Les entreprises privées sont concernées par les aspects macro-économiques de l’épidémie parce que l’environnement dans lequel elles déploient leurs efforts en est affecté. Cependant, les entreprises ont largement tendance à ne considérer l’impact de l’épidémie que dans la mesure où elle affecte leur capacité d’investissement, de production ou de vente. Il y a pourtant 5 domaines majeurs directement atteints par l’épidémie et qui concernent les entreprises au premier chef :
Le SIDA affecte chacun de ces cinq domaines.
Trois types d’approches sont possibles pour évaluer les répercussions du SIDA sur les indices macro-économiques
Aucune de ces trois approches ne donne aujourd’hui de vison satisfaisante de l’impact réel de l’épidémie sur les économies des pays africains. Les experts ont donc ici et là multiplié les projections et les estimations. Ainsi :
Certains auteurs soulignent que le plus dur reste à faire. Considérant que l’épidémie n’en est qu’à son début dans les pays de l’Afrique australe, ils prévoient un effondrement des économies de ces pays dans les 10 ans qui viennent(11)
Il est difficile d’évaluer précisément les conséquences de l’épidémie sur la demande économique. La partie la plus atteinte de la population, les jeunes adultes, n’est pas seulement celle qui travaille mais aussi celle qui consomme. On sait que l’épidémie de SIDA diminue le produit intérieur brut d’un pays et donc le revenu par tête d’habitant. Des études sur l’impact du SIDA sur les foyers montrent clairement une réallocation des ressources vers les dépenses de santé et de funérailles, au détriment de l’éducation, du logement, de l’habillement et de la nourriture(18).
Le coût capitalistique de l’épidémie est largement dépendant de la demande du marché. Dans une vaste étude du forum économique mondial(15) ainsi que dans une étude faite en Afrique du Sud par le Bureau of Economic Research(19), les entreprises semblent être peu nombreuses à avoir pris conscience des conséquences du SIDA sur leur propre équilibre. Ainsi, l’investissement des entreprises ne semble pas souffrir pour l’instant.
Certaines entreprises sont d’ores et déjà engagées dans la lutte contre le SIDA. Le célèbre Global Business Coalition réunit des poids lourds du commerce occidental. En Afrique, les chambres de commerce et d’industrie ont commencé à réagir et à tenter de fédérer les entreprises autour du SIDA, à l’image du SABCOHA sud-africain. Il est pratiquement impossible d’évaluer actuellement les retombées en communication d’une implication de la part des compagnies, dans la lutte contre le SIDA. D’un côté, les entreprises citoyennes, immergées dans la problématique des leurs clients, sont certainement plus à même d’être favorablement perçues. D’un autre côté, dans la grande majorité des pays africains, le SIDA fait si peur que les conséquences pourraient bien au contraire être néfastes. Personne ne peut prédire aujourd’hui quel est le résultat de ce dilemme sur la décision d’achat des consommateurs.
Enfin le risque politique existe. La pression sociale accrue du fait de l’inflation de la pauvreté, de la diminution des ressources de l’État, de la désagrégation de la société civile (en particulier de la famille et de l’éducation), la diminution de l’investissement extérieur et la difficulté habituelle qu’ont les gouvernements africains à maintenir une transparence de l’information sont autant de facteurs de déstabilisation des pouvoirs souvent déjà fragiles. Il s’agit là d’un risque supplémentaire pour les entreprises.