Un pont-levis est un type de pont mobile défensif qui se baisse et se lève pour ouvrir ou fermer le passage au-dessus d'un fossé encerclant un ouvrage fortifié.
On associe traditionnellement le pont-levis aux châteaux médiévaux, qui disposaient pratiquement tous d'un tel pont au-dessus de leurs douves ou fossé sec. Le relevage du pont permettait alors de bloquer l'entrée en cas d'attaque. Généralement, pour plus de sécurité, un pont-levis de château fort précède une herse.
Il existait plusieurs types de ponts-levis.
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Le pont roulant n'est pas à proprement parler un pont-levis mais il en est toutefois l'un de ses prédecesseurs.
Le pont roulant est le successeur direct des antiques ponts mobiles. Le système restera en vigueur, plus particulièrement dans le midi de la France jusqu'à la la fin du Moyen Âge.
Hormis quelques apparitions au XIIIe siècle, il faut attendre le XIVe siècle pour voir couramment employer ce procédé.
Au début du XIVe siècle, on établit à l'entrée des ponts jetés sur les fossés devant les portes des ponts-levis de bois tenant aux barrières, ou des ouvrages avancés de maçonnerie.
Vers le milieu du XIVe siècle, les ponts-levis furent appliqués aux portes elles mêmes. Malgré de sérieux inconvénients, grande hauteur de ses flèches, visibles de très loin et donc vulnérables, et de profonde saignée pratiquée sur la façade de la porte pour les recevoir, ils resteront en usage jusqu'à la période moderne.
Ce type de pont-levis est une variante du .
On trouve ce type de pont-levis au château de Pierrefonds. Ce type de pont-levis était plus particulièrement utilisé pour le ravitaillement et servait à tirer les marchandises.
Ce type de pont-levis est une variante du .
Les contrepoids sont suspendus en arrière des longrines du tablier, facilitant le relèvement de celui-ci au moment de la manoeuvre du treuil.
Le plus simple et sans doute le meilleur procédé de pont mobile, car il évite les flèches ou les chaines que l'assiégeant peut détruire avec un canon.
Le tablier mobile également appelé volée est en équilibre par un faux tablier ou cubée qui descend dans un encuvement lorsque la volée se relève à la manière d'une balance. Ce système médiéval trouva tous ses avantages en réaction à l'artillerie à poudre et resta en usage sans changement jusqu'au début du XVIIIe siècle. Cependant le système necessitait une fosse assez profonde, de 4 mètres minimum, où l'humidité se révélait néfaste pour le faux tablier.
Ce pont sans flèche s'abaissait dans le fossé.
Ce procédé évitait l'encuvement mais laissait le tablier à l'extérieur.
Dans ce système, la distance qui sépare le centre de gravité du contrepoids de l'axe de rotation est constante.
Le tablier se relève.
Ce système déjà ancien est appelé tape-cul en bascule en dessous en 1699. En 1714, l'ingénieur militaire Milet aide le contrepoids, ou cubée, par l'addition d'une roue dentée, ce qui permet de raccourcir la longueur du faux tablier. Cet aménagement est amélioré à différentes époques; en 1797 par Filley et Dejean avec un cric, en 1819 par Emy avec un bras arrière. La meilleure solution fut présentée en 1860 par le général Jules Tripier qui remplaça le tablier arrière par deux longerons qui basculent séparément par des rainures étroites partiquées de chaque côté du passage intérieur de l'entrée. Ce système adopté en 1866, sera mis largement en pratique dans les forts Séré de Rivières et restera même en vigueur dans la ligne Maginot.
Le tablier s'abaisse dans le fossé.
Les premiers modèles sont isolés des portes. Les ingénieurs Gallon en 1740, Buret en 1816 et Berguesse en 1819 en construisent. Un beau spécimen se trouve à Bayonne à la nouvelle porte d'Espagne, mais qui incomplet.
Le tablier se relève.
Le pont-levis médiéval à flèche va être repris par les ingénieurs Milet en 1717, Filey en 1743, Delile en 1781 et Duvignau en en 1796.
