Incidence économique du sida en Afrique subsaharienne - Définition

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Incidences micro-économiques

Les entreprises privées sont concernées par les aspects macro-économiques de l’épidémie parce que l’environnement dans lequel elles déploient leurs efforts en est affecté. Cependant, les entreprises ont largement tendance à ne considérer l’impact de l’épidémie que dans la mesure où elle affecte leur capacité d’investissement, de production ou de vente. Il y a pourtant 5 domaines majeurs directement atteints par l’épidémie et qui concernent les entreprises au premier chef :

  • la main-d’œuvre
  • la clientèle
  • le coût capitalistique
  • la réputation de la société et plus généralement son image de marque
  • l’environnement du marché dans lequel elle opère.

Le SIDA affecte chacun de ces cinq domaines.

Incidences macro-économiques

Trois types d’approches sont possibles pour évaluer les répercussions du SIDA sur les indices macro-économiques

  • l’approche « coût de la maladie » : il s’agit de multiplier le nombre de personnes atteints par le virus par les coûts de traitement et les pertes de recettes. Cette approche conduit généralement à surestimer le coût dans les pays en voie de développement, dans lesquels l’impact réel sur le coût du travail est difficile à estimer compte tenu de la situation de surplus de l’offre de travail.
  • L’approche fonctionnelle qui examine les répercussions de la maladie sur le marché du travail, le travail qualifié et le capital. Le SIDA affecte ces trois paramètres.
  • Enfin l’approche empirique qui examine le ralentissement de la progression du PIB dans les pays les plus touchés.

Aucune de ces trois approches ne donne aujourd’hui de vison satisfaisante de l’impact réel de l’épidémie sur les économies des pays africains. Les experts ont donc ici et là multiplié les projections et les estimations. Ainsi :

  • L’OMS a publié en 2000 une estimation selon laquelle un pays comptant plus de 20% de séropositifs dans sa population subit une baisse annuelle de 1% de son PIB(12)
  • L’Onusida, l’agence des Nations unies spécialisée dans le SIDA, a, en 2002, estimé pour sa part cette baisse à 2,6%(13)
  • La Banque mondiale prévoit que le PIB de l’Afrique du Sud sera, en 2010, de 17% plus bas que ce qu’il aurait pu être sans le SIDA.

Certains auteurs soulignent que le plus dur reste à faire. Considérant que l’épidémie n’en est qu’à son début dans les pays de l’Afrique australe, ils prévoient un effondrement des économies de ces pays dans les 10 ans qui viennent(11)

  • Au chapitre des prédictions catastrophiques, certains experts de la Banque mondiale craignent que les forts taux de mortalité, les difficultés rencontrées dans la formation et la transmission des savoirs aux plus jeunes ainsi que la désagrégation des structures familiales, ne conduisent au travail des enfants et à l’abandon des politiques d’éducation pour tous(14)
  • Enfin, de nombreux experts soulignent que les standards de santé publique font maintenant partie des indicateurs pris en compte par les investisseurs internationaux. Les pays africains les plus touchés restent des pays en voie de développement. Une diminution des investissements internationaux aura un effet majeur sur leur croissance(15).

Autres impacts sur les entreprises

Il est difficile d’évaluer précisément les conséquences de l’épidémie sur la demande économique. La partie la plus atteinte de la population, les jeunes adultes, n’est pas seulement celle qui travaille mais aussi celle qui consomme. On sait que l’épidémie de SIDA diminue le produit intérieur brut d’un pays et donc le revenu par tête d’habitant. Des études sur l’impact du SIDA sur les foyers montrent clairement une réallocation des ressources vers les dépenses de santé et de funérailles, au détriment de l’éducation, du logement, de l’habillement et de la nourriture(18).

Le coût capitalistique de l’épidémie est largement dépendant de la demande du marché. Dans une vaste étude du forum économique mondial(15) ainsi que dans une étude faite en Afrique du Sud par le Bureau of Economic Research(19), les entreprises semblent être peu nombreuses à avoir pris conscience des conséquences du SIDA sur leur propre équilibre. Ainsi, l’investissement des entreprises ne semble pas souffrir pour l’instant.

Certaines entreprises sont d’ores et déjà engagées dans la lutte contre le SIDA. Le célèbre Global Business Coalition réunit des poids lourds du commerce occidental. En Afrique, les chambres de commerce et d’industrie ont commencé à réagir et à tenter de fédérer les entreprises autour du SIDA, à l’image du SABCOHA sud-africain. Il est pratiquement impossible d’évaluer actuellement les retombées en communication d’une implication de la part des compagnies, dans la lutte contre le SIDA. D’un côté, les entreprises citoyennes, immergées dans la problématique des leurs clients, sont certainement plus à même d’être favorablement perçues. D’un autre côté, dans la grande majorité des pays africains, le SIDA fait si peur que les conséquences pourraient bien au contraire être néfastes. Personne ne peut prédire aujourd’hui quel est le résultat de ce dilemme sur la décision d’achat des consommateurs.

Enfin le risque politique existe. La pression sociale accrue du fait de l’inflation de la pauvreté, de la diminution des ressources de l’État, de la désagrégation de la société civile (en particulier de la famille et de l’éducation), la diminution de l’investissement extérieur et la difficulté habituelle qu’ont les gouvernements africains à maintenir une transparence de l’information sont autant de facteurs de déstabilisation des pouvoirs souvent déjà fragiles. Il s’agit là d’un risque supplémentaire pour les entreprises.

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