Taïwan est coupé par le Tropique du Cancer. Le climat tropical à deux saisons (saison sèche et saison humide) concerne les trois quarts de la partie méridionale de Taïwan. Le quart septentrional connait un climat subtropical humide. La pluie ést présente surtout dans les régions de moussons
Les caractéristiques de climat tropical à deux saisons sont :
La mousson est un vent saisonnier de l’Asie méridionale et de l’océan Indien. En hiver, il souffle du nord-ouest au sud-est, entre une cellule de hautes pressions subtropicales et les basses pressions équatoriales. Il entraîne les pluies au nord de l’île. En été, un domaine de basses pressions se forme en mer de Chine méridionale et attire les flux, y compris des courants, ici les alizés : un vent régulier souffle au-dessus des océans entre les hautes pressions subtropicales et les basses pressions équatoriales venant de l’hémisphère sud, puis tournant vers la droite sous l’effet de la force Coriolis. Elle entraîne de très longues averses, et à la fin de l’automne des typhons.
Le riz occupe environ la moitié de la surface cultivée et cette proportion est en recul. D’une part Taïwan est depuis longtemps autosubsistant en riz et d’autre part la consommation du riz diminue (modification du régime alimentaire de la population). Par ailleurs l’exportation aurait une rentabilité médiocre (peu de valeur ajoutée). Contrairement au blé ou au maïs, le riz peut être repiqué (système de dépiquage/repiquage) ce qui a pour conséquence une double voire triple récolte annuelle. Quand on ne repique pas le riz, on cultive la canne à sucre et les cultures dites sèches ou pluviales. C’est le système de « rotation culturale » pratiqué dans la plaine sud occidentale et les deux plaines allongées orientales. Par exemple, pendant les trois mois d’hiver les légumes se substituent au riz : choux fourragés, carottes, haricots (dont le soja). Le champ est divisé en parcelles appelées « saules » (système d’assaulement).
Le riz a besoin d’être irrigué pendant la mousson d’hiver : de très nombreux barrages réservoirs ont donc été édifiés en montagne. L’agriculture est très largement mécanisée. Enfin, il y a eu d’immenses progrès dans la sélection des semences et l’introduction de variétés hybrides, et aussi de riz génétiquement modifié.
Les légumes constituent une part notable de l’alimentation. Ce sont des cultures en assaulement ou association, dans le cadre d’une agriculture longtemps vivrière (complant). Ce sont les ceintures maraîchères entourant les agglomérations, où se trouvent les « fermes », spécialisées dans les légumes et les champignons. La culture y est très intensive : les fermes pratiquent une agriculture hors-sol avec en effet 15 à 20 récoltes annuelles.
Les vergers s’étendent sur les territoires non rizicoles, les domaines de collines et les piémonts. Le sud-ouest est le domaine des plantations. Ces dernières années, la production a baissé au profit des agrumes (mandarine, orange et citron). Elles sont surtout cultivées dans les régions subtropicales. De plus, ces dernières années, les riziculteurs complètent leurs revenus grâce à la noix de bétel (fruit du palmier). Malheureusement cette culture a de graves inconvénients : très consommatrice d’eau, elle met en danger les nappes aquifères. De plus, elle consomme beaucoup de minéraux, ce qui appauvrit le sol. Les autorités tentent donc d’en réduire la production. Ces mêmes régions produisent aussi du thé, et s'orientent de plus en plus vers la qualité.
Enfin, le 3e domaine est la montagne, avec la culture d’arbres fruitiers tempérés (pommiers, poiriers, pruniers, pêchers) en développement, tout comme la demande (mais les prix restent chers). Les vergers prennent la forme de clairières ouvertes dans la forêt jusqu’à 2 000 m d’altitude. Par ailleurs, la forêt est exploitée pour ses bois précieux, notamment le camphrier. L’élevage, comme partout dans le monde chinois, est fondé sur le porc et la volaille (canard, oie, poulet, pigeon). Il est pratiqué dans toutes les régions et a une croissance régulière. Même si l’élevage porcin est désormais concurrencé par les exportations de la République populaire de Chine, celui des bovidés progresse dans le cas des bovins et surtout des vaches laitières. L’élevage des buffles, que les paysans n’utilisent plus beaucoup, est en recul.
