Sélection sexuelle - Définition

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Sélection sexuelle vs. sélection écologique

Les adaptations issues de la sélection sexuelle sont indépendantes voire antagonistes aux adaptations déterminées par la sélection écologique qui est le résultat des compétitions intraspécifique et interspécifique pour la nourriture au sein de la niche écologique et de l'adaptation à la survie (résistance à la prédation, au parasitisme, etc.). Par exemple l'impressionnante mais encombrante queue du paon lui est essentiellement utile pour la parade amoureuse. Selon la théorie du handicap, c'est même parce qu'un trait est un facteur de risque pour la survie qu'il va faire l'objet d'une sélection sexuelle : les individus ayant intérêt à se reproduire avec ceux qui sont capable de survivre malgré ce handicap (qui atteste donc de leurs capacités).

La combinaison de ces deux types de sélections (sexuelle et écologique) sur les mêmes traits est généralement appelée sélection naturelle. Dans le grand public, la sélection naturelle se limite à sa dimension strictement écologique et la sélection sexuelle est parfois simplement ignorée, mais ceci semble être un reliquat de la pruderie victorienne.

Signaux sexuellement sélectionnés chez les femelles

Dans la majorité des cas, l’apparition des ornements et des caractères sexuels secondaires développés chez le mâle résulte de la sélection sexuelle exercée par les femelles. Cependant des études récentes ont montré que chez certaines espèces, les mâles peuvent également effectuer une sélection chez les femelles (sélection intersexuelle). Les femelles se retrouvent alors en compétition pour avoir accès aux mâles, les attirer et se reproduire (sélection intra-sexuelle). Les espèces où se produit ce phénomène sont qualifiées d’espèces à rôle sexuel inversé.

La sélection est réalisée par le mâle dans les cas où le coût de la recherche de partenaires est faible et lorsque l’investissement parental et le coût de l’accouplement des mâles sont également importants. De même cette sélection est observée lorsque le sex-ratio est biaisé en faveur des femelles et que le potentiel reproducteur de celles-ci varie.

Le choix des mâles est orienté par les caractères sexuels secondaires développés par la femelle tels qu’un plumage/pelage très coloré, des ornements élaborés ou encore des armements. Ces signaux que la femelle exhibe sont des indicateurs de la qualité génétique et phénotypique ainsi que de son succès de reproduction. On observe certains de ces signaux chez différentes espèces.

  • Chez les fous à pieds bleus (Sula nebouxii), espèce socialement monogame, l’intensité de la coloration des pieds donne une indication sur la qualité de la femelle. Selon l’intensité, la fréquence des parades entre partenaires est affectée. Une coloration moins foncée est préférée parce qu’elle montre que l’oiseau est en bonne condition. En effet, les femelles avec les pieds moins foncés pondent un plus grand nombre d’œufs.
  • Dans le cas des gobies de lagune (Knipowitschia panizzae), la taille de la tâche jaune chez ce poisson est un indicateur de fécondité et révèle probablement d’autres indices qui n’ont pas encore été mis en évidence comme par exemple, la qualité des œufs. Les mâles ont une préférence pour des femelles possédant une tâche plus large au niveau du ventre.
  • Chez la volaille (Gallus gallus), il a été montré que la taille des crêtes reflète la fécondité et la bonne santé des femelles et influence le choix des mâles. Ils choisissent préférentiellement les femelles possédant les crêtes les plus larges, qui reçoivent une quantité de sperme plus importante.
  • La coloration grise de la queue chez les faucons crécerelles (Falco tinnunculus) semble être un indicateur de la qualité des femelles. Les plus grises paraissent avoir de meilleures capacités à obtenir un partenaire. La coloration favoriserait donc la sélection des femelles chez cette espèce. Cette coloration, induite par la mélanine, est plus présente chez les femelles adultes et il y a une corrélation entre ce trait et la taille des couvées. La coloration du plumage pourrait être un signal que l’on retrouve également chez d’autres espèces d’oiseaux, par exemple le gobemouche-pie (Ficedula hypoleuca) et le rollier (Coracias garrulus).
  • Un autre cas de sélection sexuelle par les mâles a été démontré chez l’araignée sauteuse (Phihippus clarus), une espèce à rôle sexuel partiellement inversé. Les mâles P. Clarus visitent et gardent plusieurs femelles pendant une période de plusieurs semaines précédant la maturation des femelles; ce système de garde pré-copulatoire favorise la sélection sexuelle par les mâles. En effet, les mâles s’accouplent préférentiellement avec des femelles de grande taille, utilisant la taille des tibias ainsi que des signaux associés à la soie tissée par les femelles comme critères de sélection.
  • Chez les siphonostomes (Syngnathus typhle) les femelles présentent des rayures temporaires sur les flancs. On a montré que cet ornement attire les mâles et en même temps fait fuir les autres femelles. En effet les mâles sont plus attirés par les femelles qui exhibent ce trait car il est le signe d’une femelle plus compétitive.

Cependant, il est facile d'interpréter la présence des ornements comme le résultat de la sélection sexuelle, mais ce n'est peut-être pas toujours le cas. Darwin (1871) pensait qu'à l'exception des espèces a rôle sexuel inversé, il était peu probable qu'un mâle sélectionne une femelle. Il croyait qu'un ornement retrouvé chez la femelle était, chez la plupart des espèces, le résultat d'une sélection de ce trait chez le mâle. En effet, dans ce cas, la femelle choisit de s’accoupler avec un mâle possédant un trait particulier, qui sera alors transmis aussi bien à la descendance mâle qu’à la descendance femelle. Cette idée paraît aujourd’hui trop simpliste, mais l'hypothèse demeure; on l'appelle l'hypothèse de la corrélation génétique. De plus, il n’est pas toujours facile de distinguer l’importance relative de la sélection sexuelle par rapport à la sélection naturelle. Par exemple, la longueur de la queue de l’hirondelle rustique (Hirundo rustica) n’étant pas aérodynamique, elle était supposée résulter de la sélection sexuelle, car elle représentait un inconvénient et induisait donc un coût pour l’individu en question. Mais une étude récente a montré que cette queue était aérodynamique et naturellement sélectionnée dans une population étudiée. Cela remet donc en cause l'explication de la présence de ce trait par la sélection sexuelle.

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