Château de Blandy-les-Tours - Définition

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Introduction

Porte d'entrée du château de Blandy

Le château de Blandy-les-Tours est un château fort médiéval situé sur la commune de Blandy-les-Tours dans le département de Seine-et-Marne, non loin du château de Vaux-le-Vicomte. Le château est situé au cœur du village de Blandy. Depuis son acquisition par le Conseil général de Seine-et-Marne, il a fait l'objet de plusieurs campagnes de restaurations.

Histoire

Historique du château

Tour nord du château
Le château au début du 20ème siècle

L'histoire du château débute dans les textes en 1216. Il appartient au vicomte de Melun, Adam II de Chailly et se réduit à un manoir seigneurial à enceinte irrégulière.

Au XIVe siècle, le château est fortement modifié avec de nouvelles fortifications et structures de défense : un fossé est creusé et une nouvelle tour-porte, avec pont-levis à flèches, est percée dans le mur d'enceinte. Les rois Charles V ( de 1364 à 1380) et Charles VI (de 1380 à 1422) financent aux propriétaires successifs du château, les comtes de Tancarville Jean II et son petit-fils Guillaume IV, les aménagements du château fort. Un donjon haut, défendu par deux ponts-levis, est édifié. L'enceinte est modifiée par l'ajout de nouvelles tours et de courtines neuves. Toutes ces modifications ont lieu durant la Guerre de Cent Ans.

Cependant, le château de Blandy-les-Tours fut agrandi au XVIe siècle par François II d'Orléans. Le château devient dès lors une demeure de plaisance. Marie de Clèves s'y marie en 1572 en présence du futur Henri IV. Mais le château change souvent de propriétaire et se détériore progressivement devenant "la ferme des tours". En 1707, le maréchal de Villars, propriétaire du château de Vaux-le-Vicomte, achète la terre et le château de Blandy. Les communs de Vaux-le-Vicomte ayant essuyé un incendie, le maréchal décide d'utiliser la château de Blandy pour la reconstruction des communs. Non seulement il fait étêter toutes les tours médiévales et réemploie les charpentes à Vaux, mais encore il fait abattre les courtines pour combler les fossés. Le château est transformé en ferme ce qui accélère sa ruine. Les toîtures des corps de logis s'écroulent, les parapets sont détruits, la grande tour-porte éventrée pour aggrandir l'accès.

En 1764, le château est revendu à Choiseul, ministre de Louis XV.

Vient la Révolution française. Le château n'est pas inquiété car il ne présente plus aucun signe de féodalité.

En 1883, la commune de Blandy le rachète grâce à un don généreux de son maire Pierre-Charles Tuot. Cette enceinte ruinée et vide de tout bâtiment est alors classée monument historique en 1889.

À partir des années 1970, des associations de bénévoles engagent les premiers travaux de sauvegarde du château.

Acquis par le Conseil général de Seine-et-Marne en 1992, le château a fait l'objet depuis cette date d'un projet complet de restauration conçu et mis en oeuvre par Jacques Moulin, Architecte en chef des monuments historiques, qui a réellement permis de rendre vie au monument en lui trouvant une affectation et en l'ouvrant au public.

En septembre 2007, pendant les journées du patrimoine, le château a été rouvert au public après deux ans de travaux.

Blandy aux origines du protestantisme

Le château de Blandy-les-Tours constitue, aujourd'hui, un lieu de mémoire du protestantisme en France. Au XVIe siècle, le château, au propre par ses fortifications comme au figuré, est un bastion de l'esprit réformé. Pour mieux dire, il forme une enclave au cœur du pays briard. Comment expliquer cette singularité ? Elle doit son existence à la rencontre de deux phénomènes distincts : l'émergence, dans le diocèse de Meaux, des tous premiers courants réformés français de l'Histoire et le maintien d'intérêts patrimoniaux des seigneurs de Blandy. Il ne s'agit en aucune manière de conversion calculée ni encore d'une quelconque proximité géographique de la vicomté de Melun avec Meaux.

L'évêque de Meaux, Guillaume Briçonnet, mène une vie qui détonne avec celle des hommes d'église de son temps : il abandonne la vie de cour et décide de vivre dans son diocèse. En 1521, le cénacle de Meaux est fondé à sa demande par l'entremise de son vicaire et ami Jacques Lefèvre d'Étaples. Cette école de Meaux se donne pour but de réformer la vie d'église par le rétablissement de la discipline ecclésiastique, l'astreinte à résidence des curés dans leur paroisse ainsi que leur formation théologique. L'instruction théologique des prêtres est en effet essentielle à la mission pastorale qu'ils doivent mener auprès des fidèles. En cela, cette œuvre préfigure les réformes du concile de Trente. À côté de ces réformes institutionnelles, de nombreux érudits humanistes, tels que l'hébraïsant François Vatable ou encore Guillaume Farel, viennent renouveler l'appareil théologique et critique des textes sacrés. On s'attaque à la traduction des textes de la Bible en langue vernaculaire afin de les rendre accessibles au plus grand nombre ; on révise les traductions anciennes des textes et on propose de nouveaux commentaires pour ces nouvelles versions. Le "cénacle" exerce par ailleurs une grande influence sur les humanistes (Clément Marot, François Rabelais) et monseigneur Briçonnet devient, cette même année, le directeur spirituel de Marguerite de Navarre (la sœur aînée de François Ier) en qui il trouve un puissante protectrice.

