L'île était auparavant dénommée « grève de la Saulzaie ». Une chapelle, celle de Notre-Dame-de-Bon-Secours y est édifiée en 1443 (elle sera reconstruite en 1776-1780), ainsi qu'une nouvelle halle aux poissons quelques années plus tard. Le duc François II fortifie cette île en 1464 et en 1477.
Elle doit son nom actuel à Paul Esprit Feydeau de Brou, intendant de Bretagne, de 1716 à 1727.
Si les premiers projets d'urbanisation datent de 1721, le terrain ne sera acquis par la ville de Nantes qu'un an plus tard. Les chantiers qui furent longtemps retardés par la présence de terrains instables et inondables, se prolongèrent jusqu’à la veille de la Révolution.
Dès leur édification, les immeubles se sont inclinés. La présence de pilotis ne suffit pas à stabiliser les fondations. Vers 1750, seuls quatre immeubles sont sortis de terre. Les chantiers s’accélèrent après 1755, lorsque l’architecte Pierre Rousseau (dont le fils, également prénommé Pierre, sera l'architecte de l'hôtel de Salm à Paris) imagine d’asseoir les fondations sur un radeau de bois, à la hollandaise. Les habitations prestigieuses, réalisées en tuffeau, marquent l'apogée des négociants et armateurs nantais. De nombreux mascarons témoignent du passé nantais.
Jean-Baptiste Carrier avait son bureau dans l'une des maisons de l'île sous la Terreur.
Dans la seconde moitié de XIXe siècle, elle accueillit également deux équipements publics d'importance : le marché couvert de la Petite-Hollande, sur sa pointe ouest (en lieu et place du square Jean-Baptiste-Daviais) et la poissonnerie municipale, sur sa pointe est (à l'emplacement de l'ancien immeuble "Neptune"). Ces deux bâtiments furent respectivement démolis en 1932 et 1940.
La maison natale de Jules Verne, le célèbre auteur, occupe l'angle du cours Olivier de Clisson et la rue Kervégan (une plaque commémorative y symbolise l'évènement).
L'île était autrefois encadrée par deux bras de Loire :
Ces bras ont été comblés dans la période d'entre-guerre, mais les Nantais ont gardé l'habitude d'appeler l'endroit l'île Feydeau.
Comment un espace ayant subi une altération dans le temps l'utilise dans sa reconversion et parvient à redevenir un point de repère de la ville ?
Dans un premier temps l'architecture de la façade confère au monument un rang de patrimoine. Symbole du vieux centre et de l'ancienne fonction de la ville (commerce triangulaire) la façade participe à l'entretien du souvenir, mais est également une représentation singulière de modernisation et de développement qu'est en train de connaitre la ville de Nantes. De par sa singularité causée par la fragilité de sa base, elle devient l'emblème des autres constructions ayant cette distorsion, mais elle est également à l'image du paysage embellie par l'architecture du XVIIIe siècle dont une grande partie de l'espace insulaire est pourvue. De plus la façade du quai Turenne, à l'inverse de ce que l'on pourrait croire, utilise sa singularité pour devenir un espace de détente et pourquoi pas redevenir un espace moderne à l'architecture “souple” et au design contemporain. L'espace largement ouvert qui se situe juste devant le quai semble avoir pour fonction d'attirer l'intention des passants et de leur offrir le meilleur spectacle que nous donne la façade, car il est vrai malheureusement, qu'il y a très peu d'endroits où l'on peut prendre pareil recul pour admirer l'architecture particulière et « naturellement modernisée » de l'ensemble du bâti de l'île Feydeau.
Aujourd'hui le rez-de-chaussée de la façade rassemble une petite quantité de magasins, la majeure partie des immeubles n'étant destinée qu'à l'habitat. Aux enseignes timides respectant les voûtes de l'édifice selon la loi instaurée en 1962, ces magasins appellent à la détente et au voyage (sauna, agence de voyage et bar-brasserie). Aux étages se situent des habitations dans lesquelles il est difficile d'y voir quelque chose, on y distingue à peine quelquefois des personnes plutôt de classe aisée vaquer à leur occupations personnelles. L'entrée la plus fréquentée des habitations est curieusement située sur le côté ou bien à l'arrière des immeubles, constituée de large portail en bois elle amène directement à un escalier de marbre, sombre et très ancien. À l'intérieur on peut sentir une odeur de vieux bâtiment humide et la décoration murale plutôt épurée contraste de ce fait avec l'extérieure de l'édifice.
Sur certaines photos on peut se rendre compte de l'activité que connaissait le quai lorsqu'il avait encore pour fonction d'être un port. On note le nombre plus important qu'aujourd'hui de magasins. Ceci peut être révélateur d'une certaine décadence du rôle et de l'importance du quai, ainsi que de sa façade. En effet lorsqu'il y avait encore une activité portuaire autour de l'île, la façade agissait alors comme démonstration de la puissance de la ville. On peut deviner qu'elle devait avoir un effet assez surprenant pour les marins qui venaient accoster ici, ces derniers allaient surement diffuser alors à travers le monde l'image qu'ils avaient de Nantes, une image très largement influencée par cette imposante, mais non moins splendide, construction qu'est la façade du quai Turenne. Mais peut-on pour autant parler de décadence ? Cette fonction d'image de la ville n'est pas entièrement disparue, même si elle a beaucoup changé, elle est encore la principale fonction de cette façade. Lorsqu'on regarde ce vieux bâtiment, on peut lire que Nantes est une ville chargée d'histoire, un passé certes très lourd puisqu'aujourd'hui très discrédité (l'esclavage n'étant pas un argument très positif), mais un passé toutefois glorieux au vu de la taille et de la finesse de la construction. Mais bien plus que cela, cette façade véhicule l'image d'une ville en constante modernisation qui n'hésite pas à s'appuyer sur son passé pour bâtir son avenir.
On regrette quand même que la mise en valeur du monument par la commune de Nantes soit plutôt légère et pas suffisamment directe pour avoir un effet évident sur le touriste ou même sur le simple passant. La question est de savoir pourquoi ne se développe pas ici un site touristique digne de cette façade extraordinaire qui serait aussi surprenant qu'impressionnant, mettant en scène le caractère insulaire, cette singularité qui provient de sa distorsion et enfin la magnifique architecture très représentative du vieux centre de Nantes ?