Le château de Thévalles est situé à Cheméré-le-Roi dans le département de la Mayenne, à 1 500 m du bourg, au-dessus de l'Erve. Le moulin de Thévalles, Monument Historique, reconstruit en 1850, est situé en contrebas du château. Il s'agit actuellement du seul moulin à eau en Mayenne qui se visite. Le château domine le cours de l'Erve et sa vallée du haut d'un roc taillé à pic. Le gros pavillon qui remonte aux Thévalle conserve son aspect antique. Les autres constructions sont de l'âge des la Rochelambert.
Désignation
Le molin.., le seignor de Thévalle, 1260 ;
H. de Tesval, 1285 ;
J. de Tesvale, 1380 ;
le moulin et pescherie de Thesvalle, 1490 ;
Thévalle, château ;
Thévalles, château, moulin.
Musée préhistorique
Un musée d'antiquités préhistoriques et d'objets artistiques y avait été formé sous la direction de Mademoiselle de Boxberg, amie et dame de compagnie de la marquise de la Rochelambert. La bibliothèque contenait des livres rares et quelques manuscrits. Le musée était fort riche. Il a été donné au début du XXe siècle par elle au musée de Dresde et s'est trouvé si abondant, surtout dans la partie préhistorique, qu'on l'a divisé pour en attribuer une partie notable au musée de Leipzig.
Le portrait de David Rivault de Flurence, signalé par André René Le Paige avec d'autres tableaux, existait toujours au début du XXe siècle, mais n'était pas, selon l'abbé Angot, authentique.
Histoire
Fief et domaine mouvant de Chemeré, comme le reconnaît Emard de Thévalles en 1482. Des acquisitions successives et surtout la haute situation de ses possesseurs finirent par donner à cette seigneurie une haute importance qu'elle était loin d'avoir à l'origine.
Jean de Thévalles, quand il eut acquis en 1558 la seigneurie de Saulges, prétendit que le ruisseau des Fontaines, qui naît au bourg, partageait sa juridiction de celle de Cheméré, dont il disait ne relever que pour quelques parties de ses terres, tandis que le manoir et le fief mouvaient de Sainte-Suzanne.
Le roi de Navarre appuyait naturellement ces prétentions, comme baron de Sainte-Suzanne. Jacqueline de Thévalle, en 1606 et 1624, se fit condamner pour refus d'hommages ; mais le procureur du prince de Condé en 1652, ne fit aucune difficulté d'avouer les six fois et hommages qu'il devait à Cheméré pour les anciennes possessions et les acquisitions nouvelles.
Les seigneurs de Cheméré ne résidaient point et n'avaient même pas de domaine. Cela permit aux Thévalles d'ouvrir une chapelle sur le sanctuaire et d'encombrer le chœur lui-même de monuments superbes, de mettre leurs armes aux murs et aux fenêtres et d'obtenir les prières nominales au prône. Mais un procès savamment plaidé fit débouter leurs successeurs, à la veille de la Révolution française, de leurs prétentions.
Le château actuel date en partie du XVIe siècle avec des remaniements et des augmentations postérieures. Il est hardiment campé sur le bord du ravin au fond duquel coule l'Erve.
Au mois de 1798, la garde nationale de Ballée vint fouiller le château à la recherche des prêtres Jacques et Louis, et d'autres suspects. La chapelle était ornée et une table de 25 couverts était dressée. Mais on ne trouva personne.
Seigneurs
Famille de Thévalle
Quelques noms se présentent isolés avant la filiation suivie : Avoise et Nicolas de Thévalle font des legs à l'église de Chémeré avant 1367 ;
Thomas de Thévalle est écuyer dans la compagnie de Jean de Landivy, 1378, et dans celle de Robert de la Ferrière, 1380 ;
Thibault de Thévalle sert sous Guillaume de Saint-Martin, 1380 ;
Herbelot de Thévalle, exécuteur testamentaire de Jean Chevalier, seigneur de Comté, 1380, cité au Chartrier de Juigné, 1383 est bailli du comte d'Alençon dans sa châtellenie de Thorigné, 1390, et sénéchal de Verdelle, 1397. La généalogie est désormais régulièrement établie.
