Cette partie passe en revue les différentes applications thérapeutiques du modèle théorique de la psychanalyse.
A partir du psychodrame inventé par Moréno sera introduit, vers 1946, un psychodrame analytique individuel.
Il faut distinguer le psychodrame analytique de groupe et le psychodrame analytique en groupe ou un patient se retrouve dans un groupe de deux ou trois co-thérapeutes.
Le psychodrame analytique de groupe se fonde sur les mêmes principes que le psychodrame individuel. Il y a « couple thérapeutique », c'est-à-dire un thérapeute homme et un thérapeute femme, et les patients eux-mêmes se font co-thérapeutes. Il y a, éventuellement, un observateur, spectateur hors des enjeux de la scène. Les phénomènes de groupes sont alors particulièrement pertinents (par opposition au psychodrame analytique individuel, dans lequel les phénomènes de groupes sont finalement restreints aux co-thérapeutes).
Le rôle des patients définit des indications spécifiques, celles de patients capables d'écouter les autres, d'être sensibles à d'autres problématiques, pouvant participer à des scènes qu'ils n'ont pas construites. Le psychodrame de groupe sera souvent à visée de formation.
On peut dater la psychothérapie institutionnelle de 1952.
1970.
La psychanalyse et le groupe
« L’inconscient produit partout et toujours des effets contre lesquels les humains ne cessent de se défendre, ou qu’ils interprètent faussement, ou encore qu’ils cherchent à manipuler par des voies obscures pour un profit supposé. »
(Cf. Didier Anzieu, Le groupe et l’inconscient, Dunod, 1999)
Comme dans la cure, « la tâche du sujet est d’exprimer tout ce qu’il pense, imagine, ressent dans la situation, c’est-à-dire de ’’symboliser’’ les effets que celle-ci exerce sur lui. La tâche du psychanalyste est de comprendre comme transfert, ou comme résistance au transfert, tout ce que le sujet cherche à signifier dans cette situation. » (p. 9)
Par ailleurs, « une fois énoncées les règles dont le psychanalyste se fait le garant, celui-ci a non pas à veiller en censeur à leur application par le ou les sujets, mais à chercher à comprendre et à interpréter les manquements à ces règles, ou les difficultés de leur mise en pratique. » (p. 11)
Les inconscient des différents membres du groupe sont en interaction : « à tout effet inconscient tendant à se manifester dans un champ quelconque correspond une résistance s’opposant à cette manifestation ». (p. 15) Par exemple, toute tentative d’organisation, autre que les règles minimales prévues par le cadre, a un caractère défensif. Chaque défense est le contre investissement d’une pulsion.
Les deux règles fondamentales de non–omission et d’abstinence sont valables pour le groupe. (p. 16) Les participants énoncent en séance les échanges qu’ils ont eu à propos du groupe en dehors des réunions. De son côté, l’animateur interprétant garantit le respect des consignes et permet « au transfert de se développer sur lui et sur le groupe ». Il communique « à tous ce qu’il a compris. » (p. 17)
La liberté de parole place chaque participant face à ses désirs refoulés et à l’angoisse de « transgresser l’interdit en les formulant ». (p. 16)
« Personne n’est propriétaire d’aucune place et le moniteur donne lui-même l’exemple en changeant occasionnellement de place d’une séance à l’autre ». (p. 18) « D’un côté les participants engagés dans un processus inconscient de transfert, arrivent à l’élaborer par un travail de symbolisation. De l’autre côté, les moniteurs se dégagent de leur contre-transfert inconscient par un travail d’inter-analyse, et ils saisissent et communiquent le sens du transfert par un travail d’interprétation. » (p. 20)
L’interprétation n’est possible qu’au moment où les échanges du groupe laissent entendre que ses membres sont en train d’accéder à cette symbolisation.
- Le petit groupe est l’objet d’un transfert, en plus des transferts existant des membres entre eux et sur l’interprétant (Pontalis, 1963). - Le groupe, comme le rêve, est l’accomplissement d’un désir refoulé (Anzieu, 1966). - Le vocabulaire psychosociologique de dynamique des groupes exprime une attitude défensive envers les processus inconscients du groupe (Anzieu, 1971). - « L’illusion groupale » est une façon pour le groupe de se constituer en objet transitionnel, pour se départir de la tout-puissance maternelle (Anzieu, 1971). - L’angoisse dans le groupe est de nature psychotique, elle est accrue dans les groupes non directifs. Elle donne naissance à deux formes principales de résistances : la mise en place d’un leadership et la division en sous-groupes (Bejarano, 1972). - La production d’une idéologie par un groupe est le signe de la « dénégation défensive d’un fantasme originaire » (Kaës, 1971, 1973). L’autre voie d’élaboration des fantasmes du groupe est le mythe (Kaës, 1971). - Le groupe présente un « appareil psychique » combinant les mêmes instances que l’appareil psychique individuel, selon des modes de fonctionnement qui lui sont spécifiques (Kaës, 1976). - Lorsqu’ils se réunissent en groupe large, les psychanalystes n’échappent pas à l’angoisse du déferlement de la pulsion de mort. De surcroît, ils déplacent sur leurs collègues et sur le groupe (l’institution) les pulsions qui ne peuvent pas s’exprimer dans l’espace des séances. - Deux strates principales de fantasmes à interpréter (hors les fantasmes originaires) : - Position dépressive ou persécutive à l’égard du groupe vécu comme une mère toute puissante, accompagnée d’angoisses de perdre la mère et d’être détruit. - Meurtre collectif du père, chasse aux usurpateurs et tabou de l’inceste. - Le groupe des moniteurs réalise une « analyse intertransférentielle » ou contrôle réciproque (Kaës, 1982).
L’interprétation dans le groupe est purement actuelle, fondée sur l’ici et maintenant du groupe (angoisses, défenses, désirs inconscients). Elle est adressée à l’ensemble du groupe (et non individuellement).