Rayons pour Sidar est le troisième roman de science-fiction de Stefan Wul et le deuxième à être publié aux éditions Fleuve Noir en 1957, après Niourk. Le récit, composé de trois parties divisées en vingt-neuf chapitres, appartient au genre du planet opera, avec pour décor dominant un paysage de jungle épaisse.
Stefan Wul présente son personnage principal, Lorrain 1613 A.C., comme un « Afrançais », sans autre explication. Le thème de l'Afrance sera en revanche exploité et largement développé dans un roman ultérieur, La Peur géante.
Bien que le thème de l'Homme et de son double cybernétique ne soit pas aussi intensément exploité et développé que chez un auteur comme Philip K. Dick, les robots androïdes de Rayons pour Sidar offrent les prémisses d'une profonde réflexion sur l'identité humaine.
Les androïdes du roman de Stefan Wul sont présentés comme les doubles robotiques de leurs propriétaires humains. Alors que l'Homme subit les assauts du temps, son double robotique incarne de manière vivante la vitalité de son ancienne jeunesse et conserve tous les souvenirs de la vie de son maître dans sa mémoire électronique. Le double androïde des personnages du roman devient une sorte d'autre moi, d'incarnation permanente d'un passé de jeunesse et de beauté. Le décalage qui grandit entre le propriétaire et son double éternellement jeune induit une sorte d'attachement narcissique du maître à l'image vivante de lui-même qu'est son robot. Dans le récit, la personnage du Résident vit la perte de son robot comme un véritable traumatisme et aucun autre robot plus récent ne saurait remplacer celui qui l'a accompagné toute sa vie avec les traits de ses vingt ans. Les robots sont donc affectivement considérés comme des personnes par leur propriétaires.
Stefan Wul évite dans sa narration tous les développements ambigus auxquels pourrait conduire une telle thématique en imaginant une loi humaine stricte qui impose de détruire les doubles au décès de leur propriétaire. La copie métallique ne peut légalement survivre à son original de chair et de sang.
Si Stefan Wul a toujours déclaré ne pas faire de politique dans ses romans, il n'en reste pas moins que le thème de la colonisation est l'un des thèmes récurrents de ses récits de science-fiction. Si Rayons pour Sidar décrit les efforts acharnés des Terriens pour conserver leur colonie sidarienne afin d'éviter aux autochtones le sort horrible qui les attend en cas de colonisation xressienne, le concept même de colonisation n'est jamais réellement interrogé. Stefan Wul joue le thème de la « bonne colonisation » contre celui de la « mauvaise colonisation » qui entraîne des génocides.
Le choix du thème de la colonisation, à une époque où l'Algérie française est déjà ensanglantée par des mouvements indépendantistes et anti-coloniaux, n'est sans doute pas arbitraire. Il intervient dans La Peur géante (avec une vision politiquement unifiée des colonies française sous le nom d' « Afrance »), dans Oms en série (avec la colonisation d'un territoire inhabité qui donne naissance à une nouvelle civilisation), dans Le Temple du passé (avec la transmission du flambeau de la civilisation terrienne à une espèce de lézard intelligents vivant sur une autre planète) et dans L'Orphelin de Perdide (avec l'achat par le héros d'une planète tout entière et le rêve d'une colonisation qui donnerait naissance à un monde meilleur).
Dans l'œuvre de Stefan Wul, le thème des planètes déviées ou modifiées apparaît à plusieurs reprises avec quelques variantes. Si Rayons pour Sidar décrit une planète quittant artificiellement son orbite pour rejoindre le système solaire, Niourk proposait la solution opposée : la planète Terre sortant du système solaire pour se placer au centre de l'univers. Dans les deux cas, les déviations planétaires sont effectuées par des êtres humains dotés de connaissances scientifiques très avancées qui lui permettent de remodeler l'univers, ultime étape du pouvoir exorbitant que l'Homme réussit à exercer sur la nature.