Histoire de la folie - Définition

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Le grand renfermement

L’«Histoire de la psychiatrie» parle du XVIIe siècle comme de l’âge de la raison et de l’observation parce que ce siècle a développé la tradition empirique et permis une approche plus réaliste de la psychiatrie. Les maladies mentales ont aussi été arrachées un peu plus à la superstition et aux erreurs doctrinales, par exemple avec le philosophe Spinoza (1632-1677).

Mais, pour les patients psychiques de cette époque, la vie quotidienne a sans doute été davantage marquée par un décret de 1656 de Louis XIV créant à Paris l’Hôpital Général. Divers établissement préexistants (la Salpêtrière, Bicêtre, la Pitié, etc.) sont regroupés sous une administration unique baptisée l’Hôpital Général. Le but est d’y enfermer tous les pauvres de Paris pour les éduquer et les mettre au travail. Cette mission est confiée à des directeurs nommés à vie « qui ont tout pouvoir d’autorité, de direction, d’administration, commerce, police, juridiction, correction et châtiment sur tous les pauvres de Paris, tant au-dehors qu’au-dedans de l’Hôpital Général. » Le décret royal ajoute : « Auront pour cet effet les directeurs : poteaux ; carcans, prisons et basses-fosses dans ledit Hôpital Général et lieux qui en dépendent comme ils aviseront, sans que l’appel puisse être reçu, des ordonnances qui seront par eux rendues pour le dedans dudit Hôpital… »

C’est là le début de ce que Michel Foucault a appelé le grand renfermement, dont allait hériter le XIXe siècle médical. Mais, en 1656, les objectifs de l’Hôpital Général n’ont rien de médical. C’est en fait un instrument du pouvoir pour contrôler les mendiants, les malades mentaux et les invalides qui hantent les rues de Paris. Cela n’empêche pas le préambule du décret royal d’affirmer : « Considérons ces pauvres mendiants comme membres vivants de Jésus-Christ et non pas comme membres inutiles de l’État. Et agissons dans la conduite d’un si grand œuvre non par ordre de police, mais par le seul motif de la charité. »

Le 13 mai 1657, on chanta une messe solennelle du Saint-Esprit dans l’église de la Pitié et le 14, l’enfermement des pauvres fut accompli sans aucune émotion, c’est en tout cas ce qu’affirme une brochure anonyme publiée vingt ans après.

Il faut dire que, sur les 40 000 pauvres dénombrés à Paris au début de 1656, 35 000 s’enfuirent de la capitale pour se réfugier en province avant l’entrée en vigueur du décret. Seuls 4 ou 5 000 mendiants incapables de fuir, « eurent le grand bonheur de trouver retraite à l’Hôpital ». Cette structure étend bientôt son réseau sur toute la France. En 1676, un nouvel édit du roi ordonne la création d’un Hôpital Général dans chaque ville du royaume.

Les humanistes

Dès le XIVe siècle, les premiers humanistes (Dante, Boccace et Pétrarque) vont s’attaquer aux doctrines rigides et autoritaires des scolastiques et substituer à l’autorité de l’Église celle des anciens. Mais la renaissance scientifique n’a vraiment commencé que lorsque les hommes se sont trouvés de nouveau capables de faire davantage confiance à leurs propres expériences qu’à celles des anciens, au temps des génies de la Renaissance tels que Copernic, Bacon, Léonard de Vinci, Machiavel, Montaigne, Érasme.

Au début du XVIe siècle, Thomas Platter, chevrier haut-valaisan illettré, quitte sa vallée natale pour mener dans toute l’Europe une vie d’adolescent gyrovague et chapardeur. Il survit aux maladies, au froid, à la faim ainsi qu’aux brutalités policières et à celles de ses camarades de rencontre. Il se fixe finalement à Bâle, où il monte une imprimerie, se convertit au protestantisme puis étudie la médecine. Il devient l’un des grands intellectuels humanistes de son temps. Son fils, Félix Platter (1536-1614), suit la voie paternelle et accomplit ses études de médecine à Montpellier. De retour à Bâle, il s’efforce de classer les maladies mentales et applique des méthodes précises dans l’observation des malades. Il passe beaucoup de temps dans les prisons, où sont enfermés de nombreux malades mentaux. Il considère que la plupart des maladies mentales sont dues à des lésions du cerveau mais, bon calviniste, estime que les fantasmes sexuels sont le résultat de l’intervention du diable ou d’un châtiment de Dieu.

Jean Wier (1515-1588), un Hollandais, a lutté pour démontrer que les sorcières étaient des malades mentales et devaient être soignées par des médecins au lieu d’être interrogées et brûlées par des ecclésiastiques. Il publia en 1563 son De praestigiis daemonorum (De l’imposture des démons) qui réfute point par point le Malleus Maleficarum (Le marteau des sorcières), qui est un code de la chasse aux sorcières, ouvrage pornographique élaboré en 1487 par deux Allemands.

Certains des contemporains de Wier le surnommèrent «Weirus hereticus» et son livre fut mis à l’index par l’Église. Paracelse, né à Einsiedeln en 1493, a aussi pris clairement position contre les principes des brûleurs de sorcières.

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