Conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France - Définition

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Controverse sur les conséquences sanitaires en France

Cancers de la thyroïde

Une éventuelle augmentation de la mortalité liée au passage du nuage de produits radioactifs serait liée à une augmentation du nombre de cancers de la thyroïde déclarés chez les personnes qui étaient enfant en 1986 (lors du passage du nuage).

En effet, dans la zone de Tchernobyl, beaucoup plus exposée que les régions françaises, il n'y a pas eu d'augmentation des cancers des adultes provoqués par la catastrophe mais il y a eu une augmentation du nombre d'enfants atteints, estimée à 2 000 cas.

Effet des faibles doses de radiations

Les conséquences sanitaires des faibles doses de radiations sont controversées, et deux hypothèses principales existent :

  • Selon l'une d'entre elles, les faibles doses de radiations n'auraient pas de conséquences néfastes en matière de cancer, et le risque pourrait même diminuer dans certains cas (phénomène d'hormèse) ; c'est cette thèse que défend le Pr Aurengo, ainsi que l'académie de médecine. Si l'on retient cette première hypothèse, la catastrophe de Tchernobyl n'aurait pas provoqué d'augmentation du nombre de cancers en France.
  • Selon l'autre thèse, le risque de cancer varie linéairement avec la dose, sans qu'il existe de seuil de disparition du risque ; c'est cette dernière que reprennent notamment un rapport de l'Académie des sciences française de 1995, et un rapport plus récent de l'Académie des sciences des États-Unis de juin 2005. Si l'on retient cette seconde hypothèse, la catastrophe de Tchernobyl entraînerait un très léger surcroît de décès par cancers en France.

On peut remarquer que l'académie des sciences a aligné en 2005 sa position sur celle de l'académie de médecine.

Nombre de cancers supplémentaires

En 2000, l'Institut de veille sanitaire a estimé qu'entre 1991 et 1995 dans l'Est de la France le nombre de cancer de la thyroïde en excès suite à l'accident de Tchernobyl serait selon sa modélisation compris entre 6,8 et 54,9, alors que 899 cas spontanés de cancers de la thyroïde sont attendus sur la même période. « Les excès de cancers estimés selon différents modèles de risques sont inférieurs ou comparables aux incertitudes sur l’estimation du nombre de cancers spontanés ».

Georges Charpak a évalué ce surcroît de manière assez rudimentaire à 100 décès sur un an, et environ 300 sur 30 ans, en partant de l'hypothèse d'une dose moyenne de 0,05 mSv une année après Tchernobyl, soit environ le 10 000e de l'ensemble des cancers mortels sur la même période.

Le nombre de cancers de la thyroïde a augmenté en France régulièrement d'environ 7% en moyenne par an depuis 1975 (soit un quadruplement en 19 ans), sans inflexion particulière en 1986. Cette augmentation est due à l'amélioration du dépistage ; ces cancers représentent sensiblement 1% du total des cancers qui apparaissent en France et la mortalité correspondante a tendance à diminuer. Dans la zone de Tchernobyl elle-même, il a été constaté une augmentation du nombre de cancers de la thyroïde des adultes dans les mêmes proportions, donc il n'y a pas eu de surmortalité détectable des adultes. Dans les régions françaises du Calvados, on assiste au même quadruplement de ce nombre de cancers ; en région Champagne-Ardenne, il y a eu seulement un doublement de ce nombre révélé par une étude équivalente, alors que cette région a reçu plus de retombées qu'à l'Ouest de la France.

Les cancers de la thyroïde sont très majoritairement féminins et l'évolution de leur nombre suit l'évolution du nombre de cancers du sein. A priori deux phénomènes concomitants sont à prendre en compte :

  1. l'augmentation du nombre de cancers détectés par l'accroissement de la sensibilité des appareils à ultrasons : le seuil de détection des nodules est passé d'un diamètre de 10 mm à 2 mm.
  2. évolution dans les comportements féminins de prise d'hormones de substitutions pré- à post- ménopause.

