L'algorithme de décalage n-racines est un algorithme pour extraire la ne racine d'un nombre réel. Itératif, il procède en décalant n chiffres du radicande à partir du chiffre le plus significatif. Ressemblant à la division au long, il retourne un chiffre à chaque itération.
Posons B la base du système de nombres et n le degré de la racine à extraire. Soit x le radicande à traiter, y la racine extraite jusqu'à maintenant et r le reste. Soit α les prochains n chiffres du radicande, et β le prochain chiffre de la racine. Soit x' la nouvelle valeur de x dans la prochaine itération, y' la nouvelle valeur de y dans la prochaine itération et r' la nouvelle valeur de r dans la prochaine itération. Ces trois nombres sont entiers.
À chaque itération, l'invariant est vrai. L'invariant sera vrai. Alors, y est le plus grand entier plus petit que la ne racine de x et r est le reste.
Les valeurs initiales de x, y et r sont 0. Pour la première itération, la valeur d'α devrait être le bloc le plus significatif de n chiffres du radicande. Noter que l'alignement se fait à partir de la virgule décimale. Par exemple, dans 123,4 le bloc le plus significatif de 2 chiffres est 01, le prochain est 23 et le troisième est 40.
À chaque itération, décaler n chiffres du radicande, de façon à avoir et 1 chiffre de la racine est produit, c'est-à-dire . Il faut choisir et r' de façon à maintenir les invariants décrits auparavant. Il existe justement un seul choix pour ces deux variables.
Le premier invariant est :
ou
Choisir le plus grand de façon à ce que
et poser
Un tel existe, car si alors la condition est , mais , qui est toujours vrai. De même, doit être plus petit que B, car si , alors on a
mais le deuxième invariant implique que
et puisque et sont multiples de , la différence entre les deux doit être d'au moins . Nous avons donc
et par la définition d' . Ce qui est faux, et croit de façon monotone en fonction de , ce qui n'est pas vrai pour un plus grand. Nous pouvons conclure qu'il existe un entier avec tel qu'un entier r' avec existe et que le premier invariant tient si et seulement si .
Considérons le deuxième invariant:
ou
Si n'est pas le plus grand acceptable pour le premier invariant, alors est aussi acceptable, et nous avons
Ceci viole le premier invariant. pour satisfaire les deux invariants, il faut choisir le plus grand permis par le premier invariant.
L'existence et l'unicité de et r' sont prouvés.
En résumé, à chaque itération :
En notant que , la condition
est équivalente à
et
est équivalente à
Donc, x est superflu et puisque et , ou , ou . Alors, en utilisant r plutôt que x, il y a économie de temps et d'espace par un facteur 1/n. Aussi, le facteur soustrait dans le nouveau test annule celui de , alors la plus grande puissance de y qu'il faut estimer est plutôt que .
La forme finale de l'algorithme est :
Tel qu'indiqué plus haut, cet algorithme ressemble à la longue division et sa notation est semblable :
Note : la notation utilisée est courante dans le monde anglo-saxon. La valeur de la racine apparaît au-dessus du symbole de la racine.
1. 4 4 2 2 4 ---------------------- 3/ 3.000 000 000 000 000 /\/ 1 = 300*(0^2)*1+30*0*(1^2)+1^3 - 2 000 1 744 = 300*(1^2)*4+30*1*(4^2)+4^3 ----- 256 000 241 984 = 300*(14^2)*4+30*14*(4^2)+4^3 ------- 14 016 000 12 458 888 = 300*(144^2)*2+30*144*(2^2)+2^3 ---------- 1 557 112 000 1 247 791 448 = 300*(1442^2)*2+30*1442*(2^2)+2^3 ------------- 309 320 552 000 249 599 823 424 = 300*(14422^2)*4+30*14422*(4^2)+4^3 --------------- 59 720 728 576
Après une ou deux itérations, le premier terme domine dans (By + β)n − Bnyn, alors nous pouvons obtenir une première estimation de β en divisant Br + α par nBn − 1yn − 1.
À chaque itération, la tâche qui consomme le plus de temps est le choix de β. Ayant B valeurs possibles, il est possible de trouver β en effectuant O(log(B)) comparaisons. Chacune exige d'évaluer (By + β)n − Bnyn. À la ke itération, y possède k chiffres, et le polynôme peut être évalué en faisant 2n − 4 multiplications d'au plus k(n − 1) chiffres et n − 2 additions d'au plus k(n − 1) chiffres, une fois connues les puissances de y et β jusqu'à n − 1 pour y et n de β. Par ailleurs, les valeurs de β sont peu nombreuses, il est donc possible d'obtenir β dans un temps constant. Les puissances de y peuvent être calculées n − 2 multiplications d'au plus k(n − 1) chiffres. En faisant l'hypothèse qu'une multiplication de n chiffres prend O(n2) et l'addition prend O(n), alors il en coûte O(k2n2) à chaque comparaison, ou O(k2n2log(B)), pour choisir β. La portion restante de l'algorithme demande des additions et des soustractions consommant O(k). Donc, chaque itération prend O(k2n2log(B)). Pour k chiffres, il faut compter O(k3n2log(B)).
La seule mémoire interne nécessaire est r, qui contient O(k) chiffres après la ke itération. Cet algorithme n'ayant pas de limite supérieure sur la mémoire impose une limite supérieure sur le nombre de chiffres que l'on peut calculer de tête, au contraire des algorithmes arithmétiques plus élémentaires. Malheureusement, n'importe quelle machine à états finis avec un intrant périodique ne peut que retourner un extrant périodique. Il n'existe donc pas d'algorithme capable de calculer un nombre irrationnel à partir d'un nombre rationnel. En conséquence, il n'existe pas d'algorithme capable de calculer une racine à l'intérieur d'une mémoire limitée.
Plus la base est grande, plus le temps pour choisir β est grand par un facteur O(log(B)), mais, en même temps, diminue le nombre de chiffres nécessaires pour atteindre la même précision par le même facteur. Puisque l'algorithme est propotionnel au cube du nombre de chiffres, augmenter la base augmente la vitesse d'exécution par le facteur O(log2(B)).
Cependant, lorsque la base est plus grande que le radicande, l'algorithme dégenère en une dichotomie. À ce moment, il est inutile puisque la dichotomie est plus efficace.