Le créadion rounoir est un des plus gros oiseaux insectivores arboricoles de Nouvelle-Zélande, mesurant jusqu'à 25 cm de longueur et pesant environ 75 g, soit un peu plus qu'un merle noir. Pour se nourrir, il arrache des morceaux d'écorce à la recherche d'insectes qu'il dépèce ensuite à l'aide de son court mais puissant bec. Il parcourt également le sol en fouillant l'épaisse couche d'humus. Bien que son régime soit principalement insectivore, le créadion rounoir se nourrit occasionnellement de fruits et de nectar. Par ailleurs, il vole très mal, à l'instar de son proche parent le glaucope cendré, et préfère se déplacer en sautant d'une branche à une autre. Cependant, il se sert de son vol battu très bruyant pour effectuer de courtes distances.
C'est un oiseau territorial qui réagit de manière belliqueuse contre toute intrusion sur son domaine. Il marque son territoire en chantant au lever du soleil. Si toutefois, malgré les avertissements, un rival franchit les frontières, il adopte aussitôt une posture offensive en secouant la tête et en écartant sa queue en éventail. Il pousse également des pépiements brefs et sonores, tandis que ses caroncules se dilatent. Enfin, si l'intrus ne recule toujours pas, l'affrontement peut tourner en une bataille, au cours de laquelle les combattants cherchent à agripper les caroncules de l'adversaire avec leurs griffes.
Il niche sur des épiphytes, à la cime de fougères arborescentes ou bien dans des cavités dans des troncs. Il a pour habitude de faire son nid à faible hauteur, près du sol, ce qui permet à ses petits de quitter le nid en sautant sur le sol. Ils s'essaient alors au vol en battant leurs jeunes ailes bruyamment et vigoureusement.
Le créadion rounoir est un oiseau bruyant et peu farouche, ce qui fit son malheur au XIXe siècle quand la mode en Europe et aux États-Unis était aux oiseaux naturalisés.
Le nom māori du créadion rounoir, tieke, a pour origine un des cris caractéristiques de cette espèce : ti-e-ke-ke-ke-ke. Ce son tient une place importante dans les croyances māories puisqu'il était considéré comme un bon augure lorsqu'il était entendu de la droite, mais comme un mauvais présage s'il venait de la gauche. Il est intéressant de remarquer le parallèle entre ces superstitions et les auspices de la culture romaine.
Le comportement effronté de cet oiseau a inspiré une légende māorie qui explique comment le créadion rounoir s'est retrouvé avec sa caractéristique bande noisette dans le dos et sur le croupion. Assoiffé par son combat contre le soleil, le héros Māui demanda au tieke de lui apporter à boire. Ce dernier fit mine de ne pas entendre. Furieux, Māui attrapa l'oiseau de la main, encore brûlante du combat qu'il avait livré, lui laissant une cicatrice brune dans le dos.