Études
Les industriels entrent en jeu (1985)
Après la décision du président de la République française François Mitterrand de lancer le programme le 7 février 1984, à partir de 1985, le « carré Hermès » constitué de l'Aerospatiale, de AMD-BA et du CNES enchaînent les actions de lobbying en direction de l'ESA afin d'entraîner d'autres pays européens à hauteur de 50% du budget.
Le 31 janvier 1985, le Conseil des ministres européens de l'espace réunis à Rome prend note de la décision française d'entreprendre le programme d'avion spatial habité Hermes et de la proposition d'y associer les partenaires européens.
Deux prototypes sont alors en concurrence :
- le projet de AMD-BA à aile delta sans empennage vertical, doté d'une soute non pressurisée et présenté au salon du Bourget ;
- le projet de l'Aerospatiale à aile en double delta avec empennage vertical, qui est finalement retenu le 18 octobre 1985.
Le 25 octobre 1985, le CNES présente le projet aux délégations et industries européennes. A cette époque le coût du projet est estimé à 14 milliards de francs.
Développements ultérieurs
Dès 1990, le CNES et l'ESA étudient avec l'aide des industriels (Aerospatiale et DASA) des alternatives à Hermès, essentiellement des capsules spatiales habitées devant défricher des techniques comme la rentrée atmosphérique et l'atterrissage par parachute, l'aérodynamique, la thermodynamique, les systèmes de protection thermique, les méthodes de pilotage, etc :
- l'Assured Crew Return Vehicle (ACRV) pour huit spationautes (1993) pout lequel l'ESA lance une étude de Phase 1 d'octobre 1992 à avril 1993 (abandonné) ;
- le Rescue Vehicle (RV) biconique (1993) (abandonné) ;
- le Crew Rescue Vehicle (CRV) Viking conique (1994-1996) (abandonné) ;
- l'Atmospheric Reentry Demonstrator (ARD) conique (1996-1998) d'un diamètre de 2,8 m, d'une longueur 2 m et d'une masse de 2 800 kg. Sa maquette est lancée le 14 juillet 1996 d'un ballon stratosphérique à 23,3 km d'altitude, puis sa version finale par Ariane 5 le 21 octobre 1998 à 830 km d'altitude, avant d'être récupérée en mer ;
- le Crew Space Transportation System (CSTS) (2006) étudié par l'ESA, Roskosmos et l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise, succédant au Kliper et devant comprendre des modules d'habitation et de propulsion européens (respectivement dérivés de Columbus et du cargo ATV), plus un module russe de rentrée dérivé du Soyouz (abandonné en 2008) ;
- l'Intermediate eXperimental Vehicle, dont le premier vol est prévu en 2010.
Spécifications
Le Véhicule spatial Hermès (VSH), d'une masse maximale en charge en orbite de transfert de 23 000 kg, est composé de trois éléments :
- L'Avion spatial Hermès (ASH) d'une masse maximale en charge en orbite de transfert de 15 000 kg et d'une longueur de 12,69 m possède une forme de corps portant (lifting body) doté d'une voilure à aile delta avec élevons sans empennage. Il comprend une cabine de pilotage de 8 m³ (hauteur de 2,96 m, diamètre de 2,74 m) pour 3 spationautes, une soute pressurisée de 25 m³ consacrée à la cargaison, aux activités scientifiques et à la vie de l'équipage ;
- Le Module de ressources Hermès (MRH) d'une masse maximale en charge en orbite de transfert de 8 000 kg (charge utile : 1 500 kg) et d'une longueur 5,40 m dispose d'un volume de 28 m³ comprenant le système propulsif d'accostage et d'arrimage, la centrale de contrôle thermique sur orbite, les réservoirs d'oxygène, de carburant et d'eau. Il est détaché de l'avion spatial avant sa rentrée atmosphérique ;
- Le Module de propulsion Hermès (MPH), 3e étage du lanceur Ariane 5. Il est utilisé par Hermès pour modifier son orientation et sa vitesse avant d'être largué.
La navette réutilisable devait pouvoir effectuer l’aller-retour entre la Terre et l’infrastructure orbitale 30 fois avant une première révision.