Gabriel Calloet-Kerbrat - Définition

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Introduction

Gabriel Calloet de Querbrat (ou Calloet-Kerbrat, selon l'orthographe bretonne qu'il utilise parfois), né à une date inconnue, entre 1616 et 1620 à Kerbrat-en-Servel, actuellement dans la commune de Lannion (Côtes-d'Armor) et décédé après 1688, est un agronome et publiciste catholique breton. Il est considéré comme l'introducteur en France de l'idée d'amélioration zootechnique par croisement, et joua un rôle important dans la mise en place des hôpitaux généraux au XVIIe siècle.

Les expérimentations agricoles

Calloet-Kerbrat était passionné par les abeilles.
Le « rateau » de Calloet-Kerbrat. Planche du Dictionnaire Oeconomique de Noël Chomel, édition de 1760.

Issu de la petite noblesse du Trégor, Gabriel Calloet-Kerbrat aurait fait ses études au collège jésuite de La Flèche, avant d'étudier le droit à Paris. Il devient avocat général à la chambre des comptes de Bretagne, à Nantes, le 21 juillet 1642, charge qu'il tenait en survivance, sans doute de son parent Antoine Calloet. Le 10 juillet 1646, il obtint la charge d'avocat général pour la session de septembre, un office nouvellement créé par Louis XIV, qu'il occupera jusqu'en 1664. Enfin en 1647, il devint conseiller d'état. Sa carrière parlementaire n'a jamais fait l'objet d'une étude, et pour cette période, on peut seulement lui attribuer la rédaction d'un éloge funèbre en latin du cardinal de La Rochefoucauld, vers 1645.

Au cours des années 1650, il se livre sur son domaine à l'expérimentation agronomique. La production de miel le passionne : il possède un verger important, et plus de 800 ruches. Afin de mieux comprendre leur mode de vie, il met au point la première ruche de verre connue ; il tire une grande fierté d'avoir : « appris à les conduire et à les guérir tout autrement que ne dit Virgile, et tous les autres qui en ont écrit ». Mais il s'occupe également d'élevage ovin, caprin, chevalin et bovin, et cultivées selon ses méthodes, ses terres lui rapportaient, d'après ses estimations, un tiers de plus que ses voisins. Il expérimente avec succès l'usage du sainfoin d'hiver, c'est-à-dire de l'ajonc marin, pour le fourrage, dont il se fera plus tard le propagandiste, et pour lequel il invente une herse spécialement destinée à rendre la terre plus meuble afin de le planter l'hiver, sur un champ ayant servi pour l'orge. Ses écrits ultérieurs témoignent d'une connaissance directe des questions agricoles, puisqu'il emploie parfois un vocabulaire breton pour désigner certaines plantes et pratiques. Il connaît bien, visiblement, l'élevage des chevaux ; il est vrai que les évêchés bretons de Tréguier et de Léon sont, à cette époque, de grands exportateurs de chevaux.

Ajoncs sur une plage bretonne. Calloet-Kerbrat avait inventé une machine pour en extraire du fourrage.

Calloet-Kerbrat est également l'inventeur d'une machine à broyer les ajoncs afin d'en extraire du fourrage pour les bestiaux, souvent citée dans la littérature agronomique. Il conseille particulièrement l'usage de cette plante pour les poulains nouveau-nés, mais aussi pour les vaches et moutons. Cette pratique, de même que l'emploi de cette machine semblent s'être répandus en Bretagne au cours du XVIIIe siècle et ses conseils alimentaires apparaissent encore dans la littérature vétérinaire du XIXe siècle. Parmi ses inventions, il faut encore citer sa « loge » de claie, qui sert à entreposer les raves durant l'hiver et son hache-navets pour la nourriture des bestiaux, qui comptent parmi les premières machines agricoles décrites par leur inventeur. Ses planches de dessins sont régulièrement reproduites au XVIIIe siècle, notamment dans la Maison rustique, ce qui leur assure une large diffusion.

Cette volonté d'expérimentation pratique est explicite chez Calloet-Kerbrat, même si elle coexiste avec d'autres formes d'établissement des preuves : il consulte les autorités anciennes, principalement Aristote et Hippocrate, et modernes, bien qu'il se méfie des médecins, exception faite de Juan Huarte, consulte les archives, écoute les avis des personnes compétentes. Ainsi, après avoir écouté l’avis des femmes de son village sur l’effet des différentes orientations du vent sur la naissance des coqs, Calloet-Kerbrat se livre à des expérimentations sur leur influence sur l’humidité de cristaux de sels, à des observations sur la frisure des cheveux, se livrant au passage à une réquisitoire contre le coût et l’insalubrité des perruques. Il en conclut, conformément à sa théorie, que le mâle, issu d’une semence chaude et sèche, est favorisé par les vents du nord et de l’est. Inversement, il signale lorsqu'il n'a pas expérimenté lui-même un procédé qu'il rapporte, tel que celui qui permet de choisir la robe d'un poulain à venir : on peint un tapis de la couleur désirée, dont on recouvre la jument depuis l’accouplement jusqu’à la naissance. Ce procédé, appliqué aux brebis, était déjà utilisé par le prophète Josué. Sa démarche est donc, en toute rigueur, celle de la science du XVIIe siècle, où l'expérimentation prend le pas sur la citation des autorités.

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