Dans la zone de Tchernobyl elle-même, le nombre de cancers de la thyroïde des enfants a fortement augmenté : il a été relevé environ 2 000 cas de cancers de la thyroïde sur des enfants de moins de 15 ans dans la région de Tchernobyl suite à l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Le taux de guérison a été supérieur à 98% selon l'UNSCEAR.[réf. souhaitée]

L'iode radioactif est très couramment utilisé comme radiopharmaceutique en scintigraphie ou en traitement d'hyperthyroïdies. Le service de médecine nucléaire d'un hôpital consomme environ un Curie d'iode 131 par an. Ces examens ne sont pas pratiqués sur les enfants de moins de quinze ans, qui seraient plus susceptibles de développer ce type de cancer. Il a été constaté une augmentation du taux de cancers secondaires de la thyroïde sur des personnes soumises à une radiothérapie utilisant une forte dose d'Iode 131.

Actions en justice des malades de la thyroïde

Depuis mars 2001, 400 poursuites ont été engagées en France contre 'X' par l'Association des malades de la thyroïde, dont 200 en avril 2006. Ces personnes sont affectées par des cancers de la thyroïde ou goitres, et ont accusé le gouvernement français, à cette époque dirigé par le premier ministre Jacques Chirac, de ne pas avoir informé correctement la population des risques liés aux retombées radioactives de la catastrophe de Tchernobyl. L'accusation met en relation les mesures de protection de la santé publique dans les pays voisins (avertissement contre la consommation de légumes verts ou de lait par les enfants et les femmes enceintes) avec la contamination relativement importante subie par l'Est de la France et la Corse. Plusieurs études européennes (dont l'étude de 2006 de l'IRSN) ont étudié une possible corrélation entre la catastrophe de Tchernobyl et l'augmentation du nombre de cancers de la thyroïde en Europe sans pouvoir établir un lien de cause à effet. L'augmentation des cancers est un phénomène continu, antérieur à la catastrophe et qui s'observe également dans les zones non contaminées. De nouvelles plaintes sont néanmoins déposées par des malades et il reste à la justice à se prononcer sur ce phénomène.

Dans une lettre publiée dans Libération, 52 médecins spécialistes montrent que « ces malades français sont les otages d’un lobby anti-nucleaire et juridicomedical » : alors que seuls des enfants ont été atteints en Ukraine, la plupart des plaignants français étaient adultes en 1986. « Les registres des cancers ont révélé une augmentation préférentielle de cas à l’Ouest de la France, région la moins exposée aux retombées du nuage radioactif. » « L’augmentation mondiale des découvertes de cancers de la thyroïde résulte surtout des progrès de la médecine et du dépistage. » « C’est un besoin naturel des individus de trouver une explication simple et de bon sens, idéalement extérieure, aux maux qui les accablent. En matière de maladie thyroïdienne, Tchernobyl fournit le parfait alibi. »

Risques liés à l'alimentation

Les recommandations de l'OMS sur le lait préconisent une activité annuelle inférieure à 100 000 becquerels d'iode radioactif, soit une activité moyenne inférieure à 600 becquerels par litre de lait.

Le 7 mai 1986, un courrier de l'Organisation mondiale de la santé indique que « des restrictions quant à la consommation immédiate [du] lait peuvent donc demeurer justifiées ». Une note du 16 mai émanant du ministère de l'Intérieur, à l'époque dirigé par Charles Pasqua déclare « Nous avons des chiffres qui ne peuvent pas être diffusés. (…) Accord entre SCPRI et IPSN pour ne pas sortir de chiffres ».

Le 16 mai, une réunion de crise se tient au ministère de l'Intérieur : du lait de brebis en Corse présente une contamination par l'iode 131 anormalement élevée, d'une activité de plus de 10 000 becquerels par litre ; les relevés du SCPRI de 1986 relèvent 6 000 becquerels par litre de lait en certains endroits du territoire, notamment en Corse et dans l'Est de la France. Dans la mesure où la catastrophe qui générait la pollution à l'iode radio-actif était un événement ponctuel, et que l'iode 131 a une demi-vie courte (l'activité au bout de deux mois est difficilement détectable), il a été jugé que le bilan de l'activité radio-active sur une année ne serait pas affecté sensiblement, et les autorités n'ont pas pris de mesure particulières.

Les études montrent que pour le cas extrême d'un chasseur consommant 40 kg de sangliers « contaminés » par an, « sa dose efficace engagée serait alors voisine de 1 millisievert pour l’année 1997, c’est-à-dire nettement inférieure à la dose résultant de la seule radioactivité naturelle et de l’ordre de la limite de dose réglementaire établie pour le public (1 mSv/an) - elle-même bien en deçà des niveaux présentant un risque avéré. »

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