Immunité humaine - Définition

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La démorésilience entre Gaia et le chaos

Cette évocation d'une terre où l’humanité balance entre un monde de pâquerettes et un autre dépendant d’un battement d’aile de papillon tient au fait qu’une vision ontologique de l’épidémie invite à la présenter comme une "effectrice" de nature zymotique, transformant Gaia en chaos.

Selon l'hypothèse Gaia, proposée par James Lovelock, la terre est le plus grand être vivant que nous connaissions. La théorie du chaos, issue des travaux d’Henri Poincaré, fut popularisée par le mathématicien Jim Yorke, suite à sa lecture d'un article du météorologiste Edward Lorenz. Le modèle de Lorenz est celui de l'effet papillon selon lequel les battements des ailes de l’insecte au Brésil pourraient provoquer une tornade au Texas, ce qui est l'essence du chaos : la dépendance sensitive des conditions initiales. Ainsi, deux processus écologiques différents se réfèrent-ils à deux symboles bucoliques complémentaires, les pâquerettes et le papillon.
Que l'on imagine notre planète comme une sorte de Gaia, dont les plus anciens protagonistes, les micro-organismes, et le petit dernier des arrivants, l’homme, cohabitent le plus souvent sans friction. Si, selon la théogonie hésiodique, Gaia succéda à Chaos, l’épidémie renverse la généalogie polythéiste et Gaia retourne au chaos. L’accident, dont dépendra la suite des événements, est parfois identifiable, mais le plus souvent on ne sait rien du moment ni du lieu de l’initiation du chaos. Celui-ci survient chez un micro-organisme sous la forme par exemple de la mutation d’un gène jusqu’alors inoffensif, ou de l’installation d’une résistance au traitement, etc. Ensuite le battement d’aile du lépidoptère bénéficie du phénomène amplificateur venant des activités humaines. À ces activités, peut d’ailleurs être associée ce que l’économiste Thomas Schelling définit comme la tyrannie des petites décisions.

La démorésilience symbole du corps et le corps symbole de démorésilience

Comme l’a écrit Michel Bernard, « le corps est l’ouverture et le carrefour du champ symbolique ». Le corps a aussi servi de symbole de la société pour Mary Douglas qui dit : « Il est impossible d’interpréter correctement les rites qui font appel aux excréments, au lait maternel, à la salive, etc. si l’on ignore que le corps humain reproduit à une petite échelle les pouvoirs et les dangers qu’on attribue à la structure sociale. »
À l’inverse, la société a symbolisé le corps, comme le soulignait déjà Bruno Bettelheim : « Certains psychanalystes voient dans la société le symbole du corps et s’il y a un symbolisme corporel, il y a un fondement psychologique et non sociologique. » Semblablement, parce que la démorésilience est la société, il n’est pas étonnant qu’elle soit utilisée comme modèle ou objet par des sociologues, des anthropologues et des philosophes, même si le concept du philosophe est, par bien des côtés, fort éloigné de celui du biologiste ou du médecin. Il n’en demeure pas moins que les vocables d’immunité et d’auto-immunité sont des objets de réflexion pour des auteurs aussi différents que Donna Haraway, Peter Sloterdijk, Roberto Esposito ou Jacques Derrida.

Plus prosaïquement, épidémie et démorésilience forment un couple indissociable. La première a, durant l’histoire de l’humanité, contribué à modeler le génome humain ; la seconde, d’essence humaine a, es qualité, tout autant résisté à l’épidémie qu’elle a contribué à ses succès.

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