Abbaye Saint-Pierre de la Couture - Définition

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Introduction

Abbaye Saint-Pierre de la Couture
Abbaye Saint-Pierre de la Couture

Ordre bénédictin
Fondation VIe siècle
Fermeture 1791
Diocèse Le Mans
Fondateur Bertrand du Mans
Emplacement Le Mans, quartier Saint-Nicolas
Coordonnées 47°59′28.3″N 0°14′31.3″E / 47.991194, 0.242028

L'abbaye Saint-Pierre de la Couture est une ancienne abbaye française située au Mans, aujourd'hui partiellement disparue, dont demeurent l'église abbatiale Notre-Dame et le cloître. Le reste des bâtiments constitue les locaux de l'actuelle préfecture de la Sarthe. Le monastère date du XIe siècle siècle mais les bâtiments visibles actuellement ont été reconstruits entre 1760 et 1775. Elle est à considérer comme l'une des abbayes les plus puissantes de l'Ouest de la France avant la Révolution française.

Histoire

La fondation: un élan puissant

Le fondateur de l'abbaye est saint Bertrand, évêque du Mans de 586 à 616. Il fonde le monastère « de la couture » en l'honneur de Pierre et Paul. Le nom de Couture ou cultura fut choisit en raison des champs cultivés qui à l'époque, enserraient le monastère. À partir du Xe siècle, le terme prend le sens de cultura dei : le culte à Dieu. À l'époque, les habitants de la ville s'étaient retranchés derrière les murs défensifs. Seul le faubourg Saint-Nicolas était alors un modeste lieu d'habitation de ce côté de la Sarthe. Dans le folklore local, l'archange Michel serait descendu sur terre afin d'indiquer l'endroit précis de création à Saint-Bertrand. La zone rurale était alors située à environ 600 mètres au sud de l'extrémité de la muraille gallo-romaine. Le monastère amassa rapidement un nombre important de terres, à commencer dans le Maine par des dons de seigneurs locaux. Mais ces possessions s'étendirent dans toute la France. Les plus fameuses furent situées dans le Bordelais, la Provence, la Bourgogne, et surtout, en Angleterre. De ces possessions étrangères, l'abbaye a toujours conservé un symbole. Le blason de l'abbaye a toujours pris les double couleurs de la fleur de lys du royaume de France et des trois lions anglais.

Une petite agglomération se constitua entre le faubourg Saint-Nicolas et l'abbaye. Ce bourg suburbain fut le plus dynamique de la périphérie de l'ancienne cité. La population sortit de murs ou vint des campagnes pour profiter d'un grand dynamisme économique avec pour noyau, l'abbaye elle-même. Chose classique, cette agglomération est aujourd'hui le centre la ville. Cependant, l'hyper-centre, tel qu'on le connait (place Saint-Nicolas et non place de la République) demeure éloigné de plusieurs centaines de mètres de l'abbaye.

Le temps des difficultés

Entrée vers l'église abbatiale

Les IXe siècle et Xe siècle ne sont cependant pas à l'avantage des religieux. Ils subissent la loi des nouveaux seigneurs laïcs, des comtes du Maine et se font bientôt attaquer par les Normands. L'abbaye est partiellement détruite et ses possessions culturelles sont brûlées. Gauzbert refonde l'abbaye Saint-Pierre de la Couture en 990, soutenu cette fois par Hugues Ier, comte du Maine, en accord avec Avesgaud, évêque du Mans. Bien qu'attiré par le mouvement clunisien, Gauzday n'en dépendait pas. Cependant, comme l'ordre de Cluny, la Couture essaya au maximum de garantir son indépendance face aux pouvoirs seigneuriaux et même épiscopaux. Surtout l'évêché du Mans est l'un des plus grands de France de par sa taille, mais aussi de par sa puissance et ses capacités financières. L'abbaye essaya comme beaucoup d'autres de se placer sous l'autorité directe du pape. L'abbaye dut faire face à un nombre conséquent de procès face aux seigneurs locaux. Si les dons sont importants pour l'abbaye à cette époque, c'est surtout qu'elle récupère des terres perdues lors de conflits ou bien usurpées par des seigneurs laïcs. Avec ces récupérations, les recettes vont bon train et l'abbaye peut reconstruire son église abbatiale aux XIe et XIIe siècles.

