Déchet en mer - Définition

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Macrodéchets flottants collectés en un mois sur le littoral de la zone protégée des French Frigate Shoals, un groupe d'îles et d'atolls coralliens isolé de l'archipel d'Hawaï (Northwest Hawaiian Islands) abritant de nombreuses espèces menacées.
Les zones urbaines littorales et estuariennes, de plus en plus densément peuplées sont des sources importantes de déchets en mer.
Chaque tempête et inondation comme l'ouragan Katrina ici, est une source supplémentaire de déchets apportés en mer ou rendus par la mer.

Outre les déchets liquides ou gazeux, ou de granulométrie très fines (nanoparticules, microparticules, poussières, etc.) solubilisés dans l'eau, on peut classer les déchets d'origine anthropique trouvés en mer en différentes catégories aux impacts différents, selon leur origine et caractéristiques :

  • déchets lentement dégradables : Selon le NOAA, il faut environ un million d'années pour qu'une bouteille de verre soit entièrement dégradée et réintégrée dans l'environnement
  • déchets biodégradables (biomasse ou nécromasse : ce sont par exemple les bois-flotté provenant des chantiers, coupes rases lessivées par les fortes pluies ou des restes d'inondations ou tsunamis ayant emporté en mer des éléments de construction en bois, cadavres de cétacés, poissons, oiseaux, et laisses de mer végétales). Des déchets de type nécromasse sont, par exemple, des restes de végétaux (déchets de l'agriculture ou de l'alimentation jetés dans les fleuves), des cadavres animaux dont de cétacés blessés, asphyxiés dans des filets de pêche ou perturbés qui meurent en mer ou échoués. S'y ajoutent des millions de cadavres de poissons blessés par les filets ou rejetés en mer car sans intérêt commercial, des cadavres de tortues tuées par des filets ou l'ingestion de sacs plastiques confondus avec des méduses, des cadavres d'oiseaux mazoutés, empoisonnés, morts par ingestion d'objets en plastique ou d'hameçons attachés à un fil et un flotteur. Des espèces-gibier tombés des falaises lors de chasse ou battues sont également emportés en mer, s'ajoutant aux cadavres d'animaux domestiques (bovins, porcins, volailles...) notamment emportés lors des grandes inondations de zones d'élevages ou après certains tsunamis. Ces cadavres dont une partie seront consommés par des oiseaux marins peuvent éventuellement transporter et diffuser des pathogènes susceptible de poser des problèmes épidémiologiques ou écoépidémiologiques.
  • déchets d'origine terrigène (apportés à partir des terres émergées ou des ports, via les fleuves, les littoraux ou les estuaires et lagunes) ou déchets émis en mer (volontairement ou involontairement « perdus » ou « immergés » par les navires.
  • déchets diffus émis en quantité dispersées, ponctuellement dans l'espace et dans le temps ou de manière chronique (ex. : perte de terre agricoles lessivées par les pluies et érodées par les vents, responsable d'une turbidité croissante des cours d'eau, et de zones marines mortes) ;
  • déchets plus ou moins dégradables ou biodégradables ;
  • déchets plus ou moins toxiques ;
  • macro-déchets ou micro-déchets (on peut alors les classer selon leur taille, poids, densité...) ;
  • déchets flottants ou déchets immergés (ex. : sédiments portuaires clappés en mer, épaves, déchets volontairement jetés en mer, munitions immergées, etc.) ;
  • déchets « lourds » (sauf s'ils peuvent être dégradés en petites particules, ils ne sont pas emportés à distance par le courant, on les trouve donc près de leurs zones d'émission (exemple : billes de plomb de chasse ou de ball-trap, toxiques, trouvées dans les estuaires et à proximité des côtes). Néanmoins, ces billes rondes peuvent venir de loin, notamment des hauteurs du bassin versant situé en amont emportées par les pluies et les cours d'eau qui dont commencé à les éroder.
  • munitions immergées ; des centaines de dépôts de munitions anciennes ont été créés en mer après les guerres mondiales (plus de 100 ont été cartographiés en France, en Belgique et au Royaume-Uni), donc certains abritent des dizaines de milliers de tonnes de munitions conventionnelles ou chimiques qui se délitent lentement dans l'océan ou les sédiments et qui peuvent être dispersées par les chaluts de pêche ou des tsunamis.

Presque tous les objets fabriqués par l'Homme peuvent être retrouvés en mer, dont en particulier : sacs plastique, bouteilles et autres contenants (tonneaux, bidons, containeurs...) de verre et plastique, jouets en plastiques et divers autres déchets de plastique et polystyrène, corde, déchets médicaux, restes de casiers, chaluts, ligne et autres filets de pêche, restes de navires, déchets alimentaires, excréments et déchets solides rejetés en mer par les navires, déchets de stations de forage ou de dégazages en mer sont communément trouvés en mer et sur les côtes.

