Armand David - Définition

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Phase de formation à Paris et en Italie 1848-1862

Après deux années passées au Grand Séminaire de Bayonne, Armand se rend à Paris en 1848 pour faire son noviciat à la Société des prêtres de la Mission. Cette congrégation créée par Saint Vincent de Paul en 1625, envoie les prêtres, qualifiés de lazaristes, en mission pour évangéliser les pauvres dans les campagnes ou les pays lointains. La discipline est très sévère et demande une obéissance absolue. Lorsqu’il prononce ses vœux en novembre 1850, il rêve de mission dans des pays lointains mais c’est finalement en Italie, au Collège lazariste de Savone près de Gênes qu’il est envoyé pour enseigner les sciences naturelles.

Il y passera dix années très agréables qu'il met à profit pour parfaire ses connaissances dans les sciences de la nature. Avec ses élèves, il constitue des collections scientifiques et apprend les techniques de la taxidermie. Il en était presque venu à oublier ses rêves de mission dans le Céleste Empire, quand en 1861, le zoologiste Henri Milne-Edwards, administrateur du Muséum d’histoire naturelle de Paris, sollicite l’aide des missionnaires pour inventorier les espèces animales et végétales de Chine, à cette époque encore très mal connues. En 1862, le père Armand David est désigné pour la mission à Pékin.

L'exploration de la Chine centrale et du Tibet oriental (26 mai 1868 – 24 juin 1870)

L’expédition suivante poussa le père David jusqu'à une région habitée par des ethnies non Han mais cette fois avec une flore et une faune beaucoup plus riche. Il avait appris auprès d’autres missionnaires que vers l’ouest et le Tibet, se trouvaient de hautes montagnes couvertes de forêts primaires préservées. Ce fut un très bon choix, puisqu’on sait maintenant que la région de Ya'an (雅安) dans l'actuel Sichuan où il se rendra, possède la plus grande richesse botanique des pays tempérés et qu’elle est classée comme un point chaud de biodiversité par Conservation International.

Flore et Faune du Jiangxi (Chine centrale)

Il décide de s’y rendre en remontant le Fleuve Bleu (Changjiang) mais après quelques jours de navigation mouvementée, il se trouve bloqué à Jiujiang, car le fleuve gonflé et tumultueux est d’une navigation périlleuse à cette époque. Il y restera quatre mois qu’il mettra à profit pour explorer les environs. Parmi ses découvertes, une très grosse grenouille (Rana latrans) qui pousse de puissants coassements qu’il prit d’abord pour des aboiements de chiens.

L’ampleur du travail accompli durant ce séjour forcé peut se juger par cette lettre où il dit « Je me hâte… de terminer l’emballage de mes collections que j’expédie pour le Jardin des Plantes de Paris,…Elles consistent en une dizaine de mammifères, une trentaine d’espèces d’oiseaux, entre 50 ou 60 espèces de poissons ou de reptiles. Le nombre d’espèces de Coléoptères monte à 335, il y a 100 espèces d’Hémiptères….Soit en tout 630 espèces d’insectes. L’herbier ne compte qu’environ 200 espèces de plantes. Voilà, avec quelques coquilles et quelques autres objets, quelles ont été mes acquisitions dans cette première étape forcée du Kiangsi ».

Le 13 octobre 1868, le fleuve est navigable et il embarque à nouveau. Les dangers sont permanents. Le passage des rapides ne peut se faire à la rame, la barque doit se faire hâler par quelques dizaines d’hommes harnachés au bout de longues cordes qui parfois se rompent. Il doit aussi faire face à l’hostilité des populations qui le prennent pour un espion et qui l’injurient ou même une fois empoisonnent son thé.

Moupin, le pays du panda (Tibet oriental)

Le 17 décembre il finit par atteindre Chongqing dans la province du Sichuan. Il rejoindra la principauté de Moupin à environ 250 km à l’ouest de Chengdu, en chaise à porteurs. Le collège des Missions Étrangères de Moupin(actuellement Bǎoxīng 宝兴) se trouve dans une région d’ethnie tibéto-birmane Jiarong (au XIXe siècle appelée Mantze), parlant une langue rGyalrong. Les missionnaires s’étaient établis dans cette région pour échapper aux persécutions des mandarins chinois. Le père David fera de cette petite principauté indépendante, dirigée par un prince Mantze, située à plus de 2000 m d’altitude, sa base pour explorer la région durant 9 mois (du 1er mars au 21 novembre 1869). « Ces Mantze, qui ne sont ni chinois ni tibétains, mais se rapprochent plus de ces derniers, forment un grand nombre de petits États séparés et autonomes, ayant une législation et parfois une langue particulière." (A. David). Ils pratiquent le lamaïsme tibétain.

Sa passion pour les oiseaux trouvera là de quoi se satisfaire. Chez lui, cette passion d’observer la nature se double d'une passion pour la chasse. Il sollicite aussi les chasseurs de la région pour aller tirer les animaux dans les zones les moins accessibles et comme il paye un bon prix, les dépouilles sont abondantes. « Tout ce qui porte fusil passe par le collège » note-il. Mais les difficultés de préparations sont énormes : difficulté pour trouver l'alun nécessaire à la conservation des peaux, absence d’armoires et de caisses pour protéger ses dépouilles des larves et des moisissures etc.