Les produits de la mer associés au riz et aux légumes constituent la base alimentaire des Taïwanais. Les progrès de la pêche sont considérables à tel point que le volume des prises dépassa celui de la France. La pêche hauturière (en haute mer) représente 50% des prises (maquereau, thon blanc…). Le reste se partage entre la pêche littorale et côtière (nombreux poissons plats, calamars, sèche…). Longtemps ces bancs de poissons étaient favorisés par le courant chaud Kuroshio, désormais la surpêche les fragilise. La flotte compte 10 000 bateaux qui mouillent dans 200 ports.
Le volume restant (20%) relève de la pisciculture (élevage), soit en eau douce et bassins piscicoles, soit en eau de mer.
Les autorités se sont penchées sur la question agraire sous la pression des États-Unis (et plus précisément de la CIA, sous peine de ne pas les aider) et cela pour ne pas renouveler l’erreur des nationalistes sur le continent quand leur refus de toute réforme amènera la paysannerie aux communistes. Il est vrai que les inégalités étaient criantes : 35 % des paysans étaient des propriétaires exploitants ; les autres étaient soit métayers, soumis à reverser jusqu’à 80% de leurs récoltes, soit ouvriers agricoles.
En 1951, les terres dominiales sont vendus à bas prix aux métayers. Puis en 1953 un partage des terres est décidé : tout propriétaire possédant plus de trois hectares de rizières irriguées et plus de six ha de cultures pluviales est contraint de vendre l’excédent à l’État qui le redistribue aux métayers restants (qui n’ont pu s’acheter de terres) et aux ouvriers agricoles. Le résultat est spectaculaire : en 1960, plus de 60% des terres étaient en faire valoir direct ; en 1900, plus de 85%. Dans le même temps, le gouvernement favorise l’essor des banques de crédit agricole, subventionne les cultures d’exportation, et organise la formation des agriculteurs. L’augmentation de la production est également remarquable : entre 1952 et 1960, elle augmenta de plus de 30% pour les cultures et de plus de 70% pour l’élevage.
Si les succès sont indéniables, cette réforme agraire est victime de son succès. Fondée sur la petite exploitation individuelle, elle bute aujourd’hui sur un grave émiettement foncier puisqu’à chaque succession la terre est morcelée à parts égales entre les enfants. De plus, certains ouvriers agricoles, voire les métayers, ne possédaient pas les moyens culturels pour une mise en valeur efficace. Quoi qu’il en soit, en moyenne, chaque propriété n’est que de 109 ares et par là même nourrit difficilement les paysans malgré l’exceptionnelle productivité du travail. La conséquence est qu'aujourd’hui plus de 80% des paysans sont à mi-temps.
Le parcellement façonné par un entrelas de canneaux et rigoles découpe le terroir en parcelles miniatures (parfois 2 ou 3 ares). Ceci constitue un obstacle à la mécanisation et à l’augmentation des rendements. C’est pourquoi en 1958 le gouvernement inaugure une politique de remembrement visant la création, sur la base d’échanges amiables entre propriétaires, de blocs d’exploitation constitués de vastes parcelles plus géométriques. Cependant, du fait des pesanteurs des mentalités, en 1993, un tiers seulement des terres étaient remembrées. Aussi l’exode agricole, ou le transfert vers des emplois différents mais toujours ruraux, ne peut que s’accélérer, tandis que ces départs favorisent automatiquement le regroupement des terres. Cela d’autant plus que le gouvernement aide financièrement les jeunes à rester sur les terres, et les vieux à partir. Aujourd’hui, la population active est inférieure à 9% et la production agricole est inférieure à 3% du PIB.