Un algocarburant est un carburant à base de lipides extraits des micro-algues. Les algocarburants sont des biocarburants de « troisième génération » potentiellement capables de remplacer les controversés biodiesels de « première génération », obtenus à partir d'huile végétale de plantes terrestres.
Le précurseur de l'utilisation des algues à l'échelle industrielle est Alexandre Saint-Yves d'Alveydre à la fin du XIXe siècle. Il entreprit la mise au point d'applications industrielles de plantes marines, et arrêta son projet faute de capitaux (De l'utilité des algues marines paru en 1879 / Editeur : O. Berthier; Langue : Français ; ASIN: B001BS47TU).
Les recherches pour la mise en production de ces microalgues sont en cours. La mise en production en elle-même est estimée pouvant intervenir entre 2012 et 2020. Responsable du programme de recherche français Shamash, Olivier Bernard (INRIA) précise ainsi : « Une production à grande échelle n'est pas imaginable avant au moins cinq ans, plus vraisemblablement dix ». Les sociétés privées proposent des scénarios plus optimistes, « ne serait-ce que pour plaire à leurs capital-risqueurs ».
Un rapport du National Intelligence Council (organe synthétisant les analyses géopolitiques des services de renseignement américains) suggère quant à lui que « les nouvelles technologies énergétiques (biocarburants, énergie solaire photovoltaïque et l'énergie éolienne) ne seront probablement pas commercialement viables et répandues en 2025 » dans son rapport titré « Global Trends 2025 - a Transformed World ». Ce rapport indique également que le coût de développement à grande échelle des nouvelles infrastructures associées aux biocarburants (transport de l'hydrogène par exemple) serait un problème, mais que le développement d'infrastructures locales seraient plus bas et envisageable (production d'énergie pour de petits commerces ou maisons individuelles).
La société française Fermentalg a lancé la production d'Oméga 3 à partir de microalgues dans des cuves à l'abri de la lumière, et développe la recherche pour exploiter ce procédé au profit de la production d'algocarburant.
La Société Solazyme Inc, a été sélectionnée par l'US Department of Defense (DoD) pour développer et produire à l'échelle commerciale des biocarburants à base d'algues, qui répondent aux spécifications de la marine américaine pour ses plates-formes militaires tactiques. Solazyme produira un carburant renouvelable sous le nom commercial "Soladiesel ® F-76". Ce sont 20.000 gallons qui doivent être livrés en 2010 pour commencer les premiers tests de compatibilité avec l'actuel carburant diesel "F-76 Naval distillat".
Les algues sont le premier composant du kérogène, duquel est issu le pétrole.
Les diatomées et les chlorophycées ont un processus photosynthétique similaire à celui des plantes supérieures. Elles sont capables de fixer, comme le font les plantes terrestres, le CO2 grâce à l’enzyme Rubisco (Ribulose 1,5 bisphosphate carboxylase). Les produits du cycle de Calvin servent de point de départ aux biosynthèses de sucres ou de lipides. L’enzyme acétylcoenzyme A carboxylase (ACCase) joue un rôle clé, notamment chez les diatomées, dans la voie de synthèse des triglycérides ou triacylglycérols (TAG), molécules recherchées pour l’obtention des carburants.Une carence en silice induit chez les diatomées une synthèse accrue en lipide, ceci en lien avec l’activité du gène de l’ACCase. Ce gène a été isolé et cloné en vue de chercher à augmenter son expression et donc la production d’huile. Un stress azoté chez les algues vertes s’accompagne des mêmes effetsréf. à confirmer : .
Il existe différents types de rendements.
Le rendement en biomasse caractérise la production de matière vivante, ce rendement est une base de comparaison pour les sources de biocarburants (céréales, algues, arbres, etc.). Ce rendement est particulièrement utilisé dans l'analyse du remplacement du pétrole par une énergie renouvelable équivalente (liquide, avec peu de modification des systèmes déjà existants comme les moteurs).
Le rendement énergétique caractérise la production finale d'énergie, quelle que soit sa forme (carburant ou électricité). C'est un indicateur de comparaison global.
Selon le programme de recherche Shamash, coordonné par l'INRIA, certaines microalgues « peuvent accumuler jusqu'à 50% de leur poids sec en acides gras ». Les microalgues expérimentées sont les diatomées et les chlorophycées.
Selon l'IFREMER, « on estime entre 200 000 et un million le nombre d’espèces d’algues existant dans le monde. Cette diversité biologique, répondant à une exceptionnelle adaptabilité, laisse préjuger d’une richesse proportionnelle en molécules originales et en lipides (algo-carburants). Comparativement aux espèces oléagineuses terrestres, les microalgues présentent de nombreuses caractéristiques favorables à une production d’acides gras qui pourraient notamment être mises à profit pour produire des algo-carburants. Les principaux atouts sont un rendement environ 10 fois supérieur en biomasse et l’absence de conflit avec l’eau douce et les terres agricoles. La production pourrait représenter 20 000 à 60 000 litres d’huile par hectare par an contre 6 000 litres pour l’huile de palme, un des meilleurs rendements terrestres. »
Selon Yusuf Chisti de l'Université Massey en Nouvelle-Zélande (Institute of Technology and Engineering), le rendement des diatomées et chlorophycées est nettement supérieur à celui des plantes terrestres telles que le colza car ce sont des organismes unicellulaires ; leur croissance en suspension dans un milieu aqueux leur permet un meilleur accès aux ressources : eau, CO2 ou minéraux. Selon les scientifiques du NREL (National Renewable energy Laboratory), les algues microscopiques sont capables de "synthétiser 10 fois à 100 plus d’huile à l’hectare que les plantes terrestres oléagineuses utilisées pour la fabrication d'agrocarburants".
Les carburants nécessaires pour le transport routier des États-Unis pourraient être couverts par la production d'algocarburants sur une surface de 90 000 km2, soit à peu près la superficie totale de la Hongrie. Un rendement à comparer avec celui de l'huile de palme, qui pour le même usage nécessiterait la surface totale d'un pays comme le Pakistan. Un chercheur ayant réalisé une étude pour le Département de l'Énergie des États-Unis estime quant à lui que le carburant consommé aujourd'hui aux États-Unis pourrait être produit sur une surface moindre, équivalente à celle de l'Etat de Maryland qui fait 27.091 km2, soit un carré de 165 km de côté.
Le rapport « Agrocarburants et Environnement » publié fin 2008 en France par le Ministère de l’écologie, affirme pour sa part que le rendement de conversion de l'énergie solaire par les microalgues est de l'ordre de 3 watts par m2 , soit 2 à 10 fois moins que l’énergie éolienne (entre 5 watts par m2 et 20 watts par m2), ou l’hydroélectricité de montagne (entre 10 watts par m2 et 50 watts par m2). La conclusion tirée par ce rapport est que « Les agrocarburants se situent dans la zone des rendements les plus faibles, ils sont de fait limités par le rendement de la photosynthèse qui est très faible (<1%). La troisième génération, utilisant des algues, restera largement moins efficace que les solutions « électriques » quelles qu'elles soient, notamment l'utilisation de l'énergie solaire », ainsi « les agrocarburants n'ont donc pas d'autre justification que celle de fournir du carburant utilisable pour les transports en substitution des carburants d'origine fossile ».
Les estimations du coût de production industrielle divergent.