Le superparamagnétisme est un comportement des matériaux ferromagnétiques ou ferrimagnétiques qui apparaît lorsqu’ils sont sous la forme de petits grains ou nanoparticules. Dans des grains de taille suffisamment petite, l’aimantation peut se renverser spontanément sous l’influence de la température. Le temps moyen entre deux renversements est appelé temps de relaxation de Néel. En l’absence de champ magnétique appliqué, si le temps utilisé pour mesurer l’aimantation de ces grains est beaucoup plus grand que le temps de relaxation de Néel, leur aimantation apparaît nulle : on dit qu’ils sont dans un état superparamagnétique. Dans cet état, un champ extérieur peut aimanter les grains, comme dans un matériau paramagnétique. Néanmoins, la susceptibilité magnétique de grains superparamagnétiques est beaucoup plus grande que celle des matériaux paramagnétiques.
Lorsque les dimensions d'une particule atteignent l'échelle du nanomètre, les effets de la température et du temps sur le moment de la particule deviennent cruciaux. Louis Néel a dévoilé ces effets, ce qui l'a conduit aux notions très importantes de superparamagnétisme, de température de blocage, ... L'expression du temps de relaxation en fonction du champ appliqué, donnée par Néel dès 1949 et connue sous le nom de loi de Néel-Brown, est toujours d'actualité, notamment en raison des applications actuelles du nanomagnétisme. Malgré son importance et les tentatives effectuées depuis une cinquantaine d'années, cette loi n'a pu être vérifiée que très récemment.
Imaginons que l’on mesure l’aimantation d’un seul grain superparamagnétique et appelons τm le temps que prend cette mesure. Si τm >> τN, l’aimantation du grain va se retourner de nombreuses fois pendant la mesure, de telle sorte que l’aimantation mesurée apparaîtra nulle. Si τm << τN, son aimantation ne va pas se retourner pendant la mesure, de telle sorte que l’aimantation mesurée sera le moment magnétique porté par le grain. Dans le premier cas, le grain sera dit dans un état superparamagnétique et dans le second dans l’état ferromagnétique. L’état de la particule pour l’observateur (superparamagnétique ou ferromagnétique) dépend donc du temps de mesure. Une transition entre état superparamagnétique et état ferromagnétique a lieu lorsque τm = τN. Dans de nombreuses expériences, le temps de mesure de l’aimantation est constant, mais la température varie, de telle sorte que la transition ferromagnétique-superparamagnétique est observée à une certaine température. La température pour laquelle τm = τN est appelée température de blocage car, en dessous de cette température, l’aimantation du grain est vue comme « bloquée » à l’échelle du temps de mesure.
En principe, n’importe quel matériau ferromagnétique ou ferrimagnétique subit une transition vers un état paramagnétique au-dessus de sa température de Curie. Le superparamagnétisme est différent de cette transition standard, car il apparaît en dessous de la température de Curie du matériau.
Le superparamagnétisme apparaît dans des grains qui sont mono-domaines, c’est-à-dire composés d’un seul domaine magnétique. Ceci est vrai quand les grains ont un diamètre inférieur de 3 a 50 nm, suivant les matériaux. Dans ces conditions, on peut considérer que l’aimantation du grain est en fait un seul moment magnétique géant, somme de tous les moments magnétiques portés par le grain. C’est ce que les gens étudiant le superparamagnétisme appellent « l’approximation macro-spin ».
Dans cet état, il y a une probabilité non-nulle que l’aimantation du grain (le macro-spin) se retourne complètement. Le temps moyen entre deux renversements est appelé le temps de relaxation de Néel τN et est donné par l’équation suivante :
,
où:
Ce temps de relaxation peut valoir de quelques nanosecondes à plusieurs années, ou même plus. En particulier, on peut constater qu’il varie exponentiellement avec le volume du grain, ce qui explique pourquoi cette probabilité de saut est négligeable pour des matériaux massifs ou des gros grains.