Refoulement - Définition

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Réalité ou principe causal ?

Ce terme de refoulement a été utilisé pour expliquer un fait constaté : la résistance. (S'il y a le phénomène visible de la résistance c'est, déduisons-nous, parce que le résistant ne veut pas voir ce qu'il se cache. Il préfère donc la dissimulation, signe qu'il y contribue. Il y a une force d'oubli : le refoulement). Mais alors le terme "refoulement" n’est pas le nom d’un fait constaté mais celui d’un principe causal hypothétique et explicateur d’un phénomène constaté (la résistance). Se pose alors la question de la nature de ce principe causal. Selon les positions épistémologiques, certains y verront une réalité alors que d'autres y verront une fiction imaginaire (une fiction sensée tant qu'elle permet de fonder une théorie explicatrice cohérente et en phase avec l'observation).

Refoulement originaire

Le refoulement décrit jusqu'ici se précise comme refoulement secondaire : on a vu que le refoulement était le fait qu'une représentation rejoigne l'inconscient.

Néanmoins, l'inconscient a son histoire, il provient d'un acte psychique qui inaugura la névrose. La formation de l'inconscient remonte au refoulement originel (ou refoulement originaire).

Quel savoir refoulé?

Pour Freud, l’inconscient gouverne nos pensées, nos désirs, nos actes. Il est porteur d’un savoir auquel nous n’avons pas accès sinon à travers ce qu’on appelle ses formations (rêve, lapsus, oubli, acte manqué, mot d’esprit, symptôme), qui signent le retour de ce qui est refoulé et se manifestent en dehors de la volonté du sujet ; celui-ci s’avère donc être dirigé, à son insu, par un réseau articulé de représentations que la conscience ne peut reconnaître siennes, ce que confirme Lacan dans son Séminaire Encore : “l’inconscient est le témoignage d’un savoir” qui “échappe à l’être parlant”. Les représentations refoulées continuent d'influencer le sujet, de déterminer sa vie psychique

Jusqu’à présent la psychanalyse discerne dans ces formations inconscientes un savoir énigmatique, constitué par un matériel littéral, en lui-même dépourvu de signification, savoir qui ne se livre pas facilement, et qui reste donc à décrypter par le travail de libre association de l’analyse.

Lors du retour du refoulé, l’inconscient s’extériorise comme une saillie incongrue dans le discours conscient. Il fait effraction dans notre parole ou notre comportement sur le mode de l’énigme, il se répète contre notre volonté, nous intrigue et nous questionne. Ce savoir obscur qui surgit dans les « formations » de l’inconscient, véritables créations de nature langagière, est un savoir “véhiculé non pas tant par des mots que par ce que j’appelle des signifiants”, avait bien compris Lacan.

L’inconscient est structuré comme un langage, et obéit à ce que Freud nomme le processus primaire de pensée - les mécanismes en œuvre ici étant la condensation et le déplacement - renvoyant à la métaphore et à la métonymie. Le langage de l’inconscient s’écrit donc dans la parole ou le comportement sous la forme d’une écriture codée à déchiffrer, à dénouer (étymologie du mot analyse) comme des «hiéroglyphes ». L’inconscient est de l’ordre de l’écrit et son écriture est de l’ordre du jeu de lettres : l’inconscient sait introduire une lettre supplémentaire ou la retirer ; il sait organiser des déplacements de césure et faire ainsi émerger une signification différente ; il sait jouer sur l’homophonie, sur l’orthographe différente de mots ou de séquences qui ont le même son et qui se prêtent à la dislocation selon le jeu de « lalangue » (nom donné par Lacan au langage de l’inconscient), où l’inconscient du sujet cherche à se faire entendre par «des mots, traités telles des choses, qui valent par leur tissage et leurs connexions littérales comme dans la Poésie ».

« La parole est un don du langage, et le langage n’est pas immatériel. Il est corps subtil, mais il est corps » précise encore Lacan. « L’hystérie se déchiffre comme des hiéroglyphes, les rêves aussi, et tout ce qui paraît hermétique peut être éclairé par celui qui sait écouter, interrompre, ponctuer, répondre, lire. Ce qui est enchevêtré, criant ou obscur, l’exégèse le résout ». Il s’agit de comprendre le jeu de fragments de signifiants à la lettre près, ce qui exige des dons quasi-divinatoires. Les équivoques peuvent alors être dissoutes, les artifices absous par la « délivrance du sens emprisonné ». La prière du psychanalyste est « délivrez moi du sens » grâce à l’association libre de mots d’où émergent des liens subtils entre leurs signifiants littéraux. « Résoudre, dissoudre, absoudre » : il s’agit donc, dans la cure psychanalytique, d’une libération du sujet par un autre sujet déjà libéré, le psychanalyste. « Évidemment, si je n’aime pas ma propre liberté, je n’aimerai pas non plus celle de l’autre. Il le sentira, m’en voudra, me trompera, feindra, s’éternisera, sans prendre la porte de son destin qui lui est pourtant largement ouverte ». La cure psychanalytique libérerait un savoir traumatisant, qui a été refoulé dans l’inconscient.

Le concept de refoulement est cependant remis en question par les partisans d'une approche neurologique de l'esprit humain, et au regard de l'acquisition des récentes connaissances scientifiques sur le fonctionnement cérébral.

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