Bibliothèque nationale et universitaire (Strasbourg) - Définition

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Introduction

La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU) est une bibliothèque strasbourgeoise ayant le statut d'établissement public national à caractère administratif. Elle est, depuis 1918, la seconde de France par le nombre des ouvrages conservés (plus de trois millions de documents comprenant monographies et périodiques imprimés, manuscrits précieux, objets patrimoniaux) et l'un des plus beaux fonds patrimoniaux de France. La situation présente de l'établissement strasbourgeois ne doit néanmoins pas occulter le fait que la BNU, grâce à l'énergique impulsion donnée par l'un de ses administrateur d'alors, Georg Wolfram, a été, entre 1909 et 1918, la première bibliothèque universitaire au monde. Elle est située dans le quartier allemand de la ville, place de la République, dans un bâtiment réalisé par les architectes August Hartel et Skjold Neckelmann.

La création et le retour à la France

Avant 1870, Strasbourg disposait déjà de collection remarquables. Deux bibliothèques, surtout, s'y distinguaient : la bibliothèque du séminaire protestant, d'une part, dont l'origine remontait au Gymnase Jean Sturm (XVIe siècle) et devenu en 1621 l'université protestante et, d'autre part, la bibliothèque municipale créée au XVIIIe siècle à partir de l'achat de la bibliothèque privée de l'historien strasbourgeois Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771). En 1870, ces deux bibliothèques rassemblent plus de 300 000 volumes, dont au moins 3 446 manuscrits parmi lesquels une encyclopédie de la connaissance médiévale réalisée au XIIe siècle sous la direction de l'abbesse Herrade de Landsberg, l'Hortus Deliciarum. Cet ouvrage prenait place aux côtés d'œuvres non moins remarquables telles celles de Maître Eckart, Jean Tauler ou Conrad de Würzburg et dont aujourd'hui il ne reste plus rien.

Vue extérieure de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Dans la nuit du 24 au 25 août 1870, l'église du Temple-Neuf, bombardée, brûle intégralement emportant avec elle la totalité des deux collections que nous venons d'évoquer. Parmi la communauté des savants et des universitaires, le choc provoqué par cette destruction amène à un appel aux dons, lancé le 30 octobre 1870 par Karl August Barack, d'abord bibliothécaire des princes de Fürstenberg puis le premier administrateur de la bibliothèque strasbourgeoise recréée. Cet appel est un succès. Lors de son inauguration, le 9 août 1871, 200 000 volumes sont déjà disponibles et installés au Palais des Rohan. La bibliothèque prend alors le nom de Kaiserliche Universitäts- und Landesbibliothek zu Strassburg (KULBS) par une déclaration officielle du 19 juin 1872, confirmée par un décret impérial du 29 juillet 1891. Le château s'avére rapidement trop étroit et trop peu sûr pour abriter les collections. Le 29 novembre 1895, la bibliothèque intègre officiellement le bâtiment de style néo-Renaissance italienne, situé place de la République (alors Kaiserplatz).

La KULBS lors de son ouverture en 1895

Les collections qui vont rapidement affluer détermineront largement l'influence que la BNU exerce aujourd'hui dans l'aire culturelle germanique. Parmi les plus notables, il faut relever d'emblée l'envoi par la bibliothèque universitaire de Königsberg de 40 000 doubles précieux (dont 27 incunables) ultimes témoignages désormais de cette bibliothèque, intégralement anéantie durant la Seconde Guerre Mondiale. Se sont joints au mouvement les bibliothèques universitaires ou régionales de Göttingen, Munich, Dresde, Heilbronn, Schweinfurt et de nombreux libraires. L'empereur Guillaume Ier a lui-même offert 4 000 volumes de sa collection personnelle. En 1875, on comptait 2 750 donateurs et, en 1879, la bibliothèque possédait 386 073 volumes, devenant la quatrième bibliothèque d'Allemagne. Dès les premières années de fonctionnement, la bibliothèque s'est résolument orientée vers une attentive réponse aux besoins de la recherche, déléguant aux bibliothèques des instituts la fonction d'étude. Sous la direction de Julius Euting, la Bibliothèque universitaire de Strasbourg a constitué l’un des fonds d’orientalisme les plus riches d’Europe.

Après la Première Guerre mondiale et le retour à la France des territoires perdus en 1870, la question de l'avenir de la Bibliothèque s'est posée. La nature singulière de la bibliothèque rendait complexe son intégration dans le paysage institutionnel français. Après plusieurs années d'hésitation, le gouvernement français se décide de maintenir le caractère atypique de la bibliothèque. C'est ainsi qu'un décret du 23 juillet 1926 fait de cette bibliothèque un établissement public national.

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