Géographie de Taïwan - Définition

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Géographie industrielle et tertiaire : la puissance taïwanaise

Les trois générations industrielles

De 1950 aux années 1960

La première génération correspond à des industries de main d’œuvre : il s’agit tout à la fois de satisfaire la demande intérieure, mais aussi de drainer des devises grâce aux exportations. Les industries sont fondées sur l’abondance (productions de masse), le savoir-faire, la docilité et la faiblesse des salaires de la main d’œuvre. Par là-même les firmes sont concurrentielles sur le marché industriel.

Les deux principales branches sont :

  • le textile et l’habillement (cotonnade, et plus tard également des textiles synthétiques dont il est aujourd’hui le premier producteur mondial)
  • l’agro-alimentaire (champignons, maraîchage et conserverie, fruits tropicaux et conserverie, produits de la mer et conserverie).

Des années 1960 à la décennie 1980

Si les industries de main d’œuvre sont toujours actives, elles sont désormais complétées par des industries de capitaux et d’industries à gros investissements, principalement les industries de base et de transformation à technologie déjà élaborée. Les capitaux sont de sources diverses : nationale (privé ou d’Etat) et internationale.

Les quatre principales branches sont :

  • la production énergétique : l’État a érigé des barrages hydro-électriques, a construit des centrales thermiques soit classiques (au charbon et au fioul) ou nucléaires (trois sont en fonctionnement et une en projet). Ces investissements sont d’autant plus nécessaires que la consommation énergétique du pays a été multipliée par 20 entre 1954 et 1990. Par ailleurs Taïwan pâtit d’une grande dépendance : ses ressources énergétiques (eau courante, peu de charbon, peu de pétrole, enfin des ressources géothermiques plus importantes mais cependant assez faibles) couvrent moins de 8% de ses besoins ;
  • la sidérurgie, qui propose une gamme complète de produits (tubes, tuyaux, tôle, barres, etc.) ;
  • la mécanique et en premier lieu la construction navale, l’automobile avec la production sous licence ;
  • les machines-outils, en partie pour l’agro-alimentaire (embouteilleuses, sertisseuse, etc.) et pour les textiles (métiers à tisser).

Des années 1980 à nos jours

Depuis 20 ans, Taïwan a parié sur les industries de haute technologie. Déjà dans les années 1960, ce pays s’était engagé dans les industries électriques (câbles, transformateurs, etc.), l’électroménager et la robotique, et peu après, dans l’électronique (téléviseurs, baladeurs, scanneurs, etc.). Aujourd’hui, il est de plain-pied dans le XXIe siècle et l’État joue toujours un rôle déterminant pour le développement de la recherche, mais aussi de la production.

En 1979, il crée un technopôle à Hsinchu. Ses responsabilités sont :

  • propriétaire des terrains, il les loue à bas prix aux entrepreneurs,
  • il autorise ou non les implantations de recherches et d’industrie,
  • il édifie les infrastructures et met en place des services, dont deux universités scientifiques,
  • il prête des capitaux et peut même parfois avoir une participation financière dans les programmes de recherche au sein d’entreprises privées.

Aujourd’hui, plus de 100 entreprises y sont implantées et 70 % des capitaux sont taïwanais. La plupart sont spécialisés dans l’électronique. Son 2e technopôle est Hsinsih : 600 ha dévolus à l’électronique, mais aussi aux biotechnologies et aux nouveaux matériaux. Taïwan est désormais un des grands de l’électronique mondial. Il est le 1er producteur de scanneurs, souris, claviers, etc. Il est aussi le 3e producteur de micro-ordinateurs et le 5e pour ses composants. De plus, il produit des montres à quartz, des télécopieurs, des calculatrices, des téléphones portables, etc. Outre l’électronique, il y a l’automation, les technologies au laser, et les biotechnologies en particulier.

Les trois pôles industriels

Le 1er correspond à Taipei et ses satellites. La capitale est spécialisée dans les industries de transformation (agroalimentaire, textile et confection, matériel électrique et électronique, mécanique, etc.). En revanche, la production de Keelung est bien sûr avant tout fondée sur ses activités maritimes (chantiers navals, conserveries de poisson, récemment des industries plus sophistiquées se sont multipliées). Au sud-ouest, Taoyuan est un grand centre pétrolochimique. Enfin, plus au Sud encore, Hsinchu se limite aux industries de haute technologie. Le choix par l’Etat de cette petite ville pour créer une technopôle s’explique par :

  • sa situation de part et d’autre de l’autoroute et à 45 km de l’aéroport international de Taoyuan, enfin à mi-chemin entre les grands ports de Keelung et Taichung.
  • Son site, le cadre semi rural entre la mer et un piémont boisé et un environnement prisé pour les cadres et les chercheurs.

