoure le plafond orné de trophées, du chiffre impérial et de deux aigles majestueux. Le buste sur la cheminée représente le sculpteur François Lucas, auteur notamment du bas-relief des Ponts-jumeaux à la jonction du Canal du Midi et du Canal de Brienne.