Henri Ey - Définition

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Introduction

Henry Ey (Banyuls-dels-Aspres 10 août 1900 - Banyuls-dels-Aspres 8 novembre 1977) est un psychiatre et psychanalyste français, connu pour avoir cherché à rapprocher psychiatrie et psychanalyse.

Très fécond par ses écrits, notamment un traité de psychiatrie (Masson éd. 1980) et par son enseignement de cas cliniques à la bibliothèque de l'hôpital parisien Sainte-Anne, alors qu'il dirige un CHS à Bonneval, en Eure-et-Loir.

Sa conception de la psychiatrie gravite autour de l'organodynamisme.

Idéologie

Henri Ey s'est attaché à souligner à la fois les soubassements organiques (hérédité, physiopathologie, neuromédiateurs cérébraux, etc.) et la perspective dynamique, psychanalytique à l'écoute de la parole du sujet. Son approche s'intitule l’organodynamisme.

L'organodynamisme tente une synthèse entre les symptômes psychiatriques et les données neurophysiologiques. Il se base sur l'idée que la défaillance d'une fonction peut engendrer l'excessif développement d'une autre jusqu'au saut dans le pathologique.

Ses sources historiques et théoriques sont à chercher dans le courant jacksonien et néo-jacksonien.

L'histoire du jacksonisme en psychiatrie est d'abord celle d'un échange entre le fait clinique neurologique et l'évolutionnisme.

Dans les années 30 paraissent certaines œuvres de John Hughlings Jackson : le modèle de Jackson est aussi applicable à la psychiatrie, par exemple on l'a utilisé dans la description de la schizophrénie (distinction des symptômes primaires et des symptômes secondaires).

Il a défendu (à partir de 1936 et enrichi jusqu’à sa mort) une théorie médico-philosophique, l'Organodynamisme (OD) qui est – mais n'est pas que cela – un « néo-jacksonnisme », parce que reprenant à J.H. Jackson l'opposition des phénomènes négatifs et positifs, exprimés par le phénomène de dissolution (*) impliquant une inscription corporelle du déficit, une tendance au maintien ou à la restauration d’ensembles signifiants (référence à la Ganzheitsthéorie de Goldstein), une hiérarchie des niveaux et une normativité évolutive de l’organisme (référence à Spencer et à Fr. Jacob) ; enfin, une ontologie stratifiée des niveaux de l'Être (référence à Nicolaï Hartman).

Tout cela se déroule selon un jeu « dialectique » portant sur des oppositions à l’intérieur de dipôles qui sont les « 7 concepts-clés » couronnant le Traité des Hallucinations (1973) : couples antinomiques qui « ne peuvent se définir chacun que par son contraire, c’est-à-dire que s’excluant réciproquement, ils se lient » (paradigme de distinction-conjonction d’Edgar Morin). Ce sont :

  1. - le Sujet et l'Objet
  2. - Le Moi et autrui
  3. - La Cs et l'Ics
  4. - Le Symbolique (enraciné dans le corps) et la pensée abstraite
  5. - Le Réel et l'Imaginaire
  6. - L'Expression (du désir) et la Création (de l'œuvre)
  7. - La Volonté et l'Automatisme.

Le versant négatif s'ouvre sur une mise en garde : il n'est ni prudent, ni raisonnable d'inférer directement, du trouble organique à sa matérialisation dans et par le symptôme (mécanicisme). Il y a toujours un « écart organo-clinique ». Cela sous-entend qu'il y a un processus de réorganisation dans le processus de désorganisation et qu'il y a toujours un événement psychique dans le fait psychopathologique. Pour autant, si la symptomatologie est, dans sa manifestation, relativement indépendante du trouble négatif, elle en est toujours pathogéniquement dépendante.

Le versant positif accueille toutes les productions de la création artistique, de l'inspiration poétique, de la « Folie » (le « noyau lyrique » de l’humanité) et fait donc une place importante à la psychanalyse. Psychanalyse dont Ey combat l’impérialisme (1970), mais dont il utilise les concepts ; soucieux non pas de renverser Freud mais de le compléter. Au point qu’on a pu résumer son projet – qui, là non plus, ne saurait se réduire à cela – à celui de « l'unification de la psychiatrie et de la psychanalyse » (R. Sarro, 1978).

Critique

Il y a dans l'organodynamisme l'idée que l'opposition de la Psyché et du Soma, de la psychogénèse (causalité psychique) et de l'organogénèse n'est pas heuristique. L'être humain, le « corps psychique » n'est pas duel, mais bipolaire. Le corps se prolonge historiquement par l'esprit ou encore, pour parler comme Aristote et Thomas d’Aquin, « l'Esprit est la forme du corps ». Théorie toujours réfutable selon les principes poppériens, synthèse ambitieuse mais ouverte (hospitalité de cette théorie comme celle, légendaire, de l'homme), surtout cadre de travail bien utile et même de plus en plus indispensable dans le désarroi épistémique actuel, le morcellement des théories et des pratiques en médecine psychiatrique (R.M. Palem).

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