L'apogée

Au début du XIIe siècle siècle, l'abbaye possède 30 000 hectares de terres, ramassés cette fois sur la région du Mans. Elle possède également 50 prieurés dont le bien connu prieuré de Solesmes, acquit en 1110. La Couture devient dès lors la plus puissante abbaye du Maine et l'une des plus grandes au plan du royaume tout entier. L'abbé supérieur est considéré à l'égal d'un seigneur, doté de puissants pouvoirs fiscaux comme judiciaires. Il fait « jeu égal » avec les comtes du Maine et est même plus important que l'évêque. Les églises de la ville et des faubourgs sont soumises à l'autorité de l'abbaye. Mais la guerre de Cent Ans vient bientôt provoquer de nombreuses destructions dans l'abbaye et dans nombre de ses prieurés. Au XIVe siècle et XVe siècle, les périodes d'occupation anglaise sont les plus destructrices, à l'instar de l’abbaye de l'Épau, incendiée pour empêcher l'ennemi de s'y réfugier. Cependant, c'est aussi pendant cette période que son autonomie se renforce et que les prieurés trouvent en elle une aide efficace.

Le déclin

Dès 1518, c'est de nouveau le déclin. D'abord, les abbés sont désormais nommés par autorité royale. L'autonomie de l'abbaye est menacée. Les abbés perçoivent les revenus qui leurs sont dus sans même assurer la fonction spirituelle qui leur incombe. Ce nouveau système, résultat du concordat de Bologne de 1516, n'était qu'un point de plus pour le roi dans sa prise de pouvoir sur le clergé. Le roi Henri IV séjourne dans l'abbaye lors du siège du Mans contre les ligueurs le 28 Novembre 1589. Dès 1657, on demande aux mauristes de réformer le monastère. Mais les moines s'y opposent. C'est un renouveau pour l'abbaye que la seconde moitié du XVIe siècle; mais son autonomie est inexistante, bien à l'inverse d'avant sa mise en commande. Elle est intégrée à la congrégation nommant les abbés pour trois ans. Elle n'est plus qu'un pion dans la grande congrégation de Saint-Maur. C'est également l'époque des plus violentes tensions avec l'autre "grande" abbaye du Mans : l'abbaye Saint-Vincent, privilégiée par les mauristes. En 1760, on ordonne la reconstruction de l'abbaye. De nombreuses destructions ont été occasionnées lors de la guerre de Cent Ans et les guerres de religion, sans oublier les incendies l'ayant partiellement endommagée. Pourtant, à la veille de la Révolution, l'abbaye est extrêmement puissante, possédant plus de 6 000 hectares de terres, 33 prieurés et 224 fermes (plus 18 moulins). À la Révolution, tout est vendu à l'exception des seules église abbatiale et du monastère. L'église devient dans les temps les plus sombres, un temple du culte Robespierriste. C'est ainsi que le 8 juin 1794, la fête de l'être suprême y est célébrée. On propose déjà alors de transformer les bâtiments en bibliothèque. Mais après le concordat réalisé entre Napoléon et Pie VII, l'église abbatiale devient définitivement paroissiale.

