Architecture expressionniste - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Matériaux

Église paroissiale catholique Heilig-Kreuz à Gelsenkirchen par Josef Franke, 1927–1929

Un intérêt récurrent des architectes expressionnistes fut l'utilisation de matériaux et de la façon poétique dont ils pouvaient être mis en œuvre. Souvent l'intention était d'unifier les matériaux d'un bâtiments pour le rendre monolithique. La collaboration avec Bruno Taut et le poète utopique Paul Scheerbart a cherché à adresser les problèmes de la société allemande par une doctrine de l'architecture de verre. Cet utopisme peut être vu dans le contexte de la révolution allemande où la lutte entre la nationalisme et le socialisme devait se résoudre d'elle-même. Taut et Scheerbart ont imaginé une société qui ce serait émancipée en rompant avec les formes anciennes et les traditions, propulsée par une architecture qui inonderait chaque bâtiment de lumières multicolores et incarnerait un futur plein de promesse. Ils ont publié des textes à ce sujet et ont construit le pavillon de verre lors de l'exposition du Werkbund de 1914. Sont inscrits autour de la base du dôme des aphorismes sur le matériaux rédigés par Scheerbart.

« Le verre coloré détruit la haine », « Sans un palais de verre, la vie est un fardeau », « Le verre nous apporte une nouvelle ère, construire en briques nous nuit » — Paul Scheerbart, inscriptions sur le pavillon de verre du Werkbund de 1914.

Un autre exemple de l'usage expressionniste de matériaux monolithiques fut celui d'Erich Mendelsohn avec la tour Einstein. Il ne faut pas oublier le calembour autour du nom de la tour, Einstein, qu'on entend en allemand comme « une pierre », et une tentative de modeler le bâtiment comme s'il provenait d'une seule pierre, de ein Stein. Bien qu'elle ne fut pas moulée à partir d'une coulée de béton (à cause de difficultés techniques, ce fut de la brique et du stuc qui furent en partie utilisés) l'effet que donne la tour est une expression de la fluidité d'un béton moulé. Architecture de l'acier et du béton fut le titre d'une exposition de dessins de Mendelsohn en 1919 à la galerie de Paul Cassirer à Berlin.

La brique fut utilisée de façon similaire pour exprimer la nature inhérente du matériaux. Dans les années vingt, Josef Franke produisit quelques églises au caractère expressionniste dans la Ruhr (voir : Expressionnisme de brique). Bruno Taut utilisa la brique pour montrer la masse et la répétition dans ses lotissements Legien-Stadt de Berlin. Selon Pehnt : « Des arguments moraux et parfois même irrationnels furent présentés en faveur de la construction en briques. » Avec ses couleurs et son effet de vibration un peu pointilliste, la brique devint pour l'expressionnisme ce que le stuc deviendra plus tard pour le style international.

Forme

La forme joua un rôle primordial dans ce qui distingua l'architecture expressionniste de ces prédécesseurs immédiats, l'Art nouveau ou Jungedstil. Henry Van de Velde put dépouiller ses bâtiments de tout ornement, et, comme d'autres à l'époque, se tourner vers des concepts formels d'individualisme et de représentations symboliques. Tandis que l'Art nouveau s'accordait quelques libertés avec son ornementation organique, l'architecture expressionniste s'efforça de libérer la forme du bâtiment en entier plutôt que seulement quelques parties. Des exemples de ceci se retrouvent dans les projets de papier du mouvement aussi bien que dans l'œuvre bâti. La Formspiels de Hermann Finsterlin dépeint la forme de bâtiments transformés en masses organiques et anamorphiques. L'architecture alpine de Bruno Taut illustre les structures luminescentes dont l'enveloppe entière est changée en une forme cristalline. Un exemple de projet expressionniste construit formellement intense est la tour Einstein d'Erich Mendelsohn. Ce bâtiment sculptural montre la géométrie sous une optique relativiste et révolutionnaire. Dépouillés de toute ornementation apposée, la forme et l'espace sont modelés de façon fluide pour exprimer des concepts de l'architecte ainsi que ceux de celui dont la tour tire le nom. Mendelsohn avait un sens profond de la forme, montré par la tour Einstein mais aussi par ses nombreux dessins. « Dans ces esquisses qui ne proviennent pas de commandes, Mendelsohn pensait en termes de volumes et seulement après en termes de fonction. » Contemporain des expressionnistes, Antoni Gaudí put dévier de la nature ornementale de l'Art nouveau pour faire de « larges et sculpturales masses qui apparaissent comme des propositions cohérentes formellement. »

Comme l'architecture expressionniste utilisait des géométries courbes, une forme récurrente de ce mouvement est le dôme. L'intérieur de la Großes Schauspielhaus était concave. Les Formspliels de Hermann Finsterlin ont une forme de dômes asymétriques anthropomorphiques. Beaucoup des œuvres de Bruno Taut sont aussi arrondies, comme le pavillon de verre et le Käseglocke (cloche à fromage) de Worpswede . L'architecture alpine de Taut possède le charme excentrique des palais du plaisir en forme de dôme du Kubla Khan de Samuel Taylor Coleridge. L'architecture incurvée requiert une couverture courbe, les toits de l'architecture expressionniste sont donc souvent des dômes. Un autre motif expressionniste fut l'accentuation soit des horizontales, soit des verticales, afin d'effets dramatiques, influencé en cela par de nouveaux objets techniques comme les paquebots ou les gratte-ciel.

La forme, comme révélée par une loi, fut dépeinte sous un jour expressionniste par Hugh Ferriss. Ses illustrations de l'ordonnancement par zone de New York en 1916 avaient une qualité expressionniste dans leur rendu. Elles furent publiées en Allemagne dans le magazine Baukunst en 1926. Par leur important contraste lumineux, utilisé pour révéler la forme, elles semblent inspirées par le film Metropolis tourné en 1927.

Le formalisme fut une tendance que l'architecture expressionniste aida à faire contribuer au modernisme. Kandinsky postula en 1912 que la forme était une expression du contenu et en de nombreuses instance que la forme elle-même était le contenu. Le travail des expressionnistes qui rejoindront par la suite la Neue Sachlichkeit, était initialement formalisé par un début de distorsion des formes, mais peu accentuée. Peter Behrens, Walter Gropius, Mies van der Rohe et d'autres épousèrent un aspect formel normatif (avec cependant quelques exceptions), usant de géométries orthonormées pour suggérer d'autres concepts architecturaux basés sur la régularité géométrique.

Page générée en 0.132 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise