Abbaye aux Dames | ||
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Latitude Longitude | ||
Pays | | |
Région | Basse-Normandie | |
Département | Calvados | |
Ville | Caen | |
Culte | Catholique romain | |
Type | Abbaye | |
Début de la construction | XIe siècle | |
Fin des travaux | XVIIIe siècle | |
Style(s) dominant(s) | Roman et classique | |
Protection | Classé MH | |
Localisation | ||
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L'Abbaye aux Dames est l'une des deux grandes abbayes de Caen. L'église abbatiale de la Trinité abrite depuis 1083 le tombeau de Mathilde de Flandre, épouse de Guillaume le Conquérant. L'abbaye est le siège du Conseil régional de Basse-Normandie depuis 1986. L'ancienne église abbatiale fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840. L'ensemble des bâtiments conventuels fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 24 juin 1976.
Deux histoires peuvent être avancées pour expliquer la fondation de l'abbaye. La première fait de l'abbaye aux Dames une œuvre d'expiation pour les péchés commis par le couple ducal formé par Guillaume le Conquérant et Mathilde de Flandre. En 1050 ou 1051, le duc de Normandie épouse en effet Mathilde, fille du comte de Flandre. Mais le père de la mariée, Baudouin V, était le petit-fils de Richard II de Normandie tout comme Guillaume. Leur mariage, jugé consanguin, est donc prohibé par le pape Léon IX. En contrepartie du pardon accordé par le Pape Nicolas II, ils fondent à Caen en 1059 deux abbayes bénédictines : l'abbaye aux Hommes dédiée à saint Étienne, et l'abbaye aux Dames dédiée à la Trinité.
Au-delà de cet acte fondateur romantique, il existe des raisons plus politiques. Guillaume appelé le Bâtard doit combattre pendant toute la première partie de son règne les barons de Normandie. Il cherche donc à asseoir davantage son autorité sur la basse Normandie où la rébellion a été la plus forte. Cela passe par la construction de châteaux, mais également par la fondation d'abbayes, selon un schéma classique en Normandie depuis le Xe siècle. Le duc décide donc de densifier le réseau d'établissements monastiques en basse Normandie, alors beaucoup plus lâche que dans la vallée de la Seine mieux contrôlée par les ducs de Normandie. L'abbaye aux Hommes, comme l'abbaye aux Femmes, ont toutefois dans ce dispositif une place privilégiée. En effet, sur les 18 abbayes élevées durant le règne de Guillaume le Conquérant, seules deux, celles de Caen, sont fondées directement par le duc lui-même, les autres étant créées par des seigneurs locaux et reconnues ensuite par le duc. La fondation de l'abbaye aux Hommes et de l'abbaye aux Dames s'inscrit donc dans un dessein politique plus large qui vise à faire de Caen un point d'appui plus proche de la sédition que Rouen qui se trouve dans la partie orientale du duché. En choisissant de s'y faire inhumer - en 1083 à l'abbaye aux Dames pour Mathilde de Flandre et en 1087 à l'abbaye aux Hommes pour Guillaume le Conquérant - Guillaume et Mathilde inscrivent dans la durée l'attention des ducs-rois non seulement pour l'abbaye, mais également pour la ville de Caen qui, d'un gros bourg de constitution anarchique, devient la capitale secondaire de la Normandie. Les descendants de Guillaume confortent ensuite le lien des deux abbayes avec la dynastie ducale et royale. Ainsi, fait exceptionnel, Guillaume le Roux dépose les insignes royaux (couronnes et sceptres) de ses parents au trésor des deux abbayes où ils sont inhumés.
Les travaux de l'église de l'abbaye aux Dames commencèrent en 1062 et furent achevés en 1130. On commença par le chevet, au XIe siècle, puis on ajouta de petits arcs-boutants à l'extérieur pour renforcer l'édifice. Le 18 juin 1066, a lieu la dédicace de l’abbatiale de la Trinité encore en travaux. Mathilde est morte en 1083 et son tombeau se trouve toujours dans le chœur de l'église.
Au XVIIe siècle, l'abbesse Laurence de Budos redresse spirituellement l'abbaye en obligeant les religieuses à respecter la règle de Saint-Benoît. Au XVIIIe siècle, les bâtiments conventuels sont reconstruits sur les plans de Guillaume de la Tremblaye, moine-architecte chargé également de reconstruire l'abbaye aux Hommes. Les travaux commencent en 1702, mais sont interrompus en 1737, faute de fonds suffisants. Grâce à l'aide du roi, les travaux reprennent en 1767. Mais la Révolution française éclate et le cloître n'a jamais été achevé.
Escalier d'honneur des bâtiments conventuels | Galerie du cloître |
Pendant la Révolution française, les religieuses furent chassées de l'abbaye en 1791, pour y revenir en 1820 - quand l'Abbaye devint l'Hôtel-Dieu de Caen, puis l'hospice Saint-Louis - et y restèrent jusqu'en 1980. En 1865 l'église de l'abbaye devint église paroissiale du quartier et fut profondément restaurée. Au XVIIIe siècle, la voûte a été démolie pour être reconstruite. Au XIXe siècle, la façade et les tours ont été reconstruites intégralement. En juin 1944, pendant le débarquement allié et la bataille de Caen, l'église et l'abbaye furent relativement épargnées par les bombardements, alors que la ville fut en grande partie détruite. Une dernière restauration de l'intérieur de l'église intervint entre 1990 et 1993.
Fronton du portique de l'Hôtel-Dieu | Portique de l'Hôtel-Dieu |