Les avions de reconnaissance ou de surveillance sont des avions militaires conçus pour contrôler l'espace aérien et maritime, identifier des objectifs potentiels en territoire ennemi, et plus généralement obtenir des renseignements sur les mouvements d'une force armée.
Dès 1794, la France utilise des ballons pour le réglage des tirs d'artillerie. Les premières photographies aériennes débutèrent en 1856 lorsque Félix Tournachon survola Paris en prenant de nombreuses photographies. La première utilisation militaire ne tarde pas avec le général McClellan en 1862 lors de la guerre de Sécession. Il utilisa un plus léger que l'air pendant le siège de Richmond pour photographier les troupes ennemies. Le conflit franco-prussien de 1870 permet de démontrer l'importance des observations aériennes. Progressivement, les différentes puissances s'équipent d'aérostats de telle manière qu'avant la fin du XIXe siècle les principales puissances militaires disposent toutes d'unités spécialisées dans la reconnaissance aérienne.
Avec l'apparition de la guerre des tranchées et la mobilité des armées terrestres rendue compliquée voire impossible, l'aviation de reconnaissance évolua vers l'observation et le réglage de l'artillerie. Par ailleurs les appareils photographiques, les avions, les méthodes d'analyse des photographies se perfectionnèrent, ce qui assura l'apparition de cartes d'état-major précises et détaillées. Dès 1915 les britanniques testent les premiers avions spécialisés pour la reconnaissance (F.B.5 R.E.5 et R.E.7) tandis que la France ne dispose d'un premier appareil spécialisé que fin 1917 avec le Breguet XIV A-2. Cependant, en 1918 l'aviation de reconnaissance est encore mal employée, car se limitant aux seules observations au-dessus du champ de bataille et ne progressant pas à l'intérieur des lignes ennemies.
Avion de reconnaissance français Dorand AR.1. |
En 1909, les premières photographies depuis un avion sont prises, et en 1911, l'armée française testa les plus lourds que l'air pour la reconnaissance (imitée l'année suivante par le Royaume-Uni), alors que l'Allemagne n'utilise pas d'avions pour la reconnaissance et assigne cette mission aux Zeppelins à partir de 1912. Les succès obtenus par la série de tests de l'armée française provoquèrent des dissensions au sein de l'état-major. La cavalerie n'appréciait guère se voir retirer une des tâches qui faisaient son prestige. Ainsi en 1914 lorsque débute la Première Guerre mondiale, l'aviation française n'effectue pas de reconnaissance. Cependant au cours de la première bataille de la Marne, le repérage par deux aviateurs, (capitaine Bellanger et lieutenant Watteau) du déplacement de la Ie armée allemande vers le sud-est, permettra une contre-offensive décisive et une meilleure acceptation de l'importance de la reconnaissance aérienne par l'état-major.
Avec le début de la Seconde Guerre mondiale et l'isolement du Royaume-Uni, la Royal Air Force doit maintenant assurer une nouvelle fonction : collecter des informations en territoire ennemi pour préparer les campagnes de bombardements. Ainsi la reconnaissance se concentra sur la recherche des installations radar, l'identification des sites majeurs de production d'armement et l'évaluation des capacités anti-aériennes de l'Allemagne. C'est à ce moment que la généralisation de la photographie est effective. Avec le nouveau bimoteur Mosquito la RAF dispose à partir de 1941 d'un appareil très efficace pour la reconnaissance stratégique grâce à son long rayon d'action. De tels avions étaient allégés en armement et leurs moteurs étaient modifiés pour atteindre de plus grandes performances à haute altitude (plus de 12 000 mètres). Les vols de reconnaissance se comptaient jusqu'à une centaine par jour, et les services d'interprétation des photographies britanniques traitaient parfois jusqu'à 50 000 images dans une même journée. Bientôt les succès de la reconnaissance britannique deviennent considérables (Repérage du Bismarck, identification de la flotte italienne dans le port de Tarente, identification de 6 000 cibles pour le Bomber Command...).
Côté allemand, les besoins pour la reconnaissance sont différents, car avec l'ouverture du front de l'est l'armée nécessite une reconnaissance plus tactique que stratégique. La rapide progression des forces de l'Axe est assurée par une localisation précise de la ligne de front des troupes ennemies. L'état-major reconnut également l'intérêt d'équiper les chasseurs Bf 109 et Fw 190 pour la reconnaissance. À chaque amélioration des avions de chasse une nouvelle version de reconnaissance faisait son apparition.
Ainsi, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'aviation de reconnaissance est un élément conséquent du renseignement militaire. Près de 80% des renseignements recueillis par les Alliés pendant le conflit provenaient des opérations de reconnaissance.