Comme à son habitude, ses collectes de spécimens de mammifères, d’oiseaux, d’insectes, de plantes sont remarquables tant par le nombre que la qualité. Il distingue à cette époque sept d’espèces différentes de rhododendrons ; il en trouvera en tout plus d’une douzaine. Mais la renommée du père David tient essentiellement à quelques grandes découvertes comme celle du Panda géant, du Macaque au nez retroussé (Rhinopithecus roxellana) et de l’arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata).

L'arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) nommé d'après le père David

(11 mars 1869) Un jour qu’il rentrait d’une exploration des Hongshanding 红山顶, la montagne qui domine la région, il est invité à prendre le thé chez un brave Monsieur Li. C’est là qu’il aperçoit la peau de ce qui semble être un ours blanc et noir de belle taille. A sa plus grande joie, son hôte lui promet de lui rapporter l’animal d’ici quelques jours. Le 23 mars, les chasseurs viennent à la mission avec un « ours blanc » « qu’ils avaient pris en vie mais qu’ils tuèrent pour le porter plus facilement ». « Le jeune ours blanc, qu’ils me vendent fort cher, est tout blanc, à l’exception des quatre membres, des oreilles et du tour des yeux, qui sont d’un noir profond » dit-il. « Un mois plus tard vint l’ours adulte et je pus constater que les couleurs de cet animal ne change pas avec l’âge….Il vit dans les montagnes les plus inaccessibles, se nourrit de végétaux, surtout de racines de bambou » met-il dans la note descriptive jointe à une caisse d’envoi. Cette belle découverte d'une espèce nouvelle, le panda géant, sera décrite scientifiquement par Milne Edwards à Paris en 1870. L'animal qui est surtout actif la nuit et qui vit à environ 3000 m d'altitude dans des régions inaccessibles était très peu connu en dehors des populations locales. Il ne deviendra très célèbre dans le monde entier, Chine y compris, que très récemment.

D’après le témoignage récent de Cédric Basset, botaniste parti sur les traces du père David « Aujourd’hui, la petite ville de Baoxing rend largement hommage au père David avec une statue à son effigie et une qui célèbre sa découverte du panda. Les balustrades longeant la rivière sont gravées de représentations de nombreuses espèces animales et végétales qu’il a découvertes lors de son séjour dans la région ».

Hoki bleu (Crossoptilon auritum)

De cette région du Tibet oriental (actuel Sichuan), le père David a envoyé au Muséum 676 spécimens de plantes, 441 d'oiseaux, 145 de mammifères.

Le père David décide de rejoindre Pékin via Shanghai. Le 22 novembre 1869, il quitte « le pays des Mantze, après y avoir souffert plus de fatigues, de peines, de privations et de maladies, qu’il n’est opportun de le dire ici ». Mais, il ne peut « résister à la tentation de faire une rapide excursion vers le Kokonoor, avant de laisser pour jamais ces pays ». De ce petit crochet en direction des plateaux du Qinghai (déc. 1869-mars 1870), il rapportera encore une découverte majeur : la Grande Salamandre Chinoise (Andrias davidianus anc. Sieboldia davidii). Il s’agit ni plus ni moins de la plus grande salamandre du monde, pouvant atteindre 1,80 m de longueur et vivre 50 ans, une longévité exceptionnelle pour un amphibien. « Les Chinois ne pêchent le Sieboldia que pour en avoir la peau, qu'ils vendent aux pharmaciens ; ils en mangent rarement la chair qui est blanche et nauséabonde, comme je l'ai expérimenté précédemment » écrit-il quelques années plus tard, en 1873. Après la capture de faisans hokkis et autres espèces nouvelles d’oiseaux (comme celle du genre Lophophorus), il retourne à Chengdu pour redescendre le Fleuve Bleu jusqu’à Shanghai, puis rentrer en France.

Son bateau arrive à Tianjin le 24 juin 1870, soit trois jours après des émeutes anti-chrétiennes et anti-françaises. Le retard pris au départ de Shanghai par son bateau fit qu’il échappa de peu à la mort. Homme de foi profonde, fort de ses certitudes religieuses et Européen de son temps convaincu du bon droit des étrangers en Chine, il ne pouvait comprendre ces massacres. Il en fut profondément traumatisé et garda une profonde méfiance vis-à-vis de ces « cruels Chinois ».

Lorsqu’il arrive à Marseille, les armées prussiennes marchent sur Paris. Devant ces nouveaux désastres, il part se réconforter auprès de ses amis et anciens élèves en Italie, avant de se rendre à Paris. Il s’y occupera à transcrire ses notes de terrain et à rédiger un mémoire de ses voyages d’exploration. Après s'être refait une santé, il conçoit le projet d'une exploration en profondeur de la Chine centrale qui s'étalerait sur plusieurs années.

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