Le second pôle est Kaohsiung, le 1er port du pays. La plus grande part des importations, constituée de matières premières (charbon, pétrole, fer), y est débarquée. Aussi cette ville développe la sidérurgie et la pétrolochimie. Par ailleurs, elle est un centre pour la construction navale, mais aussi pour le démantèlement des navires. Enfin une gamme très ouverte d’industries de transformation, le complexe industrialo-portuaire génère 200 000 emplois. Quant aux 15 zones industrielles, elles se répartissent dans un rayon de 45 km autour de la ville.

Le 3e pôle est Taichung. Mais il est beaucoup moins dynamique et sa sidérurgie est en crise. Aujourd’hui, il s’est reconcentré sur les industries de transformation (objets en plastique, confections, mais surtout électronique et articles de sport) ;

Le commerce extérieur, moteur de la croissance

L’essor des exportations est nécessité par la forte dépendance du pays de l’extérieur. Il lui faut importer des produits alimentaires, des sources d’énergie et des matières premières industrielles. Son commerce extérieur est donc un véritable succès : en 1981, Taïwan était le 20e exportateur mondial et en 1990, le 12e. Sa balance commerciale a toujours été positive depuis 1970, à deux années près. En valeur, les exportations vers les EU et le Japon correspondent à plus de 80% du total. Viennent ensuite l’Europe, l’Asie du Sud-Est et la RPC via Hongkong.

En 1952, plus de 90% des revenus de l’exportation provenaient de productions agricoles (brut ou transformées). En 1995, plus de 95% proviennent des industries, non compris ceux de l’agro-alimentaire. Taïwan est donc incontestablement un nouveau pays industriel et qui a su joué à merveille de la mondialisation. Les trois fondements de ce succès exceptionnel sont :

  • la capacité à vendre des produits toujours plus élaborés et donc à valeur ajoutée toujours plus élevée. Cela va de pair avec l’excellence du système d’enseignement. Le taux d’alphabétisation est de plus de 95% et le taux de scolarisation jusqu’à 17 ans est de plus de 85%.
  • la remarquable adaptabilité à la demande mondiale. En effet ses relations étroites avec la diaspora mondiale lui permettent d’être au courant des nouvelles modes et des nouvelles technologies. Il est vrai aussi qu’il y avait quelques années encore ils avaient largement abusé des contrefaçons, alors qu'ils ont maintenant un respect scrupuleux des contrats signés du point de vue de la qualité du produit comme celui du délais de la livraison.

Les principales exportations concernent surtout deux branches :

  • machines et équipement électriques et électroniques sont majoritaires. Le reste est très varié : machines-outils, cycles, électroménager, navires.
  • produits textiles et confection.

Le 2e investisseur d’Asie

Cela est possible grâce à l’importance de ses devises, à plus de 80 milliards de dollars EUA et en or. Il le place en concurrence directe avec le Japon. Cette situation a deux causes :

  • l’excédent de sa balance commerciale,
  • l’arrivée de capitaux, dont certains uniquement spéculatifs, attirés par la bonne tenue du dollar taïwanais. Leur provenance : les EU, le Japon, et les chinois diasporiques.
  • Par ailleurs, depuis la fin des années 80, Taïwan investit massivement à l’étranger et aujourd’hui il exporte plus de capitaux qu’il en importe. Les principaux destinataires de ces investissements sont : l’Asie du Sud-Est (Malaisie, puis Thaïlande en partie), les EU, l’Europe, la RPC.

Aujourd’hui, plus de 25000 entreprises à capitaux taïwanais y sont installés, en partie dans le Fujian (du fait de liens familiaux gardés), Guangdong, Hainan et Shanghai. Ces relocalisations concernent les industries de main d’œuvre et de bas de gamme. Les raisons :

  • le prix du foncier dissuade les investisseurs,
  • La puissance des groupes de pression écologistes qui s’opposent avec efficacité à la création ou l’extension d’industries polluantes,
  • Par une main d’œuvre devenue de plus en plus onéreuse.
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