Jean de Thévalles laisse veuve Philippe, qui est en procès avec le seigneur de Comté. Isabeau, sa fille, épouse Guillaume du Châtelet ;
Fouquet de Thévalle, mari de Nicolas des Ecottais, 1384, 1405 ;
Jean de Thévalles, chevalier, prend deux sauf-conduits des Anglais, 1433, 1434 ; Julienne de Nouray sa veuve vit en 1451 ;
Emard de Thévalle épousa : # Jeanne de Quatrebarbes , qui le fit seigneur de Bouillé , dit depuis Bouillé-Thévalle, et mourut en 1486 ; # Renée Fournier, d'Angers, qui fonda son anniversaire en l'église Sainte-Croix d'Angers le 22 février 1512 (v. s.). Il figure à la proclamation de la Coutume du Maine réformée, 1508. Dans son testament du 7 novembre 1512, il nomme : Jean son père, Jean son fils, avec lesquels il veut être enterré au choeur de l'église de Chémeré ; Jean de Thévalles, son oncle, dont la veuve, Jeanne de la Chapelle, vivait encore ; Julienne de Nouray, sa mère ; Isabelle de Nouray, sa tante ; Jean Morin, seigneur de Loudon ; Étienne de Thévalles, ecclésiastique, son fils ; René du Bouchet, son gendre, sans oublier les deux filles bâtardes de feu Jean de Thévalles ;
Jean de Thévalle, était en 1512 avec Emard son frère sous la tutelle d'Étienne de Thévalle, son aîné. Il épousa Françoise de Scépeaux, sœur du futur maréchal de la Vieilleville, à laquelle René du Matz, son frère utérin, donna le domaine d'Éventard à Écouflant, 15 juin 1544. Il était panetier ordinaire du roi, chevalier de l'ordre de Saint-Michel ;
Jean de Thévalle épousa Radegonde Fresneau, fille de Louis Fresneau et de Radegonde de Maridor ;
Charles de Thévalle, son fils qui vivait en 1572, 1586, mourut avant lui. Il laissa pour unique héritière Jacqueline de Thévalle, dont, il fallut, à l’époque de son mariage (1597) avec Charles de Maillé, seigneur puis marquis de Brézé prouver par témoignage la légitimité, car les registres paroissiaux de Chémeré-le-Roi avaient été brûlés par les bandes de huguenots anglais qui avaient dévasté le pays en 1592. Une condition du mariage était que le second de ses fils relèveraient le nom de Thévalle. Il y eut en effet un puîné, nommé Charles, qui porta ce nom, mais il mourut enfant ;
Famille de Condé
Urbain de Maillé, marquis de Brézé, issu de ce mariage, devint, par ses mérites personnels et surtout par la protection du cardinal de Richelieu, dont il avait épousé la sœur, maréchal de France et chevalier des Ordres du roi. Il fut donc seigneur de Thévalle.
Grand Condé du sculpteur français Antoine Coysevox en 1688 au musée du Louvre
Quand Claire-Clémence de Maillé, fille du maréchal, eut atteint l’âge de treize ans, en 1641, le cardinal-ministre l'imposa comme épouse à Louis II de Bourbon-Condé, qui, deux ans plus tard, était le vainqueur de Rocroi, et qui, par une série de victoires, est devenu dans l’histoire le Grand Condé. Ce dernier fit expier à son épouse dans une sévère réclusion ses extravagances et la violence que lui avait imposée à lui-même le terrible ministre.
Par son mariage avec Claire-Clémence de Maillé, le futur héros était devenu seigneur de Thévalle, seigneur de Saulges. Puis, au temps où exilé pour ses multiples révoltes contre Mazarin et la cour, il voyait tous ses biens saisis, la terre de Thévalle et celle de Saulges, son annexe, l'étaient elles aussi. Mais le prince rentra en grâce à la cour, rentra dans la jouissance de ses biens confisqués et fut depuis, jusqu'à sa mort, seigneur de Thévalle et de Saulges.
Thévalle passa depuis à Henri de Bourbon, 1690 ; à Henri Jules de Bourbon-Condé, 1695, 1703 ; à Louis III de Bourbon-Condé, 1709 ; à Louis Armand II de Bourbon-Conti et à la princesse de Conti, sa femme, 1712, 1718 ; à Louise-Anne de Bourbon-Condé, demoiselle de Charolais, 1738, qui en disposa en faveur de Louis-François-Joseph de Bourbon, comte de la Marche, 1762.
Famille de la Rochelambert
Ce dernier vendit à François-Laurent-Scipion de la Rochelambert, mari de Michelle-Anne Douard de Fleurance, 1764. Le 19 novembre 1765, une seconde adjudication eut lieu au profit des créanciers du vendeur. Le château est resté dans la famille de Rochelambert ;