L'Afrique est le continent le plus touché par l'épidémie de sida, avec plus de 65 % des cas.
Afrique sub-saharienne | 7,4% | 25,4m | 22,3million |
Amérique du Nord | 0,6% | 1,0m | 16 000 |
Europe occidentale | 0,3% | 570 000 | 16 000 |
34 à 46 millions de personnes dans le monde sont porteurs du virus du sida. Pour la seule année 2003, plus de 3 millions de malades en sont morts. Cette même année, l’Afrique dont la population ne représente que 11% de la population mondiale, abritait les 2/3 de tous les patients atteints par le VIH du monde. Aujourd’hui, un Africain sur 12 est porteur du virus et/ou malade (8).
L’impact de la maladie ne se mesure d’ailleurs pas qu’en nombre de morts. Les conséquences sociales sont également majeures. Le SIDA réduit à néant les efforts faits pour permettre l’émancipation des femmes, détruit les maigres avancées en termes d’éducation, impacte la prise en charge sanitaire des populations (en Afrique du Sud, aujourd’hui, 80% des malades hospitalisés dans les hôpitaux publics sont séropositifs. La malaria recule mais la tuberculose et les maladies liées à la dénutrition progressent à grand pas). La progression démographique de l’Afrique est stoppée. La mortalité périnatale est regrimpée en flèche. L’espérance de vie a chuté à 49 ans dans les pays d’Afrique Australe (9) alors qu’elle est de 78 ans dans les pays européens et américains du Nord.
Dans l’ensemble du monde, les personnes âgées entre 20 et 40 ans sont les plus touchées. C’est dire que les forces vives, moteurs économiques des pays africains, sont manquantes. L’impact économique est considérable.
Pays | Taux d’infection adultes | Total de malades | Décès en 2003 |
---|---|---|---|
Ouganda | 4,1% | 450 000 | 78 000 |
Kenya | 6,7% | 1 100 000 | 150 000 |
Tanzanie | 8,8% | 1 500 000 | 160 000 |
Congo | 4,9% | 80 000 | 9 700 |
RD Congo | 4,2% | 1 000 000 | 100 000 |
Éthiopie | 4,4% | 1 400 000 | 120 000 |
Érythrée | 2,7% | 55 000 | 6 300 |
La croissance économique ! d’un pays est habituellement corrélée à l’espérance de vie. On considère que 0,5% de croissance économique est gagné pour chaque 5 ans d’espérance de vie supplémentaire. Avec une espérance de vie à 49 ans, la croissance économique de l’Afrique se trouve gravement hypothéquée. Les dépenses en infrastructures, en personnel et en formation que nécessite le SIDA grèvent considérablement le développement économique de pays déjà bien mal partis. Des marchés du travail peu développés, des taux d’épargne et d’investissement insuffisants, des standards de gouvernance inadaptés et un niveau d’éducation globalement faible sont autant de facteurs qui aggravent l’impact du SIDA sur la région tout entière.
Il est très difficile de chiffrer précisément les conséquences économiques d’une maladie donnée sur le développement d’une région. La commission « Macroeconomics and Health » du Forum économique mondial a tenté de le faire(10): pour l’ensemble de l’Afrique, le SIDA coûterait entre 11,7% et 35,1% du PNB annuel. En fait, ces chiffres sont peut-être légèrement surestimés dans la mesure où la majorité de la population active atteinte est constituée de main-d’œuvre non qualifiée, aisément remplaçable dans les entreprises.
Dans tous les cas de figure, l’incidence économique de l’épidémie de SIDA sur les pays africains est et sera majeure. Les études actuelles sont incapables de chiffrer les conséquences sur l’agriculture, la production industrielle, la sécurité alimentaire et plus encore sur les inévitables conséquences sociales de l’épidémie : destruction des familles et des structures sociales, millions d’orphelins livrés à eux-mêmes (il est prévu 41 millions d’orphelins en Afrique en 2010), réduction à néant des réseaux communautaires. Certains auteurs en concluent que, dans les années à venir, les économies africaines vont « imploser sous l’effet du SIDA » (11).