Château de Chastellux | ||
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Période ou style | Moyen-Age, Renaissance, néoclassique | |
Type | Forteresse médiévale | |
Début construction | XIe siècle | |
Fin construction | XIXe siècle | |
Propriétaire actuel | Comte Philippe de Chastellux | |
Destination actuelle | Propriété privée (ouverte à la visite) | |
Protection | Inscrit MH | |
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Latitude Longitude | ||
Pays | France | |
Région | Bourgogne | |
Département | Yonne | |
Commune française | Chastellux-sur-Cure | |
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Le Château de Chastellux est un château des XIe-XIIIe-XVe et XIXe siècles situé à Chastellux-sur-Cure en Bourgogne.
Ce château a toujours été habité par la même famille (fait rarissime en France). La construction des parties les plus anciennes encore existantes (tour Saint-Jean) remonte à l'an 1080 environ .
Le château a fait l'objet d'une première inscription au titre des monuments historiques le 10 novembre 1925. Il fut ensuite l'objet d'un classement le 10 novembre 1976 avant d'être de nouveau simplement inscrit le 17 février 1989
La maison de Chastellux a pris son nom d’un lieu nommé Castrum Lucii situé sur les bords pittoresques de la Cure, à 15 km d’Avallon. On attribue les origines du bâtiment, alors constitué d’un fort en bois et en pierre, aux romains dont on trouve de nombreux vestiges dans la région, notamment la mosaïque des Chagnats trouvée sur le domaine (visible au musée de l’Avallonnais).
La présence de la tête de la reine Brunehilde sur le blason des seigneurs de Chastellux, dont le berceau familial se trouve à Montréal (Yonne), lieu où elle vécut avec son petit-fils Thierry II, témoigne de l’ancienneté et des origines de cette famille. L’histoire se souvient du supplice de la reine Brunehilde, morte attachée par les cheveux à la queue d’un cheval enragé après avoir régné pendant plusieurs décennies sur l’Austrasie à la fin du Ve siècle apr. J.-C. Tandis que la lignée des Anséric de Montréal s'éteignait en 1269 avec Anséric VI (inhumé au prieuré de Vausse), la branche des seigneurs de Chastellux descendante du frère d'Anséric IV de Montréal a perduré jusqu'à nos jours.
L’audience de justice qui se tient en 1116 au deuxième étage de la tour Saint-Jean entre les barons locaux et le Clergé de l'abbaye de Molesme à propos d’un litige de droit de propriété constitue la preuve la plus ancienne de la présence des seigneurs de Chastellux sur le site actuel du château. Il est inscrit dans le récit de l'audience : "la tour Saint Jean ancienne en 1116"
Depuis dix siècles, le château de Chastellux n’a cessé d’être agrandi, embelli et restauré par les générations successives qui en sont toujours restées propriétaires.
Planté sur un pic rocheux surmontant la Cure, sa situation est un élément déterminant de la sauvegarde du château, ainsi protégé des attaques. Situé aux confins de l’Yonne et de la Nièvre, la forteresse accueille les armées venues défendre cette Porte de la Bourgogne, alors Duché autonome.
Au XIIe siècle, le château est une forteresse composée de hautes tours reliées entre elles par une épaisse muraille crénelée et gardée par un chemin de ronde. Des bâtiments en bois sont adossés le long des murs. Ils servent au logement du bétail ainsi qu’au stockage du fourrage. Le confort est inexistant et les habitations jouent un rôle très effacé par rapport à la vocation « défensive » de la forteresse. La tour Saint Jean est le dernier vestige de ce passé antique où la seigneurie de Chastellux est indépendante de tous souverains. Cette tour, une des plus ancienne d’Europe, se compose de cinq niveaux. L’escalier qui desserre les étages a été taillé dans l’épaisseur du mur, lequel mesure plus de 3,5 m de large au sol. Au deuxième étage, on trouve une prison pour officier et un cachot dans lequel on descend par une ouverture située dans la voûte de l’étage. Le toit est surmonté d’une lanterne dans laquelle la cloche du guet, donnant l’alerte en cas de danger, se trouve placée.
Une deuxième enceinte flanquée de nombreuses tourelles, dont 2 subsistent encore de nos jours, renforce cette position. Un fossé joignant les deux vallons ferme cette seconde enceinte (disparue à ce jour).
Au XIIIe siècle, la nécessité de construire un bâtiment plus important s’impose. La date de 1240, tracée sans art sur une pierre des murs, fournit sans équivoque la date de construction de la salle des Gardes, corps de bâtiment le plus ancien après celui de la tour Saint-Jean.
Comme à l’époque, il est encore aujourd’hui encadré par la tour de l’Ermitage et celle des Archives. Du côté ouest se dressent le donjon, depuis abaissé d'un étage et la tour d’Amboise, bastion de défense sans étage.