De nombreux animaux s'asphyxient ou se piègent et meurent de faim en entrant dans des récipients dont ils ne peuvent sortir ou en ingérant des objets qu'ils ne peuvent digérer (albatros par exemple).

Cas particulier des filets de pêche perdus en mer

Exemple de « filet fantôme » ayant piégé une tortue marine.

Ces filets perdus (également dits « ghost nets », soit « filet fantôme » pour les anglophones) posent des problèmes particulier en ce qu'ils continuent à capturer des animaux marins (poissons dont thons, requins.., gros crustacés, mammifères marins (dont dauphins, marsouins, dugongs, phoques, otaries..), tortues marines et certains oiseaux (plongeurs), longtemps après que les filets ont été perdus ou abandonnés. Ces animaux y soufrent, y meurent ou y sont inutilement blessés.

Ce sont des filets maillant dérivant ou de chaluts endommagés et volontairement abandonnés en mer, ou encore des filets perdus par leurs propriétaires suite à une tempête, une avarie, ou un accrochage sur un récif ou une épave. Les filets produits depuis la seconde guerre mondiale en nylon ne sont plus biodégradables, et continuent à piéger les animaux, les tuant par asphyxie ou provoquant leur mort de faim, ou des infections et une diminution des chances de survie suites aux lacérations et amputations qu'ils induisent.

Cas particulier des plastiques

Le plastique est le matériau qui occupe la part dominante (et croissante) des déchets trouvés en mer. Diverses études ont montré qu'on trouve maintenant des particules de plastique dans toutes les mers du monde et à toutes les profondeurs.

Parce qu'il est peu dégradable, 80% des débris marins seraient maintenant en matière plastique, alors que cet élément n'a significativement commencé à s'accumuler que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et plutôt depuis les années 1960. De plus, les plastiques contiennent des stabilisants (plomb ou cadmium dans les PVC par exemple) et des colorants ou divers additifs toxiques qui sont libérés dans l'eau par lente érosion ou par photodégradation (pour les objets flottants ou échoués).

Exemple de nurdles (billes de plastique) ici perdues par un train à Pineville en Louisiane.

Les nurdles sont des granules de plastique de moins de cinq millimètres de diamètre en forme de bille ou de disque. Ils sont la matière première utilisée en plasturgie et sont déversées dans la nature lors d'accidents. Ils sont parfois nommés « larmes de sirènes », comme les petites perles de plastiques qui résultent de la dégradation et de l'érosion dans le sable de morceaux de débris de plastiques plus grands. Ces nurdles sont couramment trouvés dans les canaux et les fleuves qui les amènent en mer. De nombreux animaux les ingèrent en les confondants avec des œufs de poissons auxquels ils ressemblent. De plus, ces petits morceaux de plastiques absorbent des toxiques tels que les PCB et d'autres polluants susceptibles d'agir comme des perturbateurs endocriniens et d'interagir avec les capacités de reproduction des poissons (agents féminisants, facteurs de délétion de la spermatogenèse...)

Les sacs plastiques sont également avalés, entiers ou sous forme de débris, car confondus avec des méduses ou une algue flottant entre deux eaux. Ils peuvent obstruer l'appareil digestif de l'animal qui les a avalé. Les sacs en plastique peuvent provoquer la mort par famine de l'animal qui en a avalé un en limitant la circulation des aliments dans son tube digestif ou en entretenant une sensation de satiété par le fait que l'estomac reste plein d'un volume non dégradable.

Une étude des macrodéchets récupérés en 1994 par les filets de chalutiers du nord-ouest méditerranéen, autour des côtes d'Espagne, de France et d'Italie a montré une forte concentration moyenne de déchets (1 935 macrodéchets/km2 en moyenne, constitués à 77 % de plastique, dont 93 % étaient des sacs en plastique).

Quelques pays ou régions ont de par le monde interdit l'usage des sacs plastiques dans les supermarchés. Certaines firmes se sont auto-limitées en utilisant des cabas payant ou des sacs en papier.

D'autres objets de plastique (briquets, cartouches et nombreux gadgets de plastiques et autres jouets d'enfants, etc.) sont ingérés par des animaux qui parfois en meurent. Il est possible qu'après un certain temps, ils soient couverts d'un biofilm et/ou d'œufs d'organismes marins renforce l'appétence de certains animaux (albatros, notamment qui se nourrissent quasi-exclusivement en pleine mer).

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