Les franciscains alliés aux Docteurs de la Sorbonne s'opposent à ce mouvement de réformes. L'Université de Paris, attachée aux Traditions pédagogiques et réflexives médiévales, considère que les réformes engagées sont ambiguës et ouvrent la voie à des interprétations non conformes au magistère de l'Eglise catholique (autorité en matière de morale et de foi de l'ensemble des évêques, du pape en particulier, sur les fidèles catholiques). Ce faisant, en 1525, elle parvient à mettre fin aux activités du cénacle de Meaux et provoque la dispersion de ses membres si ce n'est leur disparition. Ainsi en est-il de Jacques Lefèvre d'Étaples qui s'exile à Strasbourg, de Guillaume Farel qui s'installe à Genève ou encore de Clément Marot qui est conduit dans les prisons du Châtelet de Paris. Cette première entreprise de restauration et de réhabilitation des ouvrages de l'esprit et de la Religion trouvera, de manière détournée, sa réalisation dans la création du Collège des lecteurs royaux (notre actuel Collège de France) fondé en 1530.

À côté de ces destinées malheureuses, dans la vicomté de Melun, les seigneurs de Blandy, quant à eux, règlent le devenir de leur famille par des alliances. Membre de la famille royale et petit-fils de Dunois, le compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, Louis Ier d'Orléans-Longueville se marie avec Jeanne de Hochberg, marquise de Rothelin en Brisgau dans le sud de Bade. La famille de la marquise de Hochberg conclut cette alliance pour des raisons patrimoniales car elle possède quelques terres dans le duché de Bourgogne ainsi que le comté de Neuchâtel en Suisse. Les Hochberg ont toujours entretenu des alliances avec ce vaste duché afin d'y maintenir leurs fragiles possessions, d'abord avec Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, puis avec Louis XI lorsque celui-ci incorpore le duché à la Couronne de France. Le mariage de Jeanne de Hochberg avec un Orléans-Longueville participe de cette politique matrimoniale. Il s'agit, en effet, de s'allier la Maison royale de France, nouvelle propriétaire du duché, en contractant un mariage avec un prince du sang issu de cette Maison. De ce mariage naissent trois garçons dont les deux premiers meurent jeunes. Le dernier de la fratrie, François d'Orléans-Longueville, se marie en 1536 à Jacqueline de Rohan. À la mort de ce dernier, la confédération helvétique tente de soustraire la principauté de Neuchâtel de l'héritage familial. Curatrice de son fils Léonor, Jacqueline de Rohan se rend en Suisse pour faire valoir ses droits. C'est là-bas, vers la fin des années 1550, au contact des réformateurs Guillaume Farel et de son disciple Jean Calvin, qu'elle embrasse la religion réformée. Jacqueline de Rohan fait alors du château de Blandy un refuge protestant sans toutefois que les habitants du village soient obligés de changer de religion. Durant la première guerre civile, consécutive à la provocation du massacre de Wassy, Coligny rallie à Meaux la première "prise d'armes" du prince Louis Ier de Condé qui prendra Orléans par surprise. Beaucoup de Huguenots trouvent alors refuge, malgré les dangers, au château de Blandy. Une lettre de Calvin, datée de 1563, lui rend honneur :

« Vous n'avez jamais eu honte ni crainte de vous avouer du troupeau de Jésus-Christ, même que votre maison a été un hôpital pour recevoir les pauvres brebis dispersées. L'humanité que vous avez exercée envers ceux qui étaient affligés pour le nom de Dieu lui a été un sacrifice agréable. »

Lors du mariage de la princesse Marie de Clèves (personnage distinct de La Princesse de Clèves) avec Henri Ier de Bourbon, deuxième prince de Condé, en août 1572, Blandy réunit la fine fleur de l'aristocratie huguenote parmi laquelle se trouvent le jeune prince Henri de Navarre, futur Henri IV, ou encore l'amiral de Coligny. C'est cette même cour qui, quelques semaines plus tard, est conviée à Paris au mariage d'Henri de Navarre avec Marguerite de Valois, cette cour encore qui périt presque entièrement pendant le massacre de la Saint-Barthélemy. La fille de Jacqueline de Rohan, Françoise d'Orléans, fait, elle aussi, un mariage protestant en épousant Louis Ier de Bourbon, prince de Condé et duc d'Enghien, le chef du parti calviniste, mais abjure la foi réformée après la nuit du 24 au 25 août 1572. Ainsi le protestantisme dans la Brie s'éteint-il avec Jacqueline de Rohan.

Fantômes et Légendes

D'après certaines légendes locales, le château de Blandy-les-Tours serait hanté par des fantômes. Selon la légende, les spectres apparaissent le plus souvent le jour de la Toussaint à minuit. Il se mettent alors à tournoyer autour des remparts du château pendant que, semblant provenir des souterrains, des hurlements ainsi que de sinistres bruits de chaînes s'élèvent. Un autre fantôme, celui d'un seigneur du XIe siècle qui fut un grand meurtrier de son vivant. Maudit éternellement, traverse désormais toutes les pièces du château vêtu d'un suaire sanglant et brandissant un poignard. Son apparition est ponctuée de cris.

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