Le premier remplace le contrepoids par la fermeture haute arrière d'une seconde porte et le dernier va répartir des boulets contrepoids sur l'arrière de la flèche. Ces défenses étaient appelées pont en zigzag.
Le premier exemple de ce système date de 1697 et il est complètement mis au point en 1762 par l'ingénieur du roi Alexandre-Magnus d'Obenheim. Il supprime le contrepoids de charpente et le remplace par des barres métalliques lestées de manchons de fonte. La conordination des mouvements se fait uniquement par des chaînes passant sur des poulies. Une modification des bras métalliques fut apportée en 1831 par le capitaine du génie Ronmy.
Pour remplacer le pont-levis à flèche l'ingénieur Bélidor met au point en 1728 un procédé à sinusoïde souvent emplyé dans les fort à partir de 1750. Le tablier se relève au moyen de deux contrepoids formés par des roues indépendantes descendant le long d'un chemin saut-de-ski. Le capitaine Delile améliore le système en 1812 en plaçant les deux contrepoids sur le même essieu. Mais la trajectoire basse de l'essieu était tellement dangereuse pour les servants que le capitaine Devèze apporta un dernier perfectionnement en 1843 en ajoutant deux galets roulant sur des rails horizontaux.
La porte fait office de contrepoids.
Ce système comporte deux inconvénients :
Ce système est conçu vers 1820 par le général mathématicien Jean Victor Poncelet. Le contrepoids des chaînes agissant sur le tablier est formé d'un chapelet de lourds maillons qui descend dans une fosse à mesure que le tablier se relève. La manoeuvre est facile dans un espace restreint. Ce procédé, avec ou sans variante, équipe tous les ouvrages construit ou modernisé entre 1840 et 1875.
En amélioration du système Poncelet, les capitaines du génie Gueze et Mangin proposèrent en 1830 de remplacer les plaques de fonte formant contrepoids par deux série de cylindres gigognes semblables. Le système est appliqué en 1833 à Grenoble, à la porte de Secours de la Bastille puis à celle de la citadelle du Rabot. Ce système révéla rapidement sa fragilité car les frottements des cylindres entraînaient leur destruction. Ce système fut donc rapidement abandonné.
En 1831, le capitaine du génie Lacoste remplace les tyaux par des plaques carrées de section de plus en plus réduite guidées par des tiges verticales.
Pour amélioré le système Poncelet, le capitaine de génie Deffeux (ou Desfeux) proposa, en 1837, de constituer le contrepoids avec des plaques de fontes circulaires s'emboitant les unes dans les autres et disposées à l'extrémité de la chaîne extérieure.
Ce système est mis au point par le capitaine Derché vers 1810, améliore le levage par des chaînes extérieures grâce à un dispositif allongeant ou raccourcissant le bras de levier par enroulement de la chaîne autour d'une spirale.
En 1846 le colonel Devèze alourdit la spirale à l'aide d'un disque supplémentaire pour qu'il joue un role de contrepoids. Vers 1860, le fer est introduit pour les tabliers et les charpentes.
Plusieurs ouvrages Français ont été dotés, vers 1877, de ce système inventé en 1869 par le lieutenant anglais Adagt. Ce système fut introduit et installé en France, en particulier sur la place de Toul par l'entreprise Pilter. Pour relever le pont il suffit de débloquer l'arrière du tablier. Celui-ci muni de roulettes, descend dans le fond du fossé par son propre poids, guidé par deux rails courbés, relevant ainsi l'avant maintenu en permanence à la maçonnerie de l'ouvrage.
Le tablier se relève à l'aide d'une chaîne roulant sur des galets.
Le pont roulant est le successeur du plancher coulissant médiéval. L'ingénieur L. Mauvais propose en 1867 un pont mobile à la fois en bascule en dessous et roulant. Le principal défaut de ces derniers ponts mobiles étaient qu'ils necessitaient la construction de locaux spéciaux tant pour la manoeuvre que pour pour la surveillance.
Après 1885 le pont dormant disparait et le fossé du pont mobile est un fossé diamant.