Abbaye de Saint-Sever - Définition

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Contexte historique

La renaissance gasconne du XIe siècle, qui fait suite aux invasions barbares, tient pour une bonne part à la multiplication des monastères. On leur doit le défrichement des terres vacantes et des forêts et le regroupement des paysans autour des abbayes et prieurés (voir sauveté). Parallèlement, évêques et abbés s’emploient à reconstruire les villes ruinées par les Vikings : Oloron, Nogaro, La Réole, Saint-Sever leur doivent l’existence ou la résurrection.

Origines

Au Ve siècle, Severus (le futur saint Sever) est envoyé par le pape pour évangéliser la Novempopulanie. Il est martyrisé et décapité par la Vandales et, au VIIIe siècle, les bénédictins édifièrent une chapelle pour recueillir sa dépouille.

La fondation d’une abbaye, non loin du site antique de Morlanne, qui domine la vallée de l’Adour, est à la fois un acte politique et religieux qui permet aux comtes de Gascogne de mieux asseoir leur autorité.

C’est en 988 que Guillaume Sanche achète la terre et décide d’y édifier un monastère. À l’époque, la région compte en effet de nombreuses et riches villae romaines mais aucune cité importante. L’abbaye bénédictine de Saint-Sever va connaître, dans tous les domaines, une expansion et un rayonnement exceptionnels, notamment grâce à Grégoire Montaner, moine de Cluny, devenu abbé en 1028. C’est sous son abbatiat, qui durera jusqu’en 1072, que commence la reconstruction de l’église sur le modèle de Cluny, avec des maîtres d’œuvre et des sculpteurs aussi remarquables par leur expérience que par leur esprit novateur. Ces travaux font suite à un incendie survenu en 1060.

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Le reliquaire

Le reliquaire de Saint-Sever

L’abbaye de Saint-Sever possédait au Moyen Âge de nombreuses reliques dont la plus célèbre était le chef (autrement dit la tête, le crâne) de saint Sever. Cette dernière fut détruite lors des guerres de religion qui firent des ravages dans la région. Aussi, après avoir patiemment reconstruit le sanctuaire vandalisé en 1569 (l’autel fut restauré en 1681), les moines se préoccupèrent de trouver une relique insigne.

L’église Sainte Eulalie de Bordeaux possédant, selon une tradition immémoriale, les restes de saint Clair et de ses compagnons (dont saint Sever), une ambassade obtint de l’archevêque la permission de retirer du reliquaire bordelais une partie des reliques de saint Sever en 1714. Le retour officiel eut lieu en 1716, en grandes pompes. Le reliquaire actuel date de 1783 et a été offert par monseigneur Playcard de Raygecourt, évêque d’Aire-sur-l'Adour. Ce reliquaire est le témoignage de la volonté de l’évêque de rester fidèle au goût baroque français, en opposition au goût néo-classique.

Une abbaye puissante

Dans tous les domaines, qu’ils soient religieux, administratif, social, économique et culturel, la Gascogne connaît un renouveau grâce à l’abbaye qui s’impose à toute la province comme une véritable puissance foncière. À son apogée, dès la fin du XIe siècle, un vaste domaine entoure le monastère qui possède également dans le diocèse d’Aire-sur-Adour de nombreuses villae de l’époque romaine, terres et églises, dans un rayon de 35 km. Hors de ce diocèse, le monastère acquiert des domaines en Agenais, Bazadais et Pays de Born (Prieuré de Mimizan). Au-delà, Saint-Sever détient une église en Navarre près de Pampelune, ainsi que des biens en Gironde, dont l’église de Soulac-sur-Mer. En Gascogne, la plupart des possessions de Saint-Sever correspondent à une situation stratégique de l’époque : site défensif, zone de passage sur la Garonne ou l’Adour, axe de circulation. Distantes d’au maximum une trentaine de kilomètres l’un de l’autre, ces possessions constituent pour les pèlerins des jalons et gîtes d’étape. Dans le choix des acquisitions, on tient également compte de la fertilité des terrains. La vallée de l’Adour, les côtes de Buzet, les possessions en Armagnac, les vignes en Bordelais dévoilent des centres d’intérêt et les préoccupations économiques des moines qui plantent des vignes non loin des monastères. Le déclin s’amorce avec la guerre de Cent Ans et se précipite avec les guerres de Religion. En 1569, les protestants rasent les bâtiments conventuels. Ils ne seront reconstruits qu’à la fin du XVIIe siècle. Avec la Révolution française, les moines sont chassés. L’église est par la suite rendue au culte mais les bâtiments monastiques sont occupés par la mairie et diverses administrations.

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