La pédopsychiatrie prend son essor, en France, autour de l'école de la Salpêtrière, entre les deux guerres mondiales, sous l'impulsion de Georges Heuyer qui s'émancipe à la fois des modèles psychiatriques centrés sur l'Asile et de la pédagogie. Elle a bénéficié, dans les années 1960-1980, de l'apport de la psychanalyse, puis dans les années 1990-2000 de la primauté des visions centrées sur le trouble et sur l'abord neuro-scientifique.
En théorie, la pédopsychiatrie s'adresse aux enfants et aux adolescents de la naissance à l'âge adulte qui selon la loi française correspond à la majorité légale, soit 18 ans révolus mais les services médicaux de pédopsychiatrie accueillent parfois des jeunes connus jusqu'à 20-25 ans.
L'âge limite supérieur de l'accueil dans le dispositif français de pédopsychiatrie public (psychiatrie infanto-juvénile), comme en pédiatrie, a été défini par l'usage hospitalier qui observe qu'à 15 ans et trois mois, la puberté étant terminée, le corps étant adulte, les soins (et ce qui va de pair, les moyens financiers et surtout humains) sont pris en charge par les services adultes. En pratique, la majorité des services de pédopsychiatrie recoivent jusqu'à l'âge de 16 ans (- 9 mois de "vacuité utérine") qui correspond à la fin de l'obligation scolaire, et, donc du début du monde du travail ...
L'engouement et le développement ponctuel de nouvelles structures associant la prise en charge d'adolescents et de jeune adultes (15-25 ans) ne permettent pas de généraliser cette limite supérieure. La France présente par ailleurs un manque important de places hospitalières avec accueil jour et nuit (services dit « à plein temps ») de pédopsychiatrie. Il faut par ailleurs souligner, qu'une partie de l'activité pedopsychiatrique s'exerce au sein du secteur medico social (exemples : IME, CMPP, CAMSP) et l'âge d'agrément de ses structures est lui aussi variable (pour les CMPP, structures ambulatoires il est souvent de 0 à 20 ans)
Dans tous les cas, c'est l'abord clinique qui constitue la richesse de la pédopsychiatrie. Abord clinique dont le principal est l'observation, l'écoute et le dialogue avec les jeunes patients et leurs familles.
Les traitements pédopsychiatriques sont essentiellement psychothérapeutiques et réadaptatifs (traitements éducatifs, rééducations, conditions de vie, relations familiales, insertion scolaire, ergothérapies), plus rarement chimiothérapiques...
Néanmoins, le succès de la promotion des amphétaminiques dans certains états d'hyperactivité, celui des antidépresseurs et surtout des normothymiques dans certains états dépressifs, celui des antipsychotiques dans certaines psychoses, celui des anxyiolytiques non benzodiazépiniques dans des situations anxieuses de façon très temporaire justifient parfois le recours aux traitements chimiothérapeutiques ...
Il existe aussi une recherche médicamenteuse de plus en plus importante dans le domaine élargi de l'autisme, même si celle-ci n'en est qu'à des balbutiements, des espoirs naissent et s'évanouissent rapidement : une exception actuelle : les recherches sur l'administration d'ocytocine (<
Les principales affections que la pédopsychiatrie rencontre sont très variées. Elles vont des problèmes temporaires et/ou d'intensité modérées (troubles de l'alimentation, du sommeil, énurésie, encoprésie, angoisses, tristesse), à des tableaux très sérieux : troubles envahissants de développement, tel l'autisme, troubles psychiques graves, telle l'inhibition, l'agitation, l'opposition, les troubles graves du comportement, en particulier à l'école. On aura garde d'omettre la déficience intellectuelle et ses multiples causes qui, bien souvent domine ou agrémente les tableaux cliniques observés. Dans tous les cas, il s'agit de troubles survenant dans l'évolution de l'enfant et se modifiant avec celle-ci.