Tout au long de l’histoire les Seigneurs de Chastellux demeurent proches des ducs de Bourgogne et combattent à leurs côtés notamment lors de la prise de Paris en 1417. Le maréchal Claude de Chastellux bat les armées franco-écossaises lors de la bataille de Cravant le 31 juillet 1423. Cette victoire lui permet d’obtenir de nombreux privilèges : notamment d’entrer dans la cathédrale d’Auxerre à cheval, en habit militaire, un faucon au poing, pour y recevoir le titre de premier chanoine héréditaire du Chapitre d’Auxerre. Il est inhumé dans la chapelle de ce prestigieux monument.
Au cours des 15 dernières années de sa vie, le Maréchal de Chastellux agrandit le deuxième corps de logis situé entre la tour des Archives et le bastion de la tour d’Amboise et fait construire la tour Octogonale et la chapelle du château.
En 1592, Olivier de Chastellux, Baron de Quarré, Vicomte d’Avallon, gouverneur de Cravant, Yonne, surélève le bastion militaire situé à l’extrémité du château par une tour d’habitation nommée tour d’Amboise. Il fait également réaliser la terrasse qui encercle le château.
Jusque à la fin du règne de Louis XIII, le château demeure une forteresse dotée d’une garnison importante : le 13 octobre 1615 le prince de Condé ordonne « l’établissement d’une compagnie de 100 hommes de pied et sachant bien faire la guerre » ; dans une ordonnance datée du lendemain, il demande à Olivier de Chastellux de « lever une compagnie de 60 chevau-légers et de l’établir en son château et place de Chastellux ». La situation géographique de Chastellux en fait un lieu stratégique pour la défense de la Bourgogne.
Hercule, fils d’Olivier, est élu de la noblesse des États de Bourgogne en 1618. En 1621, afin de lui témoigner son estime et sa reconnaissance pour services rendus et pour ceux de son père, Louis XIII réunit les différents fiefs des Chastellux à savoir la seigneurie de Chastellux, la baronnie de Quarré-les-Tombes, Yonne et la vicomté d’Avallon en comté de Chastellux.
En 1780, François-Jean de Chastellux participe à la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique aux côtés de George Washington. Il explore le pays et étudie sa diversité ce qui le conduit à publier des ouvrages de référence sur ses voyages. Il entre à l’Académie française le 27 avril 1775. Il se distingue également en testant sur lui-même, pour la première fois en France, le vaccin contre la petite vérole, avec succès.
À la mort de son beau-père, le Duc de Duras, en 1786, le Comte Henri-Georges de Chastellux reprend la charge de chevalier d’honneur de Madame Victoire, fille de Louis XV, et se met à son service. En prévision des menaces qui s’annoncent, les Princesses de France se résolvent à partir en Italie en février 1791. Elles demandent aux Chastellux de les accompagner, les enfants du Comte restant à Autun.
Les révolutionnaires vandalisent alors le château : toutes les armes anciennes du Moyen Âge sont volées en 1792, la cave est pillée et vendue aux enchères. Le 5 août 1793 les meubles et archives sont saisis, les tableaux, d’une valeur inestimable, sont brûlés le 10 août sur la place Saint-Julien d’Avallon (place de l’Hôtel de ville), les meubles sont volés, vendus, dispersés. La moindre trace de blason sur une boiserie, un tableau ou sur un élément décoratif devient synonyme de destruction irrémédiable et immédiate.
Pour leur part, le Comte et la Comtesse de Chastellux ne reviennent habiter le château qu’à la fin de l’Empire, en 1810, après dix neuf ans d’exil en Italie.
Leur fille, Georgine de Chastellux épouse Charles Angélique François Huchet de La Bédoyère, Colonel au 112ème de ligne puis au 7ème dont la fin s’annonce tragique. Il accueille Napoléon lors de son retour de l’île d’Elbe et se met à son service alors que Louis XVIII l’avait chargé de son arrestation. Après la chute de Waterloo, Louis XVIII fait fusiller Charles de La Bédoyère le 19 août 1815 à la Barrière de Grenelle, à Paris, malgré la grande amitié qui lie le monarque à la maison de Chastellux.
Sous la Restauration, le frère de Georgine, César Laurent de Chastellux entreprend de remettre en état le domaine. Il supprime les ajouts décoratifs du XVIIIe siècle pour redonner son aspect médiéval à l’ensemble. Il en profite pour surélever de deux étages la tour d’Amboise.
Le 15 juin 1940 au soir le général de Lattre s’installe au château avec son état-major et oblige le Comte et la Comtesse de Chastellux à s’en aller. Il souhaite combattre les Allemands en profitant de la géographie du terrain. Cette bataille n’eut jamais lieu et le général part le lendemain matin rapidement. Le Comte et la Comtesse de Chastellux rentrent d’exode le 6 septembre suivant soit après trois mois d’absence. La vie reprend alors lentement son cours normal. Le château connaît un nouvel épisode tragique le 30 mai 1975 : un incendie se déclare dans un conduit de cheminée et met le feu à la toiture et aux greniers. La tour d’Amboise en porte encore la trace comme en témoigne l’absence de toit.