Écréhou Êcrého (je) | |
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Géographie | |
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Pays |
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Localisation | Océan Atlantique |
Coordonnées | |
Nombre d'îles | Trois îles de très nombreux îlots |
Île(s) principale(s) | Maîtresse Île, Marmotière, Blanche Île |
Administration | |
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Bailliage | Jersey |
Paroisse | Saint-Martin |
Démographie | |
Population | Aucun habitant (2007) |
Autres informations | |
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Les Écréhou sont, avec les Minquiers, deux petits archipels anglo-normands formés d’îles et de rochers situés dans la mer de la Manche. Submergés par la marée, la plupart de ces îlots sont inhabitables.
Administrativement, ces îles appartiennent à la paroisse de Saint-Martin, et dépendent donc du bailliage de Jersey, en Normandie insulaire (îles Anglo-Normandes).
Les îlots, ainsi que toutes les îles Anglo-Normandes et le comté de Cotentin, furents annexés au duché de Normandie en 933. Après Guillaume le Conquérant et la conquête de l’Angleterre en 1066, les Écrehou firent partie de l’ensemble anglo-normand et ne furent pas réclamées par Philippe Auguste en 1204 lors de l’annexion du duché. En 1259, le roi Henri III d'Angleterre rendit pourtant un hommage au roi saint Louis pour les îles normandes, dont les Écréhou.
Les îles principales étaient fréquentée par des Jersiais, propriétaires de cabanes. Ces paysans exploitaient des fermes dans la paroisse de Saint-Martin, et rejoignaient l’archipel afin d’y pêcher et de couper du varech aux époques autorisées.
Inhabitables, les Minquiers et les Écréhou servirent de repère pour les contrebandiers, notamment au XIXe siècle, pour « y cacher pendant quelques semaines les denrées qu’ils cherchaient à introduire clandestinement en France ou à Jersey ». (Charles de la Morandière). Selon les époques et les besoins, ils virent ainsi transiter des « indiennes », des draperies, de la laine, du plomb, de l’étain et du tabac (tous produits dits de « commerce libre », alimenté par les cargaisons ramenées par les corsaires depuis 1689).
L’historien Robert Sinsoilliez rapporte dans son ouvrage consacré aux Minquiers et aux Ecréhou qu’en 1757, lors de la levée d’une carte topographique de Jersey, un observateur consignait dans son livre de bord : « Ils font du trafic de toutes sortes de marchandises prohibées en France qu’ils introduisent avec quantité de tabac dans les Provinces de Normandie et de Bretagne dont ils tirent des sommes considérables ». Ces îles, fournissant des caches nombreuses et inaccessibles, ils passaient en fraude de grande quantité de tabac à fumer ou à chiquer. Jersey était alors un lieu de production de tabac. De leur côté, les Français, bien qu’indésirables et surveillés par la douane, utilisaient ces îles comme base logistique pour le trafic du « trois-six », un alcool qui parvenait via des tonneaux aux faux fonds transportés sur les cotres dans les différents ports de Jersey. L’alcool était fortement taxé par les Britanniques.
Elles sont aujourd’hui visitées par des vacanciers ou servent de refuge à quelques pêcheurs.
En 1886, la France réclama pour la première fois la souveraineté sur ces rochers incultes. Et par la suite, l’affaire fut portée en 1950 devant la Cour internationale de justice (CIJ) qui confirma à la couronne britannique sa possession des îlots des Écréhous et des Minquiers, comme dépendance de Jersey le 17 novembre 1953.
Le droit de jersey, héritier du droit normand, permet à toute personne restant dix ans plus un jour sur un territoire inhabité de réclamer au duc de Normandie d’y devenir son représentant légal. Après y avoir longtemps vécu le temps requis, ce droit fut donc légitimement invoqué en deux circonstances :
Le premier, Philippe Pinel, qui vécut sur la Blanche Île de 1848 à 1898 et donna ses « droits » à la reine Victoria.
Le second, par Alphonse Le Gastelois trouva refuge sur l’ile de la Marmotière dans les années 1960 et 1970 et y vécut 14 ans. Injustement suspecté d'être l'auteur d'une série d'agressions sexuelles perpétrées par celui que la Presse appela alors "La bête de jersey", il avait été mis au pilori de la vindicte populaire, malgré l'arrestation du véritable coupable. "Jersey m'a crucifié" dira-t-il vingt ans plus tard. Il réclama officiellement à Élisabeth II, le titre de Seigneur des Écréhous, évoquant le vieux droit normand (depuis 1066, c'est le souverain britannique qui a succédé au duc de Normandie).
En 1993 enfin, et une nouvelle fois en 1994, des Français venus de Normandie prirent possession des îles, y plantèrent le drapeau normand et une messe fut célébrée.
Cette manifestation pacifique avait pour but de protester par un geste symbolique contre les nouveaux règlements des zones de pêche dans la Manche. En 1994, la reconduite de cette action fut soigneusement observée par la police des États de Jersey, tout en gardant bien l’Union Jack, qui avait été outragé en 1993.