Anaximandre - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Autres réalisations

Cartographie

Reconstitution hypothétique de la carte du monde perdue d’Anaximandre

Strabon et Agathémère, deux géographes grecs très postérieurs à Anaximandre, affirment au début de leurs ouvrages sur la géographie que, selon Ératosthène, Anaximandre avait été la première personne à publier une carte du monde. Hécatée se serait inspiré de son dessin pour en produire une plus précise. Strabon considère Anaximandre et Hécatée comme les deux premiers géographes après Homère.

Il est certain qu’à cette époque, des cartes locales avaient déjà fait leur apparition, notamment en Égypte, en Lydie, au Moyen-Orient et à Babylone. Elles indiquaient des routes, des villes, des frontières ou des formations géologiques. L’innovation d’Anaximandre est d’en avoir dessiné une représentation de l’ensemble de la terre habitée telle que les Grecs la connaissaient à cette époque.

Une telle réalisation paraît tout à fait cohérente dans le contexte de l'époque. Anaximandre a probablement dessiné cette carte pour trois raisons :

  1. Pour la navigation et le commerce. Milet possédait plusieurs colonies et faisait également le commerce avec d'autres que les siennes, tant autour de la Méditerranée que de la mer Noire.
  2. Pour les enjeux politiques. Thalès aurait sûrement eu la tâche plus aisée pour convaincre les cités-États ioniennes de se regrouper en fédération pour repousser la menace des Mèdes s'il avait disposé d'un tel outil.
  3. Par intérêt philosophique. Le seul fait de pouvoir offrir une représentation de la Terre pour le bénéfice du savoir en justifie la démarche.

Anaximandre, étant sûrement conscient de la convexité de la mer, aurait peut-être reproduit sa carte sur une surface métallique légèrement bombée. Le centre ou « nombril » du monde (ὀμφαλός γῆς / omphalós gẽs) aurait pu être Delphes, du moins le fut-il à une certaine époque. Mais au temps d'Anaximandre, il est fort probable que celui-ci se situe près de Milet. Dans tous les cas, la mer Égée se trouvait près de ce centre, bordée par trois continents eux-mêmes au milieu de l’océan et isolés tels des îles par la mer et les cours d'eau. L’Europe était limitée au sud par la Méditerranée et séparée de l'Asie par le Pont-Euxin (la mer Noire), par le lac Méotide (la mer d'Azov) et plus loin à l'Est, par le Phase aujourd'hui Rioni ou le Tanais qui auraient bien pu se jeter dans l'océan. Le Nil, quant à lui, s'y jetait au sud séparant ainsi la Libye (qui à l'époque désignait le continent africain) de l’Asie.

Le gnomon

La Souda relate qu’il a expliqué certaines notions fondamentales de géométrie. Elle fait mention également de son intérêt pour la mesure du temps et lui attribue l’introduction en Grèce du gnomon. Il participa à Lacédémone à la construction, ou du moins à la mise au point, de cadrans solaires pour y indiquer les solstices et les équinoxes.

Ces réalisations lui sont souvent attribuées, notamment par Diogène Laërce (II, 1) et par Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique (X, 14, 11). Le seul fait qu’Anaximandre se rende dans une autre ville pour y établir des cadrans solaires laisse à supposer soit qu’ils s’y trouvaient déjà, soit qu’on en avait simplement entendu parler. La première supposition demeure dans le domaine du possible, puisque même si on y avait déjà construit les cadrans, ceux-ci nécessitent des ajustements d’une ville à l’autre à cause de l’écart de latitude.

À cette époque, le gnomon était simplement une tige verticale émergeant d’un plan horizontal. L’ombre portée servait d’une part à mesurer le passage des heures. Dans son mouvement, le soleil dessine alors une courbe avec l’extrémité de la tige dont l’ombre est à son plus court à midi, quand elle pointe directement vers le sud. D’autre part, la variation de la longueur de l’ombre à midi servait à marquer le passage des saisons, les solstices étant les jours où l’ombrage était le plus long (en hiver) ou le plus court (en été).

Cela dit, sa création ne revient pas à Anaximandre puisque son usage, tout comme la division des jours en douze parties, provenait des Egyptiens, principe et usage repris ensuite par les Babyloniens. C’est bien à ces derniers, selon Hérodote dans L’Enquête (II, 109), que les Grecs devaient l’art de mesurer le temps. Il serait surprenant qu’ils n’aient alors pas pu déterminer les solstices avant Anaximandre puisqu’aucun calcul n’est vraiment nécessaire. Ce qui n’est pas le cas des équinoxes. Ceux-ci ne se calculent pas simplement en trouvant le point médian entre les positions des ombres aux solstices, tel que le croyaient les Babyloniens. Comme la Souda semble le suggérer, il est probable que ce fut Anaximandre qui fut le premier grec à les déterminer par calcul puisque ses connaissances en géométrie le permettaient.

Prédiction d’un séisme

Dans son œuvre philosophique De la divination (I, 50, 112), Cicéron raconte qu’Anaximandre aurait empressé les habitants de Lacédémone d’abandonner leur ville et leurs maisons pour passer la nuit en campagne avec leurs armes parce qu’un séisme se préparait. La ville s’est effectivement effondrée alors qu’un sommet du Taygète s’est fendu comme la poupe d’un navire. Pline l'Ancien fait lui aussi mention de cette anecdote (II, 81) en suggérant qu'il s'agissait d'une « inspiration admirable », à la différence de Cicéron qui se gardait bien d'attribuer cette prédiction à de la divination.

Page générée en 0.110 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise