L’équation de Michaelis-Menten (ou de Michaelis-Menten-Henri) permet de décrire la cinétique d'une réaction catalysée par une enzyme agissant sur un substrat unique pour donner un produit. Elle relie la vitesse de la réaction à la concentration de substrat et à des paramètres constants, caractéristiques de l'enzyme. L'équation de Michaelis-Menten fut proposée en 1913 par l'allemand Leonor Michaelis et la canadienne Maud Menten, d'où son nom. Elle peut être considérée comme formalisme simplifié de l'équation de Langmuir-Hinshelwood, suggérée ultérieurement par Irving Langmuir en 1921 et dévéloppée par Cyril Norman Hinshelwood en 1926. Elle est adaptée à de nombreuses enzymes, mais ne permet cependant pas de rendre compte de comportements complexes, comme la multiplicité des substrats ou l'existence de plusieurs sites actifs présentant des comportements coopératifs ou anticoopératifs (allostérie).
Selon le modèle de Michaelis et Menten, l'équation décrivant la vitesse de réaction enzymatique est la suivante :
Avec :
Graphiquement, l'équation de Michaelis-Menten est une branche d'hyperbole.
Il existe plusieurs méthodes pour déterminer les paramètres de Michaelis-Menten d'une enzyme. Dans la pratique, on réalise une série de mesures de la vitesse initiale de la réaction pour différentes valeurs de la concentration de substrat [S]. Il est important de se placer dans des conditions de vitesse initiale (absence de produit P en quantité significative) pour respecter les hypothèses simplificatrices discutées ci-dessous.
Historiquement, pour déterminer numériquement les paramètres KM et vmax, les enzymologistes ont eu recours à différentes formes de linéarisation de l'équation de Michaelis-Menten. Il s'agit de changements de variables qui transforment l'équation initiale en équation linéaire, qu'il est alors possible d'ajuster graphiquement ou par régression linéaire. Parmi ces linéarisations classiques, on peut citer la représentation de Lineweaver et Burk, celle de Eadie et Hofstee ou celle de Scatchard.
Aujourd'hui, ces différentes techniques ont été remplacées par la régression non-linéaire, plus précise et plus robuste.
Dans cette approche, on détermine les constantes de l'enzyme KM et vmax par la représentation des inverses (représentation de Lineweaver et Burk) qui est une droite d'équation :
Pour un graphique de vi en fonction de [S], la pente est et l'ordonnée à l'origine est ,
d'où
et
Démonstration de l'équation de Michaelis-Menten
Avec k1,k2,k3,k4 les constantes de vitesse des réactions.
L'analyse de Michaelis-Menten se fait sous deux hypothèses simplificatrices :
Le système se simplifie alors de la manière suivante :
La vitesse de formation du complexe [ES] est
La vitesse d'élimination du complexe [ES] est
Pendant la phase stationnaire, la concentration du complexe enzyme-substrat [ES] est constante. Donc la vitesse de formation de ce complexe [ES] doit être égale à celle de dissociation.
Soit
- On trouve une constante nommée constante de Michaelis :
Comme [ES] est difficile à déterminer expérimentalement, on cherche à s'en affranchir à l'aide d'une autre équation. La concentration en enzyme libre [E] est donné par la relation de la conservation de la quantité d'enzyme [E] = [ET] − [ES] avec [ET] la concentration totale en enzyme.
Soit
En mettant [ES] en facteur dans le premier terme :
En mettant au même dénominateur le premier terme :
Soit
D'où
D'où
Cette équation est une expression de la vitesse initiale en fonction de deux constantes : la vitesse maximum, de la constante de Michaelis et de la concentration du substrat.