David est l’abréviation botanique officielle de Armand David. |
Les envois par A. David de spécimens de plantes et d'animaux au Muséum d'histoire naturelle de Paris sont tout à fait considérables. Emmanuel Boutan qui en a effectué le recensement a trouvé 2 919 spécimens de plantes, 9 569 d'insectes, arachnides et crustacés, 1 332 d'oiseaux et 595 de mammifères.
Les listes des arbres et plantes rencontrés par David en Mongolie méridionale, dans la région de Pékin, dans les monts Qinling ou dans le Tibet oriental permettent de constituer les premiers éléments d'une phytogéographie de la Chine. Malheureusement ces informations sont dispersées dans ses trois récits d'expédition et personne n'en a fait la synthèse. L'herbier collecté à Moupin dans l'actuel Sichuan est des plus intéressant par le caractère himalayen de la flore et par le grand nombre d'espèces nouvelles trouvées (environ 150). Il y a le célèbre arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) qui a nécessité la création d'un genre nouveau et on ne compte pas toutes les espèces en moupinensis (Cotoneaster moupinensis, une primevère Primula moupinensis, un fraisier Fragaria moupinensis, un saule Salix moupinensis, Carex moupinensis, une violette Viola moupinensis, etc. ; tous décrits par Franchet) ou en davidii (Viola davidii, etc). Il a découvert de nombreux rhododendrons, tous décrits aussi par Franchet : Rhododendron brachyanthum Franchet, R. sulfureum, R. ciliicalyx, R. aureum, R. heliolepis, R. rubiginosum, R. dendrocharis, R. moupinense, R. lutescens, R. rigidum, R. polylepis, R. siderophyllum, etc. Parmi les autres célébrités citons Buddleja davidii et l'érable jaspé Acer davidii.
![]() Érable jaspé |
La contribution d'Armand David à l'inventaire de la flore chinoise est déjà considérable pourtant il considérait que ses recherches zoologiques primaient celles de botaniques. Avant son grand ouvrage de 1877 sur les oiseaux de Chine, l'avifaune chinoise était très peu connue. Il y décrit 807 espèces dont 65 décrites pour la première fois. Son ami anglais Robert Swinhoe avait étudié les oiseaux des côtes chinoises. Lui fut le premier à faire connaître les oiseaux de toute la Chine bien qu'il ne prétendait pas être exhaustif.
Parmi les mammifères, l'abbé David a « découvert » 60 espèces nouvelles parmi lesquelles le cerf du père David (Elaphurus davidianus, Milne Edwards) à Pékin et bien sûr le Panda géant à Moupin avec dans cette même région montagneuse au climat très rude, des singes comme le Singe doré (Rhinopithecus roxellana) et le Macaque du Tibet (Macaca thibetana), des chauves-souris (Myotis davidii) et de nombreux rongeurs (deux marmottes, un lièvre miniature à Moupin, trois espèces de rat-taupes, de nombreux rats). Des quatre antilopes vivant en Chine, A. David en a « découvert » trois. En général, les descriptions botaniques publiées ont été faites par Franchet, les zoologiques par Henri Milne Edwards, tous deux chercheurs au Muséum.
![]() Rhinopithèque de Roxellane | Lophophorus impejanus |
Par « découverte », il faut entendre « reconnaître dans la nature un spécimen jusque là non décrit et en donner (ou en faire donner) la première description scientifique publiée, faite dans le cadre de la botanique ou de la zoologie ». Ces descriptions de nouvelles espèces chinoises ont bien sûr contribué à les faire connaître hors de Chine. En ce qui concerne la Chine elle même, les connaissances pouvaient être de nature très diverses. Les Chinois ont développé depuis longtemps un savoir pratique sur les êtres vivants en relation avec les usages pharmacologiques, agricoles ou horticoles qu'ils pouvaient en tirer, mais l'étude des plantes ou des animaux en soi était une démarche qui leur était étrangère. Ils ont ignoré la botanique jusque dans la seconde partie du XIXe siècle. Le terme chinois lui-même pour « botanique », zhiwuxue n'apparait qu'en 1858. Les « espèces nouvelles » décrites par les occidentaux pouvaient donc être connues et nommées précisément en chinois classique (la langue écrite des lettrés) mais le plus souvent elles étaient nommées de manière imprécise (un terme renvoyant à plusieurs espèces semblables et ayant le même usage) ou connues très localement et nommées oralement seulement dans le dialecte parlé localement, et bien sûr pour les espèces les plus discrètes, elles pouvaient être complètement inconnues. Il faut savoir que sur les 30 000 plantes à fleurs de Chine connues actuellement, la grande flore de Wu Qixun 吳其濬 (1789-1847) fournissait des informations sur 1 714 noms de plantes et le Grand Traité de Matière Médicale de Li Shizhen 李時珍 (1518-1593), salué par les historiens chinois comme le plus grand naturaliste chinois, ne comportait que 1 496 noms de plantes.