La seule partie de l'abbaye qui a encore aujourd'hui une vocation religieuse est l'église Saint-Vincent, qui a d'ailleurs été élevée au rang de basilique en 1933 par le pape Pie XI.
L'école d'application des Isles occupe la place de la maison abbatiale, alors que la manufacture des tabacs est construite où se situaient jadis les granges de l'abbaye.
Mais la majeure partie de l'abbaye est visible dans les murs du lycée Fabert : des bâtiments de l'abbaye, il reste le cloître, le couloir d'entrée sur lequel donnent les salles capitulaires, les réfectoires qui remplissent toujours leur office avec leurs tables de marbre d'époque et les bureaux de l'intendance. Un escalier magnifique mène au premier étage, où se trouvent les bureaux du proviseur. Le cloître est fait d'arcades en plein cintre, et l'un de ses côtés se prolonge par la grande galerie de l'abbaye qui en est la réplique, et du côté de l'église, des gargouilles, imitant les figures grotesques des gargouilles gothiques, évacuent l'eau qui tombe des toits de l'abbaye. Les portes des salles conventuelles sont richement décorées et certaines d'entre elles possèdent une niche destinées à accueillir des statues de saints. Sur le fronton de celle qui permet le passage entre le cloître et le jardin des moines qui est aujourd'hui la cour du lycée, est inscrit un vers du poète latin Ausone : « Sunt etiam musis sua ludicra », ce qui signifie : « même les muses ont leurs distractions ».
À l'autre bout de la grande galerie, on peut observer une fantaisie architecturale : une voûte à sept pans inégaux sur arrêtes d'ogives, absolument nécessaire pour pouvoir placer une cheminée à cet endroit. Un peu plus loin se dressent les réfectoires. Deux d'entre eux sont très vastes, et séparés en deux par des petites colonnes se terminant par des chapiteaux corinthiens, et le dernier, beaucoup plus petit, est une salle à quatre travées soutenues par un pilier carré au centre. La dernière salle conventuelle est aujourd'hui occupée par l'intendance. Ses murs portent des ornements en relief représentant des mets maigres et notamment des poissons. Il s'agissait sans doute d'une salle de réception. L'abbaye semble richement décorée lorsqu'on est à l'intérieur, ce qui fait contraste avec la sobriété des façades lorsqu'on la regarde de la rue : les huisseries sont étroites mais très élégamment entourées par des pierres de taille. Une grande partie du premier étage est occupée par les différents appartements de fonction.
L'abbaye n'est ouverte qu'exceptionnellement au public, en partie à cause de risques d'effondrement de la voûte.
Depuis longtemps déjà, l'abbaye était en ruines, et les moines ne disposant pas d'assez d'argent, attendirent 1737 pour ouvrir un concours pour la reconstruction de la façade, mais les architectes demandaient la somme énorme de 120 000 francs ; cependant, ils durent se résoudre à cette dépense, et en 1768, les travaux commencèrent. On refit les deux premières travées en copiant exactement le XIIIe siècle. Au contraire, l'ancienne tour fut détruite et remplacée par un portail dans le goût du jour. Cette façade est une imitation de l’église Saint-Gervais à Paris sous la direction des architectes Louis, Barlet et Lhuillier. Sa reconstruction témoigne du rayonnement des abbayes au XVIIIe siècle.
À la même époque, on reconstruit les bâtiments de l'abbaye.
En 1770, la maison abbatiale qui ne sert plus à rien, est louée à la ville pour faire un dépôt de mendicité.
En 1790, quand l'abbaye est supprimée, seul un religieux refusa de quitter les lieux, et il fut retrouvé mort six jours après son expulsion de force. En 1791, l'église devient paroisse et le redevient à nouveau après le rétablissement du culte en 1802. Pendant la Révolution, la terreur n'était pas seulement politique, elle était également religieuse. Le culte catholique fut très rapidement suspecté par les autorités et les objets du culte furent confisqués dans toutes les églises. Saint-Vincent n'échappa pas à la règle commune : ses cloches furent descendues et envoyées à l'hôtel de la Monnaie de Metz pour être fondues. À partir de cette époque, elle fut successivement magasin et atelier pour charrois militaires, puis prison pour les suspects, logement pour les prisonniers de guerre et enfin hôpital pour les chevaux malades. Autant dire qu'après la tourmente révolutionnaire, elle se retrouve dans un état de délabrement presque inimaginable. Dans les carnets d'un prêtre de Metz, il est notifié qu'elle ne possédait : « plus une fenêtre, plus une porte, et pas même une ferrure ». Cependant, les bâtiments étaient encore solides car ils n'avaient pas plus de trente-cinq ans. Au début du XIXe siècle, elle fut à nouveau amputée par le percement de la rue Goussaud. En 1803, ce qui restait de l'abbaye fut attribué au lycée impérial.
La majestueuse façade classique est ornée en 1900 de statues et de bas-reliefs, représentant saint Vincent, sainte Lucie et leurs martyres.