Les neurosciences regroupent toutes les sciences nécessaires à l'étude de l'anatomie et du fonctionnement du système nerveux. Le système nerveux regroupe différents organes dont le cerveau, la moelle épinière, les nerfs, les organes des sens et le système nerveux autonome qui contrôle l'homéostasie. Les débuts de l'usage du terme de neurosciences sont très récents ce qui fait que le regroupement actuel de faits antérieurs cet l'usage de ce mot peut paraître arbitraire.
Historiquement, les neurosciences ont d'abord émergé comme une branche de la biologie et de la médecine. Avec l'évolution des connaissances scientifiques et des méthodes la chimie, la psychologie, l'informatique et la physique ont par la suite amplement contribué aux progrès de cette discipline. Par ailleurs, il ne faut pas oublier la philosophie qui a eu et, qui a encore, un impact important sur la façon d'approcher les neurosciences notamment au travers de ce qu'on appelle les sciences cognitives. Un exemple des plus célèbres de la confrontation entre philosophie et neuroscience est la quête d'une localisation de l'âme dans le cerveau. Ainsi, au XVIIe siècle, le philosophe René Descartes utilisait un argument neuroscientifique pour faire de la glande pinéale le siège de l'âme : alors que les différentes structures du cerveau possèdent chacune un symétrique dans l'autre moitié du cerveau, ce n'est pas le cas de la glande pinéale. Si les termes de cette question sont aujourd'hui dépassés, la philosophie continue de jouer un rôle important sur les paradigmes mis en œuvre dans les neurosciences.
Aujourd'hui, l'étude du système nerveux passe par de multiples approches qui suivent deux grandes directions :
Ces deux types d'approches donnent lieu à diverses sous-disciplines dont les frontières sont relativement floues :
Ces deux démarches, ascendante pour la première et descendante pour la dernière, commencent aujourd'hui à se rencontrer à un carrefour formé par l'imagerie cérébrale et plus généralement les neurosciences cognitives. En effet, les techniques d'imagerie cérébrale permettent de déterminer comment une fonction cognitive précise est réalisée dans le système nerveux en mesurant divers corrélats de l'activité neuronale (vasculaire pour l'IRM fonctionnelle, électrique pour l'EEG...) lorsque le sujet (humain ou non) réalise une tâche donnée (écouter un son, mémoriser une information, lire un texte...).
L'une des activités les plus médiatisées des neurosciences est l'atlas neuro-fonctionnel du cerveau. Une autre en plein essor est la neuropsychologie. Une meilleure connaissance des pathologies neuronales est aussi un domaine considéré crucial. On peut aussi citer le développement de la neuroéconomie.
Dans ce dernier domaine, les recherches auraient montré que certaines décisions dans des domaines censés être rationnels (achats et vente en bourse) seraient souvent liées à de fortes excitations et émotions, mettant en jeu des zones du cerveau associées au plaisir ou à la souffrance. Cela ouvre la voie à l'exploration du rôle des émotions dans le processus de décision quel que soit le domaine.
Pour leur ambition de comprendre les mécanismes de la pensée selon une vision tirée du monisme anthropologique, les neurosciences font l'objet de critiques qui se rassemblent autour d'une démarche antiréductionniste : selon ces critiques, les neurosciences perdent de vue la complexité des phénomènes qui relèvent traditionnellement d'autres champs scientifiques comme la linguistique, l'anthropologie, la psychologie, la sociologie ou la psychiatrie.
Même si certains neuroscientifiques tombent effectivement dans une approche ultra-réductionniste, la plupart comme le philosophe Daniel Dennett dénoncent ce réductionnisme pouvant correspondre à des motivations cupides. Au contraire, les neurosciences cognitives contemporaines tentent de tracer des ponts entre l'exploration des mécanismes cérébraux et la richesse des phénomènes cognitifs. Les critiques leur opposent néanmoins les vastes pans qu'il reste à établir avant de pouvoir expliquer une conduite ou un état d'âme aux moyens de ces nouveaux outils scientifiques.
Les neurosciences sont aussi critiquées pour leur dimension éthique, sociale et technologique. Le problème de la responsabilité sociale de l'activité scientifique n'est pas propre aux neurosciences mais il est exacerbé par la médiatisation des avancées faites dans ce domaine et par la fascination liée à l'idée de transformer non pas l'enveloppe corporelle de l'homme (à ce sujet voir l'article clonage) mais le fonctionnement de son esprit (voir transhumanisme). Certains s'inquiètent ainsi de l'émergence d'un neuromarketing dont l'objectif est d'utiliser les neurosciences pour améliorer l'efficacité des campagnes de marketing.
D'autres s'élèvent contre des généralisations ne se basant que sur les applications qui seraient discutables, mettent en balance la nécessité de mieux comprendre le mental humain et considèrent que le choix des applications des découvertes est lié à tout progrès scientifique et n'est en rien spécifique aux neurosciences. Ils défendent l'idée que c'est au pouvoir politique de mettre si nécessaire des garde-fous éthiques aux utilisations technologiques ou sociales des progrès scientifiques sans pour autant entraver la recherche.