Vers un édifice moderne

Ancienne galerie du cloître

La reconstruction de 1760 en fit un bâtiment remarquablement grand par rapport à la petite communauté qui y résidait, à savoir 24 moines. Bien que le projet initial fût d'une envergure encore plus gigantesque, l'église mit un frein à la reconstruction devant la petite congrégation disposée à vivre dans le monastère. A titre d'exemple, le projet devait ouvrir 21 fenêtre sur le bâtiment principal et ce furent au final 15 fenêtres seulement qui furent créées. Le monastère original se composait d'un bâtiment principal situé en parallèle de la nef au sud et de deux ailes perpendiculaires partant à l'ouest de la tour Sud de Notre-Dame et à l'est du croisillon sud de son transept. L'espace central est coupé en deux par une sorte de bâtiment intermédiaire donnant au nord le cloître et au sud la cour de la cuisine. Le plan ne fut guère plus innovant que celui de l'ancienne abbaye mais il prolongea l'aile est ainsi que l'aile du midi en direction du nord. Dès les origines de la préfecture, ce bâtiment lui est affecté. Le décret du 11 février 1791 autorise officiellement l'administration départementale (et locale, urbaine) à s'y réunir en conseil. La salle historique du conseil général, où se déroula le premier conseil le 20 juillet 1790, est toujours utilisée aujourd'hui. Pour autant, l'abbaye ne servit pas seulement de préfecture. Pendant des centaines d'années, elle abrita une bibliothèque, des archives avant même d'être un musée d'archéologie. Elle servit même de logement de fonction pour certains fonctionnaires de l'administration publique. Mais à mesure que ces services se multiplièrent, et malgré la grandeur de l'espace à disposition, la cohabitation de transforma en surcharge généralisée du bâtiment. On a alors retravaillé très largement les bâtiments pour gagner en place et faire jouer une extension spatiale ne dénaturant pas excessivement l'esthétique des bâtiments. Cela fut partiellement un échec avec la fermeture du cloître ainsi que la création des étages intermédiaires. Le début du XXe siècle siècle marque la fin de l'engorgement. Les archives sont bientôt transférées à l'abbaye Saint-Vincent. Ces archives avaient déjà nécessitées plusieurs extensions de salles situées dans l'entresol en 1853, puis avaient annexées un nouveau sous-sol de l'abbaye en 1856. En 1907, la situation est critique avec 1848 mètres linéaires de tablettes et 30 mètres cubes de papiers entassés. Le responsable archiviste d'alors, Julien L'Hermitte, à force de demandes, finit par obtenir le déménagement en 1908. Le déménagement n'eut lieu que 3 ans plus tard, à la fin septembre 1911. Les archives se baladèrent encore longtemps dans la ville avant de trouver un point d'ancrage spécialement apprêté à Pontlieue en 2002. Outre les archives, plusieurs salles servirent au XVIIIe siècle à entreposer les collections archéologiques et picturales des musées du Mans. C'était également le cas à la collégiale Saint-Pierre la Cour et au palais des Comtes du Maine. Le tout part en même temps vers l'hôtel de Tessé en 1927. Il en est de même pour les services de la mairie qui déménagent vers le palais des comtes du Maine. Quant à la modeste bibliothèque, qui n'avait de cesse de croitre, elle est envoyée rue Gambetta dans le quartier des halles en 1931. En 1934, on créé une nouvelle aile à l'est de celle du midi. Les 21 novembre 1959, la galerie, le cloître et le grand escalier sont classés aux monuments historiques. De plus, en 1960, les anciens terrains de l'abbaye, situés rue Chanzy, permettent la création de la cité administrative. Une fois la place revenue, on songe enfin à restaurer les locaux, surtout grâce aux nouvelles subventions obtenues grâce au label monuments historiques. Cette entreprise débute dès le déménagement de la cité administrative, elle est confiée à l'architecte Jean-Louis Lagrange. L'aile est et le cloître sont les premiers à en profiter, puis vient le hall et l'escalier d'honneur. En 1961, le grand escalier est entièrement refait. Quant à l'enclos de l'abbaye, grand de 2,8 ha, il servit non seulement à installer la cité administrative, mais également à construire le collège Berthelot ou le parc Victor-Hugo. Aujourd'hui, l'ancienne abbaye n'est ouverte au grand public qu'une à deux fois par an pour des visites guidées et des parcours thématiques.

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